6/10True Lies

/ Critique - écrit par Nicolas, le 09/12/2009
Notre verdict : 6/10 - La vérité est ailleurs (Fiche technique)

Tags : film lies true james cameron arnold action

Arnold Schwarzenegger nous fait la totale à grands coups de millions de dollars. James Cameron est content, après Terminator, il va enfin pouvoir recaser une explosion nucléaire.

Ce n'est pas forcément évident au premier abord, mais True Lies est le remake d'un film français. Si si. Même que ce dernier est réalisé par Claude Zidi, s'affiche avec Thierry Lhermitte et Miou-Miou, et qu'il s'appelle La Totale. On peut difficilement faire plus français. Hé bien pour le remake, on peut difficilement faire plus américain, tellement le film verse dans la surenchère tout en collant au scénario original. True Lies, c'est La Totale avec du "plus", et il est difficile d'en établir une critique sans faire de comparaison. Alors comparons.

Plus de budget.


"Arrête cette douche, enfoiré !"
50 millions de francs pour La Totale, contre 115 millions de dollars pour True Lies. Les ambitions ne sont effectivement pas les mêmes, et cela se voit. Avec ses quelques biftons, Claude Zidi se restreint à Paris, fait du petit espionnage de quartier, loue deux-trois mitraillettes, tandis que James Cameron explose le budget en embarquant tout le monde en Suisse, en Floride, à Rome, explose des pâtés de maison avec des explosifs, se fait prêter des hélicoptères et des chasseurs, achète des skis et des moto-neiges pour les méchants, etc. Avec un constat pareil, on établit vite la principale différence entre les deux films : La Totale sera une comédie d'espionnage, tandis que True Lies sera un film d'action à l'américaine, c'est-à-dire un peu humoristique, un peu violent, un peu tout.

Plus de muscle.

La quarantaine tranquille, doté d'un passé filmographique plutôt tourné vers l'humour, Thierry Lhermitte nous confirme ce que l'on savait déjà depuis le premier paragraphe : La Totale est une comédie. Pour jouer son rôle dans le remake américain : Arnold Schwarzenegger. Arnold, c'est Conan le Barbare, c'est Terminator, c'est l'assassin du Predator, c'est le monsieur du film d'action des années 90. Rien à voir avec le Popeye des bronzés, nous parlons testostérone, sueur, poings dans la tronche et coups de pied dans les parties. Arnold, il fait flipper, d'abord quand il plisse les yeux, mais aussi quand il rigole aux éclats. Son jeu n'a vraiment rien d'extraordinaire, pour ne pas dire qu'il aurait mieux valu qu'il reste dans les salles de sports, mais quand il s'agit de jouer de la mitraillette et de taper sur des gens, le bonhomme sait clairement se montrer crédible. Chouette. Jamie Lee Curits brise la glace.
Jamie Lee Curtis brise la glace.
Depuis le temps, nous avons appris à débrancher la prise d'alimentation du cerveau et à le laisser exprimer sa rage sous nos yeux convulsés de bonheur (ou non).
Sans parler de muscle, disons que remplacer Miou-Miou par Jamie Lee Curtis apporte un peu plus de rondeurs au film. Les deux personnages ont des approches similaires, à ceci près que l'actrice américaine opère une transformation plus sexy et plus rigolote que son homologue coincée du popotin. Le personnage d'Albert, jouée initialement par Eddy Mitchell, perd en revanche un peu de sa saveur, de son cynisme, de sa superbe déchéance, au profit d'un sidekick américain (Tom Arnold) un peu trop dans les tablettes. Ce dernier maîtrise davantage sa vie, ses problèmes, et se constitue comme le joker infaillible d'Arnold, tout en restant un poil cynique.
Kif-Kif par contre pour Michel Boujenah et Bill Paxton, tous les deux assez à l'aise dans leur vie de losers-dragueurs. Ma préférence ira peut-être à la prestation de l'acteur français, que j'estime un peu plus divertissante.

Plus d'action.


"Laissez les toilettes propres,
c'est pourtant pas compliqué !"
Entre Claude Zidi et James Cameron, il n'y a pas photo, le second fait clairement dans la surenchère d'action. On parle de Terminator 2 et de Aliens, tout de même. Alors oui, ça pète d'un peu partout, tout le temps, mais on aime ça, surtout quand c'est bien fait. Et c'est bien fait, c'est du James Cameron, un type qui n'hésite pas à rameuter deux chasseurs pour défoncer un pont à coups de missiles, ou à filmer un baiser de cinéma devant une explosion nucléaire. On en pleurerait sur le coup, mais avec le recul, tout cela nous parait finalement très crétin. Pas grave, True Lies est un bac à sable, un gros défouloir où les gentils courent après les méchants à dos de cheval et affrontent des terroristes sur des ailes d'avion, un gros nawak explosif qui a et aura toujours son public, et qui a le mérite de favoriser la décompression.

Plus d'humour.

Etonnant, non ? Pourtant, La Totale a beau être une comédie, elle s'attache aussi à la famille et devient même par moment satirique. Alors que True Lies, il fait dans le gras, dans le premier degré, dans le politiquement correct qui ne tache pas. Raison pour laquelle les méchants sont également drôles, dans True Lies. L'intrigue sur la prétendue aventure sentimentale de la femme du héros est également davantage mis en avant sous l'angle comique, grâce aux pics de colère de Schwarzy et des conseils plus ou moins avisés de son pote. Monsieur Muscle se permet même des blagounettes alors que la mort lui tend les bras, c'est pour vous dire à quel point l'humour à l'américaine est présent. Bon, on rigole moyen en fin de compte, parce que ça reste assez bas de plafond malgré quelques bons moments. Surtout quand on refourgue (et on nous refourguera éternellement) le schéma scénaristique commun qui veut que le père soit tellement boulot qu'il passe à côté de sa famille, là où son homologue français versait plus dans la réflexion sociale (timidement, il est vrai).

Plus de conclusion.

En récupérant le scénario de La Totale, Cameron et Schwarzenegger font une bonne affaire : le scénario se prête très bien au film d'action qu'ils affectionnent. Le résultat est très regardable, divertissant, parfaitement absurde et niais. Ce qui lui confère une petite longueur d'avance sur son aîné, plus retenue et plus tourné vers la satire sociale, tout en ne l'empêchant pas d'appartenir à une catégorie de film qui ne restera pas dans les annales cinématographiques, si ce n'est à titre d'exemple comique (le bisou sur fond d'explosion nucléaire, cultissime).