6/10Superman returns

/ Critique - écrit par Nicolas, le 12/07/2006
Notre verdict : 6/10 - Super sans aplomb (ouch) (Fiche technique)

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Super sans aplomb (ouch)

Même si la connexion reste peu évidente, l'équipe du film se plait à affirmer que le nouveau Superman fait suite au deuxième, reniant du même coup les épisodes qui ont suivi. Nul doute que personne ne s'en plaindra outre mesure, compte tenu du degré de nanardise de Superman III et Superman IV, mais il est, je pense, important de discutailler un peu des anciens films pour mieux approcher la nouveauté...

De Superman (1978) à Superman IV (1987)

Si Superman I et Superman II sont deux films bien distincts, il n'en a pas été toujours ainsi, notamment sur le papier. Richard Donner, le réalisateur, a même tourné une très grande partie des scènes composant les deux films. Finalement scindée en deux parties, c'est le réalisateur Richard Lester qui s'occupa de combler les trous de l'intrigue pour faire de Superman II quelque chose de convenable... ou qui aurait pu être convenable, si Marlon Brando n'avait pas décidé de se retirer du projet (malgré l'importance de ses scènes), provoquant de sérieuses fissures dans l'intégrité du scénario. Ces deux premiers épisodes regroupent l'essentiel de ce qu'il y a connaître de Superman pour mieux appréhender Superman Returns, notamment les rencontres répétées de Superman et Lois Lane, la découverte de l'antre du super héros par Lex Luthor, et l'éclair de génie de la journaliste qui cesse d'être une idiote trois minutes pour se rendre compte que Superman n'est autre que Clark Kent (un détail qui sera proprement effacé d'un coup de bisou magique).
Superman III et Superman IV font déjà nettement moins bonne figure, davantage écrits comme des épisodes de série, et c'est pourquoi j'en parlerai assez peu. Le quatrième oppose Superman à une créature de Lex Luthor utilisant l'énergie solaire, et le troisième transforme un sans-emploi un peu benêt en crack de l'informatique au service d'un industriel véreux. Ce dernier épisode profite néanmoins d'un détail intéressant, l'apparition d'une kryptonite de synthèse transformant Superman en vilain petit super héros occupé à pourrir la vie des honnêtes citoyens et à se pochtronner dans des bars miteux.

Superman Returns (2006)

Disparu depuis cinq ans, à la recherche de sa planète natale, Kal-El (Brandon Routh) retourne sur Terre et reprend sa place au Daily Planet en tant que Clark Kent, d'une part, et sa place de super héros mondial en tant que Superman, d'autre part. Avec stupeur, il découvre que Lois Lane (Kate Bosworth) ne l'a pas attendu, fiancée et mère d'un petit garçon depuis quelques années. Un premier souci qui ne sera malheureusement pas le seul : Lex Luthor (Kevin Spacey), plus cruel et plus imaginatif que jamais, couvre dans l'ombre un sombre plan machiavélique...


Les moyens changent, la technique évolue, les ambitions demeurent : Superman Returns est à l'image des films de Richard Donner. En d'autres termes, une production bourrée d'effets spéciaux qui met en avant non pas son scénario ou sa problématique, mais sa propension à toujours vouloir en mettre plein la vue. Tout ce dont vous avez pu glaner comme information n'était probablement que de l'esbroufe commerciale visant à conférer au film un fond plus élaboré qu'il n'y parait, que ce soit la disparition de Superman, le nouveau couple de Lois Lane, ou les desseins de Lex Luthor. Tout est plus ou moins lié : Kal-El (ou Clark Kent, ou Superman, au choix) quitte la Terre sur un coup de tête pour retrouver ses origines, lesquelles s'avèreront dans un état cosmiquement assez dispersées ; Lois Lane, déçue et frustrée, se trouve un sympathique bellâtre pour passer le temps (James Marsden, réchappé des X-Men), faire un môme et, le cas échéant, oublier ; Lex Luthor, allégé du témoignage de Superman, n'encaisse qu'une peine scandaleusement réduite pour ses méfaits. Le retour de « l'homme d'acier » relègue, comme l'on pourrait s'en douter, son absence à une simple anecdote.


Décalage de mèche, paire de lunettes, costume de boulot, Kal-El redevient Clark Kent et réussit encore, après toutes ces années, à abuser le petit monde du Daily Planet malgré quelques petits détails laissés en suspens (le retour de Superman qui coïncide avec celui de Clark Kent) qui ajoute encore quelques points à la sottise du personnage de Lois Lane (seule personne à franchement approcher de très près Clark et Superman, et qui devrait selon beaucoup se douter de quelque chose). Ce qui nous amène à parler plus en profondeur de deux personnages importants du film qui ont malheureusement subi, à l'image du costume de Superman, une décoloration flagrante : Clark Kent et Lois Lane. C'est bien simple, le premier se révèle quasi-inexistant, privé de sa raison de vivre par Richard, le petit ami de Lois (l'une des bases fondamentales de l'existence de Clark est de pouvoir à loisir approcher Lois Lane et grommeler en constatant l'affection de la journaliste pour le super héros en collants moulants) ; quant à la seconde, elle perd Dieu sait où la vitalité du personnage animé par Margot Kidder (actrice des premiers Superman) et se retrouve enfermée dans son petit rôle de nunuche pas trop farouche dès qu'il s'agit de faire un tour dans les airs. Bref, de quoi ramener Superman au premier plan et lui donner du boulot : avions en flammes, explosions de gaz, et autres joyeusetés pyrotechniques et si possible spectaculaires, pour notre grand plaisir.


Car Superman Returns, quand il s'agit d'action, ne fait pas dans la dentelle et repousse sans cesse les limites techniques de l'imaginaire, abusant des possibilités de son héros pour cramer du budget dans de somptueux effets visuels (le minimum que l'on pouvait attendre d'un Bryan Singer rodé aux X-Men). Ce qui a l'avantage de ramener Superman Returns au stade « blockbuster naïf de super-héros », et de nous faire fermer les yeux sur la pauvreté de son histoire.

Superman Returns commence et se termine dans des effets de style du même tonneau que les films des années 70-80, annonçant du même coup son amour pour les films de Richard Donner dont il est, parait-il, la suite directe. Bryan Singer réussit plus ou moins son revival, peut-être pas de la même façon que le Batman Begins de Christopher Nolan, avec technicité et sens du spectacle, sans révolutionner le film de super-héros ni rechercher une quelconque autre façon de faire.