
Silent Hill
Je sais ce que vous pensez. Vous vous dites que Christophe Gans a beau être un bon réalisateur, sa tendance à partir en vrille dans ses concepts n'augure rien de bon pour un film comme Silent Hill (je ramène à votre mémoire le fameux indien capoeiriste du Pacte des Loups). Surtout que le jeu, un best-seller dans la catégorie Survival Horrifique fort de quatre épisodes sur divers supports, rassemble autour de lui un certain nombre de fans à travers le monde, à ne surtout pas trahir. Une bonne raison pour jouer la sécurité, et sappuyer sur des concepts scénaristiques déjà connus, puisés principalement dans le premier volet.
La petite Sharon (Deborah Unger) est somnambule. Dans ses délires nocturnes, elle n'a de cesse de répéter le nom d'une ville : Silent Hill. Silent Hill... Contre l'avis de son mari, sa mère, Rose (Radha Mitchell), décide de l'y emmener pour tirer les choses au clair. A l'entrée de la ville, le véhicule manque de percuter une enfant, sur la chaussée. Quand Rose reprend connaissance, Sharon a disparu...
S'il y a bien une chose que l'on ne peut reprocher à Christophe Gans, c'est d'avoir voulu coller le plus possible à l'esprit du jeu. Les fans n'y trouveront probablement rien à redire, tant les comparaisons et les retranscriptions exactes sont nombreuses, comme le montrait déjà partiellement la bande-annonce. Ainsi, non seulement les lieux représentatifs de Silent Hill apparaîtront comme il se doit (le fameux Brookhaven Hospital, notamment), mais la ressemblance passera même par la reproduction des textures et des architectures cauchemardesques visibles dans chacun des opus. Les créatures ne seront pas en reste, et même si celles-ci ne forment pas vraiment un échantillon exhaustif du bestiaire de Silent Hill, les plus représentatives répondent présentes, à l'image de cette Tête de Pyramide plus vraie que nature, et d'un groupe de furieuses infirmières pas bégueules sur le scalpel. Comble du bonheur, Gans multiplie les angles biscornus chers aux jeux de survival horror, et utilise à foison la musique très spéciale des jeux d'Akira Yamaoka.
Pourtant, il y a un réel problème. Quelque chose d'indéfinissable. Peut-être que le fait de ne plus avoir les commandes du héros enlève quelque chose à l'ambiance, ou bien serait-ce les quelques scènes ancrées dans la réalité, mettant en valeur les investigations du mari de l'héroïne. Bref, nous ne sommes plus tout seul devant l'écran dans une chambre à demi éclairée, le pad en main, à flipper au moindre petit bruit suspect. L'ambiance ne fonctionne pas. Et il suffit qu'un spectateur, dans une réaction volontairement peu maîtrisée, se gausse à l'apparition d'un monstre difforme cracheur d'acide pour que le charme soit rompu. Surtout que Gans, dans son désir de suivre les codes du jeu, en oublie certains codes du film d'horreur. La règle est loin d'être générale, fort heureusement, et si Silent Hill n'est pas un digne représentant dans la catégorie Effroi, quelques moments intenses font leur petit effet.
Et puis, il y a eu des choix. D'abord celui de placer le plus grand nombre possible de « Sharon » hurlé, ou encore de créer un jeu de piste simpliste comme base du scénario. Ce dernier, loin d'être mauvais, fait parfois dans la facilité, mais s'insère très judicieusement dans une logique Silent Hill, macabre et ésotérique à souhait. Dommage de terminer ce cauchemar éveillé dans un bain de sang de plus ou moins mauvais goût. Et si octroyer le premier rôle à Radha Mitchell pourrait se défendre, créer un personnage pour Sean Bean ou une femme flic culottée n'apporte pas grand-chose de plus au film.
Une adaptation loin d'être ratée, mais rayée de nombreux défauts qui laissent un arrière goût un peu pâteux. Certes, la durée n'est pas rédhibitoire, et la tension croît tout au long du film, mais il demeure quelque chose en ce Silent Hill qui le rend difficile à pleinement apprécier. Au moins, Gans est presque irréprochable sur ses choix.
