4/10Star Trek : Nemesis

/ Critique - écrit par Nicolas, le 15/03/2003
Notre verdict : 4/10 - Volte Face (Fiche technique)

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Volte Face

Si Star Trek constitue aux Etats-Unis un véritable phénomène de société à tous les étages, se taillant avec obstination une généreuse part du marché cinématographique à chaque nouvelle histoire portée au cinéma, la mélodie est tout autre dans l'hexagone. Oh, bien sûr, Kirk et Spock ne sont pas totalement inconnus du grand public puisqu'ils ont tout de même eu droit à une diffusion de leurs aventures dans les années 80, soit quinze ans après leur première apparition sur les écrans américains. Compte tenu de la relative froideur qui leur a été assignée par leur public français, on comprend pourquoi la suite de la série, Star Trek The Next Generation, n'arrive pas passer outre les balises des chaînes câblées.
Pourtant, et ce malgré des résultats plutôt décourageant, les Star Trek continuent à se déployer sur les grands écrans français, sans trompette ni tambour, toujours à la recherche du petit déclic qui fera la différence. En l'occurrence, Star Trek : Nemesis marque l'histoire de la série puisqu'il s'agit du dixième titre qu'elle s'offre au cinéma.

Le capitaine Jean-Luc Picard (Patrick Steward) et son équipage mettent à jour un androïde démembré de la même conception que Data, identique jusqu'en dans l'apparence, sur une planète proche de la galaxie des Romulien. En froid avec ces derniers depuis un certain temps, la situation semble vouloir se débloquer par la volonté du nouveau pouvoir en place, le prêteur Shizon (Tom Hardy). Envoyé mission diplomatique, l'équipage de l'Enterprise est stupéfait de constater que le nouveau dirigeant appartient à la race humaine, et ressemble comme deux gouttes d'eau au jeune Jean-Luc Picard...

Récurrence du cinéma et des séries, les héros se retrouvent confrontés à leurs doubles maléfiques, qui n'ont plus ou moins comme seule ambition que de détruire la Fédération et la Terre. La petite contrainte qui empêche Shizon le vilain d'appuyer sur le bouton qui fera tout exploser, c'est le besoin vital d'une transfusion ADN de l'original, je cite Mr Jean-Luc Picard. Si l'on excepte le manque flagrant d'originalité de son scénario, Star Trek : Nemesis parvient néanmoins à en tirer de salutaires réflexions philosophiques, principalement sur la destinée et la barrière érigée entre le bien et le mal. Je précise salutaires, car une absence de valeur intellectuelle aurait étouffé impitoyablement le film dans un vide intersidéral, tellement les phases de dialogue se répètent et s'accumulent. Passées les premières minutes introductives, à la recherche de la copie de Data, et l'affrontement final, qui fait la part belle aux effets spéciaux, Picard et ses amis affrontent le double despotique sur le terrain ennuyeux de la discussion, en profitant pour enterrer le spectateur dans un vocabulaire technique plus ou moins compréhensible. Reste les effets numériques, nébulant le vide stellaire de jolis couleurs brumeuses, et crédibilisant les affrontements spatiaux par le rendu esthétiquement réussi des vaisseau belligérants.

Dixième film issu du filon Star Trek, Nemesis affiche clairement sa préférence pour les discussions à rallonge au grand désespoir du rythme et de l'action qui font vite cruellement défaut. Pas beaucoup de matière pour espérer élargir son public, se satisfaisant dans les explications techniques hermétiques et les rebondissements un peu toc, en dépit d'une relative profondeur humaniste qui aurait gagné à être mieux exploitée.