8.5/10Le voyage dans la Lune

/ Critique - écrit par riffhifi, le 27/05/2007
Notre verdict : 8.5/10 - Moonwalk historique (Fiche technique)

Peut-être le premier vrai film de l'histoire du cinéma !

Il s’appelle Georges, il porte une barbe et il a inventé le cinéma de science-fiction. Et non, son nom de famille n’est pas Lucas.
Georges Méliès a réalisé Le voyage dans la Lune en 1902, soit six ans après avoir ajouté sa carrière de cinéaste à celle d’illusionniste et de directeur du théâtre Robert Houdin. Inventeur des tous premiers effets spéciaux, il a été le premier a déceler le potentiel spectaculaire du cinéma, contrairement aux frères Lumière qui ne voyaient au début dans cette invention qu’un moyen de servir la science. Avec Le voyage dans la Lune, Méliès mets les petits plats dans les grands : trente tableaux différents, plus d’un mois de tournage, c’est un film d’une ampleur jamais vue à l’époque…

Le professeur Barbenfouillis (Méliès) a inventé une fusée capable de le propulser sur la Lune. Il réunit une équipe d’explorateurs et part avec eux découvrir ce nouveau monde.

La fusée et ses assistantes
La fusée et ses assistantes
L’idée d’atteindre la Lune, qui relève de la pure fantaisie à l’époque, est déjà présente dans le roman de
Jules Verne De la Terre à la Lune (1865). Bien que le film de Méliès n’en soit pas une adaptation, on y sent l’influence de l’auteur à travers ce mélange de pseudo-rationalisme scientifique et de fantaisie débridée. Le roman de H.G. Wells Les premiers hommes dans la Lune fut également une lecture déterminante pour le cinéaste.
L’imaginaire de Méliès est également assez proche des bandes dessinées (appelées à l’époque des « illustrés ») : la Lune, telle qu’on la voit dans cette célèbre image extraite du film, arbore un visage humain et reçoit la fusée dans l’œil. Cette humanisation de la Lune avait déjà fait l’objet d’une courte réalisation de Méliès : La Lune à un mètre (1899).

Mais ce Voyage dans la Lune n’est pas seulement le premier film de science-fiction, montrant des hommes sur la Lune, trente ans avant Tintin et 67 ans avant Neil Armstrong, le vrai premier astronaute. C’est également le premier film narratif, développant une histoire complète présentée en plusieurs plans. Les historiens américains aiment attribuer ce statut au film de Edwin Porter The great train robbery, sorti un an plus tard. Cherchez l’erreur…
Certains codes simples universels y sont déjà mis en application : par exemple, les personnages se déplacent de la gauche vers la droite de l’écran lorsqu’ils se dirigent vers la Lune, puis de la droite vers la gauche lorsqu’ils rentrent sur Terre. Excellent raconteur d’histoire, Méliès arrive à faire croire au périple de ses personnages dans un décor en carton-pâte. L’imagerie qu’il a créée avec ce film a certainement inspiré bon nombre de cinéastes par la suite, à commencer par Terry Gilliam dans sa version des Aventures du baron de Münchausen.

Sans déployer les trésors d’ingéniosité de certains des courts métrages précédents de Georges Méliès, Le voyage dans la Lune reste source d’émerveillement, surtout lorsqu’on pense qu’il s’agit sans doute du premier film complet de fiction. D’une certaine manière, le cinéma tel qu’on le conçoit de nos jours est né en 1902.