Participer à la discussion
Nous nous réservons le droit de ne pas publier les commentaires qui ne nous semblent pas appropriés (netiquette, loi, point godwin, imbécillité profonde, etc.). Et ne venez pas crier à la dictature !
21 commentaires
Skywalk3r
21/12/2005 à 16h29Répondre
Ca peut-être sympa.
De toute manière ca peut pas être pire que si c'était réalisé par Uwe Boll.
schiste
23/01/2006 à 17h52Répondre
hannnnnnnnnnnnnnnnnn elle m'a devancé ... vile Selena ^_^
En tout pour avoir maté la BA cette nuit au boulot jke dois dire qaue ca m'a l'air pas trop mal...faut dire que sans le gameplay ils peuvent aps trop se rater
Lestat
23/01/2006 à 18h06Répondre
C'est du Gans, il y aura au moins un minimum de qualité et de passion.
Bzhnono
23/01/2006 à 18h43Répondre
Réalisé par Christophe Gans, scénarisé par Gans, Roger Avary et Nicolas Bouchrief (réalisateur de Le convoyeur), c'est déjà une bonne nouvelle.
La bande annonce me donne vraiment envie d'aller le voir.
Maintenant j'espère que le film ne sera pas "édulcoré", parce que les adaptations de jeux vidéos gores et/ou d'horreurs qui sortent sont souvent assez "gentillette" par rapport au jeu original, je pense notament à Resident Evil ou Doom.
naweug
24/01/2006 à 13h02Répondre
En tout cas la bande annonce est plutôt bien faite.
J'ai peur de Gans, surtout sur un jeu vidéo gore.
Sinon, en attendant, on peut lire ça : http://bd-livres.krinein.com/Silent-Hil ... -3410.html
C'est pas trop mal fait et tiré de l'épisode 1 ou 2 du J.V.
Selena
26/02/2006 à 11h28Répondre
Bande-annonce française sur le site:
http://www.silenthill-lefilm.com/
Ceir
26/02/2006 à 12h27Répondre
De Gans je ne sais trop quoi en penser.
Autant Crying Freeman m'a vraiment beaucoup plu. Autant Le Pacte des Loups ne m'a que très moyennement emballé (très bien filmé, mais l'histoire et les personnages, bof, bof. L'indien qui a fait un stage chez les moines Shaolin avant de se retrouver dans le XVIIIème français ).
Meow
26/02/2006 à 12h35Répondre
Je viens de jeter un oeil sur les deux bandes annonces (mention spéciale à la version française qui est en flash et super saccadée... ) et le peu que j'ai pu voir me conforte dans l'idée que ça va faire peur...
Peur d'aller le voir parce que le hic saute aux yeux : Silent Hill est un jeu dont la force est que rien de ce qui s'y passe n'est rationnel on ne comprend rien, mais on avance, en aveugle et dans la bande annonce on voit clairement que ce le film n'a pas respecté cette particularité.
Je veux bien que le terme d'adaptation soit celui qui définisse le passage d'un média à un autre, mais si adaptation ne signifie que garder le nom et quelques personnages de la série (y a tête de pyramide dedans! ^^ ), ça n'a aucun intérêt.
On sait pertinemment que dans Silent Hill on est coupé du monde, sauf que la bande annonce montre la jeune femme appeller son mari pour faire lancer des recherches par la police, c'est une trahison pure et simple de l'esprit de la série. Fallait s'y attendre, la série semble pervertie pour s'adapter au spectateur alors que ce n'était pas un passage obligé, il suffit de connaitre ne serait-ce que Mulholland Drive de David Lynch pour s'en convaincre.
Je ne m'attend qu'à une adaptation commerciale et catastrophique, ni plus ni moins.
naweug
01/03/2006 à 13h47Répondre
je tiens à dire que Gans est fort dans ses bandes annonces, elles sont quand même alléchantes. Et comme tu l'as dit, ça reste une adaptation, qu'il faut savoir prendre comme telle, et non forcément vouloir rester à tout prix fidèle à 100% au jeu.
