5/10Van Helsing

/ Critique - écrit par Nicolas, le 07/05/2004
Notre verdict : 5/10 - Rires et chansons d'enfer (Fiche technique)

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Rires et chansons d'enfer

Van Helsing naît en 1897 entre les pages du Dracula de Stoker, ennemi héréditaire du conte aux longues canines qui fera l'objet de plusieurs adaptations ciné (ou tout du moins d'apparitions). 160 millions de dollars plus tard, Sommers reprend le personnage et l'affuble d'un concept à faire baver le mâle de base : Dracula, Frankenstein, le loup-garou, Mr Hyde, tous réunis dans un même film à la manière d'une Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Wolverine, entre deux coups de griffe prête ses traits et sa barbe naissante au chasseur de monstres velus et burné, tandis que Kate Beckinsale passe de vampire traquée (Underworld) à la traque aux vampires. « Maintenant que j'ai toute votre attention... »

Après avoir réglé son compte au survolté Mr Hyde, Van Helsing retourne à Rome y recevoir les nouveaux ordres du Vatican. Sa prochaine destination : la Transylvanie, pays des loups-garous et des vampires, étreint par la poigne de fer immortelle du comte Dracula. Depuis 400 ans, l'éminente famille Valerious lui mène une guerre aussi courageuse que vaine, ses membres décimés les uns après les autres. Sa dernière représentante : Anna Valerious, une brunette au sang-chaud que devra préserver Helsing, surtout de sa propre témérité. Dracula, de son côté, semble fomenter un plan machiavélique à l'ombre de sa cachette que personne n'a jamais mise à jour...

« Certains vous décrivent comme un saint homme. D'autres comme un assassin. Vous êtes quoi au juste ? » « Je suis un peu des deux. » Voilà, tout est dit, tout est aplani, et tout le reste ne sera que futilités. Je suis trop court ? Je suis trop court. Mais comprenez que le choc a été rude, que les blockbusters, finalement, ne sont pas si légions que ça, et qu'il est facile de perdre l'habitude entre deux flopées de millions de dollars. On récupère peu à peu des neurones, on reprend une vie sérieuse, et Vlan ! Sans crier gare, les loups-garous débarquent et mettent le zouc comme ils savent si bien le faire. Heureusement, il y a Van. Van Helsing. Imaginez un cow-boy façon Walker Texas ranger, avec le chapeau et tout, se trimbalant avec un cheval, une arbalète automatique, des disque rotatifs, des sacoches bien remplies, une bonne dose de charisme, et sa bande originale bien roulée. Le manteau y fait, c'est sûr, mais c'est le palmarès qui en jette le plus. Le bonhomme ne chasse en effet pas vraiment des criminels ordinaires, il vise un cran au-dessus : des ailes, des canines, une peau affreuse, sinon rien. Traduction, monstres, loups-garous, goules, vampires, nanas-super-canons-qui-deviennent-affreuses-en-trois-secondes, et à l'ancienne s'il vous plait. Sommers, fort d'un duo de momie pas si moche qu'on pourrait l'entendre, ambitionne alors de réunir les plus grands streumons du cinéma pour les opposer au type avec le grand chapeau. Dracula recherche donc avec l'aide de ses serviteurs-garous la créature du Dr Frankenstein pour insuffler vie à ses rejetons mort-nés. De quoi bourrer deux heures pleines et entières d'action électrique, et évider les cerveaux les plus remplis. Pour les yeux, Sommers a prévu le très très grand jeu : une réalisation complètement hystérique qui noie l'action dans une mixture d'images parfois limite inconsistante, et une Kate Beckinsale moins glamour qu'à son habitude mais toujours aussi affolante (et une superbe scène en robe rouge, une !). Pour les oreilles, pareil : une bande-son à son volume maximale, d'une magistrale beauté sonore incommensurablement pompeuse. Le détail qui plombe indéniablement le film, c'est certainement l'indigeste succession de péripéties censées représenter une ligne scénaristique dont finalement tout le monde se moque. « Et si Van se jetait au-dessus de flammes sur une diligence lancée à bride abattue en flinguant un loup-garou ? » « GÉNIAL ! ». Van prend donc une diligence. L'impression persiste : tout est voué au style. Le problème persiste aussi : le style s'évase parfois dans le ridicule absolu. Well, peut-être arriveront-ils à se rattraper sur les vannes in-déscotchables qui collent d'ordinaire aux blockbusters ? Malgré un nom prometteur, monsieur fusil à pompe n'arrachera pour ainsi dire jamais le petit sourire que nous aurait forcé un Rick O'Connell, si l'on excepte un certain tas de rires consternés. Décevant.

Kate Beckinsale, encore peu habituée aux films d'action, et la star montante Hugh Jackman, ont beau se donner à fond, un peu au détriment de leur jeu, Van Helsing ne décolle pratiquement jamais du niveau blockbuster "neurones facultatifs" et persiste dans la stylistique de l'action à grand spectacle. Pas une minute pour souffler, le niveau d'adrénaline culmine à son maximum, et la musique transcendantale d'Alan Silvestri gardera attentifs les plus fatigués d'entre vous. Pour les yeux, les oreilles, et pour rien d'autre.