3.5/10Stage beauty

/ Critique - écrit par Nicolas, le 06/03/2005
Notre verdict : 3.5/10 - Beauté Empoisonnée (Fiche technique)

Tags : beauty film stage richard eyre drame ned

Richard Eyre n'a beau n'avoir que peu d'expérience cinématographique à son actif, le réalisateur a produit plus de cent pièces de théâtre et en a mis en scène une bonne trentaine. Stage Beauty en est l'une d'elles, connue sous le nom de Complete Female Stage Beauty, qu'il nous propose aujourd'hui sur grand écran.

Adulé par le public, encensé par la critique, Kynaston (Billy Crudup) est certainement la plus grande actrice anglaise du XVIIème siècle. Et comme le stipulent les arrêtés royaux, qui interdisent aux femmes de se produire sur scène, Kynaston est un homme. Son employée, Maria (Claire Danes), brise un jour la règle, et monte sur les planches pour une unique représentation dans une petite taverne. La nouvelle arrivante jusqu'aux oreilles du Roi Charles II (Rupert Everett), celui-ci s'en amuse à défaut de s'en outrer, et brise la loi : par décision royale, les femmes ont maintenant le droit de jouer à l'égal des hommes....

Au moment même où le roi prononce ces mots, la vie de Kynaston passe du blanc au noir avec la délicatesse d'un éléphant sur scène. Enchaîné dans des stéréotypes féminins abracadabrants dont il ne peut se défaire (simple, associez chaque émotion avec un geste exubérant), malmené par une Haute Dame un peu féministe sur les bords de chapeau, l'acteur ne peut que maudire le noyau de ses problèmes : Maria. Enfin, un temps seulement. Car au-delà de la faible exposition historique, et de la maigre réflexion sur l'évolution du théâtre au XVIIème siècle, Stage Beauty est avant tout une romance. Celle d'une femme et d'un homme/femme, ce(tte) dernier(e) étant considéré(e) comme la plus belle actrice à ce jour malgré la monstruosité de son maquillage et le caractère fantaisiste de son jeu. Toute latitude est apparemment laissée aux acteurs pour qu'ils en fassent des tonnes, à l'image d'un théâtre privilégiant le mouvement à l'émotion. Il y en a qui en profite plus que de raison, tel un Rupert Everett au sommet de son art sous la perruque de Charles II, et d'autres beaucoup moins. Bref, rien de bien novateur dans la mesure où, sous la coupe de quelques petites sentences religieuses, chacun retrouvera sa place « naturelle », virilité chez les hommes / robe chez les femmes, et permettra l'avènement du théâtre « réaliste ». Un dénouement pondu en cinq minutes chrono, pas très bien amené, mais qui constitue le seul pique d'intérêt du film en dépit de sa durée vis-à-vis de l'ensemble.

Chaque rebondissement (pour le peu qu'il y en a), chaque instant dramatique est réduit à sa plus stricte intensité, confinant le film dans une suite de scènes plates et peu avenantes, sans grande moralité, sans haute réflexion, sans humour, sans émotion, en somme sans intérêt. La pente est un peu remontée au dénouement, mais bien trop tard pour commencer ou sauver quoique ce soit.