Mais il est vrai que Silent Hill est très particulier et que ça risque d'être difficile à restranscrire en images.. wait & see avant de juger
Teanu
26/04/2006 à 00h54Répondre
Je trouve tes critiques très bonnes Nicolas
Concernant ce film, je pense que comme la majorité, je vais me déplacer essentiellement pour le réalisateur et ensuite pour me faire ma propre opinion, surtout dans ce cas précis où le film s'est fait décrier par la critique comme étant esthétiquement respectueux des divers opus de la série mais comme étant malheureusement creux dans son fond.
Je suis fan des Survival-Horror, notamment des Resident Evil (même si ce sont plus des action survival horror que des survival horror à proprement parler) ou encore des plutôt méconnus Project Zero (même si les héroïnes font penser à des poupées de cire quand elles se déplacent, mais le reste est là, excellent...) et paradoxalement, j'ai fait Silent Hill 2.3.4 et pourtant j'ai trouvé ces jeux chiants à mourir à cause d'un gameplay qui réduit en miettes les très bons scénarios à découvrir tout au long de cette série mythique pour certains (quoique Silent Hill 4 reste un épisode décevant pour la plupart des fans, et à juste titre je trouve).
Tout ça pour dire que finalement j'irai plus à la séance en tant que spectateur lambda qu'en tant que fan invétéré...d'ailleurs les adaptations cinématographiques de Resident Evil m'ayant écoeuré, ce n'est pas plus mal !
Bref, vivement cet après-midi que je vois enfin ce film qui fait tant parler de lui sur le net
EDIT DU 27.04.2006
J'ai finalement vu le film. Et bien je trouve qu'il n'est pas si mal que ça. Tout d'abord l'esthétique est vraiment poussée, on est bel et bien dans un silent hill, aucun problème là-dessus. En revanche, même si le scénario tient largement la route (de bonne facture, tout comme dans les jeux vidéos) il y a quand même certaines longueurs plutôt pesantes, surtout sur la fin qui aurait mérité d'être écourtée. Finalement on sent que les moyens sont là mais mal exploités, et sans sombrer dans une réalisation en demie teinte, on a quand même quelques regrets à la fin du métrage, malgré quelques très bons moments.
A force de vouloir absolument coller à l'ambiance du jeu, on a l'impression que le réalisateur en a oublié les lourdeurs possibles d'un passage sur grand écran, sans compter qu'il est impossible de retranscrire pleinement les sensations de ce type de jeu destiné à un joueur isolé pour favoriser une immersion totale.
C'est dommage, mais les fans de la série y trouveront sans doute leur compte (en tous cas c'est tout à fait ça en ce qui me concerne) et je vous rassure, le film est bien mieux que les piètres retranscriptions de la série Resident Evil...
Verdict 6/10
platypus-sensei
01/05/2006 à 10h18Répondre
j'ai vu le film hier soir et dans l'ensemble je suis assez d'accord avec ta critique bien que je la trouve un peu sévère. c'est vrai que le film ne fait pas vraiment peur, en revanche il impressionne méchamment! les scènes où l'on bascule dans la version cauchemardesque de Silent Hill sont antologiques et d'une beauté rarement atteinte dans un film de ce genre (la photo et les choix d'angles sont superbes bouhou)
Pour ce qui est du scénario, c'est vrai qu'il y a certaines lenteurs, notamment les passages avec Sean Bean, totalement inutiles (apparemment, les producteurs auraient imposé à Ganz une présence masculine dans le film)...de plus, moins d'explications aurait finalement été tout aussi bien.
Dans l'ensemble, les acteurs sont assez convaincants avec une mention spéciale pour Jodelle Ferland, la petite fille (la pauvre en a probablement pour 8 ans de psychothérapie) - j'ai perso vu le film en vo et je sais pas ce que vaut la vf.
il est vrai que le film s'adresse d'avantage aux fans du jeu qu'aux néophites; j'ai été le voir avec un pote qui n'y avait jamais joué, et j'aurai pu me rogner le bras pour lui jeter pleine gueule les fois il a bêtement ricané à la vue d'une bête désarticulée! raaah mais dans l'ensemble si vous aimez les films d'épouvante et d'ambiance vous pouvez sans problème aller voir celui-ci, vous ne serez pas déçu... )
ma note perso 8/10 (pour un film de ce genre)
ps dans le genre les "les européens font des bons films d'horreur" je vous conseille vivement the descent qui vient de sortir en dvd. autrement meilleur que the cave, une daube abyssale.
raidenjeff
01/05/2006 à 17h51Répondre
J'ai beaucoup aimé, la mise en scène est hallucinante. C'est le point fort du film, et a partir de ça on a tout: les personnages, les décors, les monstres.
