3.5/10Swimming pool

/ Critique - écrit par Selena, le 03/06/2003
Notre verdict : 3.5/10 - Comment se noyer dans un verre d'eau (Fiche technique)

Tags : piscine swimming pool presentation nuit edition sanitaire

François Ozon s'est fait remarquer particulièrement par son troublant Sous le sable (2000) et son coloré et ludique 8 femmes (2002).
Pour Swimming pool, il réunit la talentueuse et charismatique Charlotte Rampling (dirigée déjà dans Sous le sable) et la prometteuse et lumineuse Ludivine Sagnier (vue aussi dans 8 femmes).

Dans son nouveau film, le bon Ozon nous raconte, en VOST, l'histoire de Sarah Morton (Charlotte Rampling), une romancière anglaise de policiers, en perte de vitesse (de reconnaissance, d'inspiration, d'envies), à qui son éditeur prête sa maison de campagne du Lubéron, afin qu'elle se ressource. Elle arrive alors dans un petit paradis calme, ensoleillé où elle profite de sa tranquillité, au bord d'une piscine.
Ozon filme Sarah dans le train, Sarah découvre la belle maison, Sarah défait ses bagages, Sarah installe son ordinateur, Sarah fait ses courses. Et ça s'enlise, ça s'enlise... mais sous le soleil. Rebondissement dans la vie trépidante de Sarah Morton, la fille française de l'éditeur (Ludivine Sagnier) débarque à l'improviste. Tout semble les opposer: l'une est "vieille", frustrée, guindée (le cliché même de la vieille anglaise), l'autre est jeune, exhibitionniste, vulgaire, libre de son corps (qu'elle dénude à loisirs) et de ses fantasmes (les voyeurs seront ravis). A son contact, Sarah trouve sa muse, s'accapare sa vie, et redécouvre ses propres désirs et envies enfouis sous sa carapace de vieille anglaise coincée.

Charlotte Rampling est irréprochable, tout en finesse, surtout dans les longs silences (qui sont légions). Ludivine Sagnier ne parait pas vraiment à l'aise en anglais, son interprétation de nymphomane provocante n'est pas toujours convaincante. Mais au moins, certains auront le plaisir de la découvrir sur toutes les coutures. Ozon se plait et se complait à filmer ses actrices en long et surtout en longueurs. Jusqu'aux fantasmes les plus banals et les plus inintéressants. A travers son film, Ozon, dont il signe scénario et dialogues, aborde l'univers tordu, fallacieux de l'imaginaire de l'artiste. Empêtré dans ses angoisses, ses fantasmes, ses illusions etc etc.
Les apparences sont trompeuses, comme nous le "révèle" un protagoniste de l'histoire. Le réalisateur en rajoute avec des effets stylistiques superflus comme le jeu des reflets: reflet de la piscine, reflet du miroir, reflet de la vitre. Ozon se serait-il perdu (tel Narcisse) à trop se regarder dans le reflet de son talent ? On sait que c'est un metteur en scène doué, mais un bon réalisateur n'a pas besoin d'enfoncer les portes ouvertes, et a plus d'exigences quant au contenu de son propos, et de son scénario. A jouer les Lynch, on finit par se faire lyncher (elle est facile celle-là, je sais). Ainsi, Ozon à trop vouloir brouiller les pistes, à donner de pseudo indices pêle-mêle, de pseudo surprises (surtout la fin pompeuse à souhait), liquéfie peu à peu son film.
Il manque certainement de la substance et de l'humilité à ce film. Mieux vaut barboter dans une vraie piscine que de se laisser avoir par le miroitement des eaux troubles de Swimming pool et la masturbation intellectuelle de son metteur en scène.