ça démarre très vite, on aurait pu penser que l'histoire (la mère qui recherche sa fille) fasse sombrer le film dans un pseudo-romantisme surfait, mais jamais. Le spectateur est guidé grâce à l'image, à un montage intelligent qui limite les dialogues, le tout sur une photographie qui sans conteste, est un travail de pur génie.
Les mouvements de caméra sont également très fidèle au jeu, mention spécial à la présentation des premières ruelles au début. (j'ai cru être devant ma console sur un écran de cinéma)
Le réal a tout compris à "Silent Hill", l'enchaînement des êvenements fait monter la tension crescendo tout en jonglant entre huis-clos et extérieurs carrément loufoques, ce n'est pas effrayant mais ça n'empèche pas d'être assez angoissant..Et immersif !
La musique est géniale. Des fois, on en vient à l'oublier tellement elle colle à l'image.
Les monstres ont une classe énorme lol Pyramid Head, génial... Tout ça grâce à des scènes d'actions originales et bien amenés (la scène avec les infirmières).
Seul reproche, c'est que Gans n'a pas pris tellement de liberté. J'aurai préféré un peu plus d'implication, d'audace pour donner un nouveau souffle à l'univers... Mais bon le film est très loin d'être mauvais pour autant. Gans a su livré une nouvelle aventure du jeu, tout en restant fidèle à 100% au genre. Rien que ça, ça vaut le détour.
Pour moi c'est une vraie aventure cinématographique, bien au delà de l'adaptation du jeu, une oeuvre intelligente qui évite l'infantilisation du spectateur.
C'est le film que j'voulais voir
nazonfly
28/05/2006 à 20h22Répondre
Je suis personnellement allé voir Silent Hill dans un esprit un peu différent des gens plus haut. Je ne connais le jeu que de réputation sans y avoir jamais joué. La bande annonce fut plutôt prenante et je me suis donc décidé à aller voir le dernier film de Christophe Gans qui pour une fois oublie de rajouter Mark Dacascos au beau milieu du film.
Nicolas dit notamment que l'ambiance est mal retranscrite. Pour moi, on peut facilement séparer le film en deux : dans un premier temps, l'univers est tout simplement prenant avec justement une ambiance triste, désespérante, bref très très bonne. Puis dans la deuxième partie on découvre les vrais habitants de Silent Hill et là c'est la déception : à trop expliquer on en tue un peu la trame du film.
Donc mention très très bien pour la première demi-heure/heure, beaucoup moins bien pour le final. Même si le film reste plutôt dans le haut du chapeau!
naweug
29/05/2006 à 10h42Répondre
Je l'ai vu aussi.
Et j'ai trouvé ça long, mais looong... Pourtant, tout est fait pour être dans l'esprit du jeu. Et du coup, les codes du film d'horreur et d'angoisse passent à la trappe.. C'est dommage car j'aurais aimé flipper, comme dans le jeu.
Bien sûr, nous sommes seulement spectateurs, et donc forcément moins pris que lorsque nous sommes acteurs du jeu.
Mais le scénario est simple.. Contrairement aux autres, j'ai bien aimé le rôle de Sean Bean, qui en fait pêche par son manque d'investissement, avec un rôle plutôt fade, alors que c'est un grand acteur.. il permet seulement de rappeler qu'il existe une vraie réalité (ou alors est ce le cauchemar qui l'est ? ). Le jeu de piste est limite un peu trop simple. Je présume qu'il valait mieux, étant donné que l'univers est complexe, et que le film est déjà assez long comme ça.
J'ai peu aimé les monstres.. le Pyramide Head n'était pas trop mal mais le rendu des couteaux était quand même mauvais.. Le ligoté des toilettes faisait un peu pitié dans ses déplacements.. et le monstre de fin était de trop et assez limite.
Mais j'ai bien aimé les infirmières et leurs déplacements saccadés; ainsi que l'écorché du début. J'ai bien ri lorsqu'elle arrive à faire fuir avec un cri les enfants du départ.
Le passage du brumeux aux ténèbres est extrêmement bien géré. Et on ne sait pas vraiment pourquoi tout à coup cela s'arrête.
Au final, j'ai trouvé ça long. Et j'ai un peu trop ri à certains passages.. je n'étais pas dedans. Pourtant, il y a quand même pas mal de bonnes choses dedans, qui plus abouties, auraient permis de faire un vrai film d'angoisse et d'horreur bien prenant.
Je n'aime pas l'actrice qui a le rôle principal, et je n'ai pas compris l'intérêt de la flic (enfin si pour le scénario ça fonctionne mieux à la rigueur comme ça); mais j'ai bien aimé la nana qui la jouait.
Meow
01/06/2006 à 21h34Répondre
Mais le scénario est simple..
versus
[quote][b]Guewan a dit :
Le ligoté des toilettes faisait un peu pitié dans ses déplacements..
ou
Guewan a dit : [/b]
J'ai bien ri lorsqu'elle arrive à faire fuir avec un cri les enfants du départ.[/quote]
Ne te vexes pas mon cher, mais comme pour beaucoups de gens, j'ai l'impression que d'avoir joué au jeu ne veut pas dire qu'on en ait compris l'esprit pour autant, preuve en est :
Guewan a dit :
auraient permis de faire un vrai film d'angoisse et d'horreur bien prenant.
C'est ce qui me dérange dans certaines critiques négatives sur le film, on a trop l'habitude du formatage qu'on en attend un film... formaté, un film d'horreur.
Même si tout n'est pas parfait dans ce film, j'en conviens, il respecte scrupuleusement (bon à quelques erreurs près) l'esprit du jeu. Après, on aime ou on aime pas (ou l'on ne comprend pas) l'univers de Silent Hill et ça c'est une autre histoire.
Ca me rappele les gens qui cherchent à rationaliser les scénari des films de Lynch...
naweug
02/06/2006 à 10h56Répondre
Je ne vois pas pourquoi forcément je devrais m'attendre à un film formaté. Tout ce que je demandais c'était d'avoir en aient des noeuds aux tripes en le voyant. Et on en est loin là.
J'aime l'univers de Silent Hill, le film le respecte sans problème mais ne viens pas me dire que l'angoisse est à son apogée là.
Après est ce que je l'ai compris (l'esprit), ce n'est pas sur un résumé d'un film que tu peux juger .
Je n'ai pas dit qu'il était nul, mais plutôt que j'ai été globalement peu satisfaite du résultat global.
Meow
04/06/2006 à 19h58Répondre
Oups, alors déjà, toutes mes excuses, je ne savais pas que tu faisais partie de la gente féminine.
C'est ce que j'appelle du formatage : Silent Hill n'a pas, à l'origine, une vocation à faire sursauter, à faire peur ou tout ce que l'on attend généralement d'un film qui contient des créatures monstrueuses. Je crois que c'est justement une association systématique qui est faite à tord.
Silent Hill est plus inspiré par les films esthétisants de Lynch que du gore d'un Massacre à la tronçonneuse. Ce qui veut dire qu'il sagit ici d'une horreur psychologique et esthétique.
Ca ne le rendra pas mythique, mais ça n'en fait pas moins un excellent film, sauf si l'on s'attend à tord, à un film d'horreur classique.
Après pour ce qui est de mon jugement fait sur tes quelques lignes, même si je me suis lourdement planté en voyant le trailer absolument pourri du film par exemple, je n'en estime pas moins que c'est en s'attachant aux détails comme ceux que j'ai pu relevé dans ton commentaire que l'on peut se faire une idée parfois précise du fond des pensées d'une personne qui s'exprime, je pense, sincèrement.
Est-ce que je me trompe?
coubo
19/06/2006 à 18h43Répondre
S'il y a bien un genre qui m'a toujours déçu dans le cinéma, c'est l'exercice de style de l'adaptation des licences de jeu vidéo en films.
Pour vous remettre dans le bain, faisons un florilège de perles cinématographiques : Street Fighter the movie, Resident Evil, Alone in the dark... je m'arrêterai là car je sens poindre en vous l'indélicate sensation de la remontée gastrique. Ces films sont, il faut le dire, des chefs d'oeuvre de la nullité, des pionniers de l'autoflagellation mentale chez le joueur.
Je dois dire qu'une demi-heure avant d'entrer en salle, je me demandais quel serait le niveau de ce film tiré d'une série qui est pour moi l'une des meilleures franchises du jeu-video (derrière les classiques de l'histoire du jeu, évidemment). Une sorte de tension apparaissait, autant par ces réflexions que par mon beau frère qui, tirant le visage radieux des jours de pluie (vous savez, la figure qu'on fait quand on découvre dans la même journée qu'on est licencié et que votre femme vous trompe...), bref il me tardait de voir cette oeuvre, qui me semblait bien partie, au vu des bruits de couloir et des teasers sur le net.
En ressortant de la salle, je reste sur une impression de "mi-figue mi-raisin" : un film bien mais pas top, ou le bon (un film qui captive; un réalisateur qui connait enfin son sujet et qui a joué aux jeux avant de commencer le film; un univers et un visuel global qui reprend les poncifs de la série; les thèmes récurrents, explicites ou implicites, sont présents, ...) et le mauvais (les éléments des différents jeux qui sont emboîtés dans le même scénario, perdant ainsi leur signification propre; un film qui maintient une ambiance suffocante sans prendre vraiment aux tripes ni faire peur; un scénario qui reprend le fil du premier jeu mais qui prend des libertés à tous les stades, ...).
Bref, le film est une bonne production, scénario remanié plus qu'une retranscription fidèle, reprenant à mon avis le jeu du "comment aurait du être l'histoire si il se passait telle chose...", Silent Hill est pour moi un film à voir si on est fan, mais à prendre comme un épisode "bis" qui perd un peu de son style propre et de la force principale de la licence, l'après-aventure où on doit réfléchir sur les significations cachées des monstres, des lieux, des personnages.
Meow
22/06/2006 à 03h07Répondre
Question subsidiaire : à qui dois-je me plaindre que Alice au pays des merveilles ne fait pas peur?

tyler
22/06/2006 à 03h42Répondre
(mais en meme temps, je suis un abruti.. alors peut etre que d'autres comprendront)
Koub
10/02/2008 à 14h34Répondre
Critique perso de Silent Hill :
Silent
Hill est,
à la base, un jeu vidéo dhorreur. Mais pas nimporte
lequel. Acclamé par la critique, récompensé par
un succès commercial colossal, Silent
Hill est
lun des meilleurs ambassadeurs du Jeu Vidéo en tant quArt.
Mais lorsque lon sait à quel point les adaptations de jeux
en films ont toujours été de profonds désastres,
on ne pouvait que redouter que ce Silent
Hill, le
film, ne repousse plus loin encore les limites de la connerie et de
la nullité, plombant définitivement limage du Jeu
Vidéo pour les non-initiés. Mais fin du suspens :
Silent
Hill est
une réussite majeure. Excellent film dans labsolu,
adaptation intelligente dun médium réputé
inadaptable, chef duvre visuel et peut-être, enfin, la
reconnaissance du Jeu vidéo comme autre chose quun
passe-temps aussi futile que dangereusement lobotomisant.
Le film
narre donc lhistoire de Rose qui sinquiète du
somnambulisme de sa fille Sharon. Celle-ci na de cesse de répéter
le nom dune ville : Silent
Hill.
Voulant à tout prix guérir sa fille, Rose lemmène
dans la fameuse cité. Maudite, forcément, car ravagée
il y a des dizaines dannées par un incendie cataclysmique
qui couve toujours et plonge la ville dans un épais brouillard
toxique. Seulement voilà : à peine arrivée,
Sharon disparaît. Et lorsque Rose part à sa recherche,
la ville révèle ses immondes atours.
La
réalisation est signée Christophe Gans, connu pour
avoir signé le très controversé
Pacte des loups,
magnifique mais délirant trip sous acide sur la Bête du
Gévaudan. Que ceux que ça rebuterait soient prévenus :
Gans a changé, en bien. Toujours aussi appliqué
techniquement, mais définitivement moins frimeur et porté
par un scénario intelligent car bien moins simpliste quen
apparence, Gans signe là un film de toute beauté. On
pourra même lui reprocher de plus mettre en scène ses
somptueux décors que de ne mettre en scène dans
ses décors. Mais au final, même ceux qui seront déçus
par le rythme et lhistoire ne pourront quadmettre limmense
beauté morbide des décors. Silent
Hill est,
au moins, une cinématique de luxe. Une démo technique
sublime. Un film dhorreur atroce, servi dans le plus beau des
écrins. Chaque plan est travaillé jusquà
lextrême, le cadrage est dune précision maniaque,
le travail sur la lumière est stupéfiant et le design
des créatures, immondes mais pourtant tellement humaines,
achève de faire de ce Silent
Hill lun
des films les plus esthétiques de ces dernières années.
Les premières minutes suffisent à sen convaincre.
Rose erre dans un brouillard à couper au couteau. Les bruits
se font atroces, déchirants. Tout semble possible derrière
ce rideau blanc. Et cest pire encore lorsquil devient noir
comme la nuit des temps. L'obscurité enveloppe Rose d'une
noirceur infinie, les ombres torturées du moindre mobilier
vacillent sous la lueur blafarde de son briquet à pétrole,
les cris déchirent l'obscurité, les cadavres suppliciés
samoncellent, le silence se fait pesant... Les lieux de notre
quotidien se retrouvent transfigurés par des textures
crasseuses, de subtiles aberrations, du sang séché. Les
sirènes hurlent, signe dun danger imminent. La peinture
sécaille puis vole en éclats, la rouille se propage,
du sang et des organes suintent à travers les murs. Le monde
saltère, signe du passage dans un monde parallèle
aussi obscur quétouffant. Alors place au Seigneur du Mal :
la créature surmontée dune inconcevable et
gigantesque tête pyramidale approche lentement, traînant
sa gigantesque épée avec un bruit strident à
vous percer les tympans. Mais Silent
Hill
nest pas un simple film de slasher,
il est mille fois plus intelligent. Et même à ce niveau,
il trône mille coudées au-dessus de nimporte quel
concurrent. Car si le scénario est consistant, si la photo est
belle, Silent
Hill sait
aussi se montrer terriblement gore et violent. Au moment où
lon sy attend le moins, nhésitant pas à
sacrifier ses personnages, le film met en scène les morts les
plus violentes quil ait jamais été donné de
voir au cinéma. Sans concessions aucunes, le sang gicle, les
corps se démembrent, se disloquent, explosent ou sont brûlés
vifs en gros plan sans la moindre coupure ni hésitation de la
part de la caméra, dans un maelström ignoble servi par
une musique magnifique, entre rock agressif et piano terriblement
mélancolique. Les sons organiques, les basses sourdes, des
borborygmes puissants et un incessant sifflement, à peine
perceptible mais insidieux, achèvent de faire vivre ce monde
profondément dérangeant.
Il
serait pourtant terriblement malhonnête dencenser le film et
de taire ces graves défauts. Il est ainsi regrettable de voir
sinsinuer dans le récit des scènes rajoutées
à lemporte-pièce où le mari de Rose cherche
sa femme dans la ville alors que celle-ci est perdue dans le monde
parallèle. On a limpression dassister à un film à
deux vitesses. Il faut également se résigner :
Gans ne sait toujours pas diriger correctement ses acteurs. Si
lhéroïne, Rose, est parfaite et si la petite fille de
huit ans bluffe son monde en jouant trois personnages en même
temps, les autres semblent tout faire pour plomber un récit
qui méritait mieux que ça en déclamant avec
force ridicule des dialogues terriblement mal écrits, que lon
jurerait sortis dune série super Z.
Certains personnages frisent même le grotesque, couverts dune
épaisse couche de maquillage et engoncés dans leurs
costumes ridicules. Mais Silent
Hill
tient bon et nous achemine vers son final explosif et sa fin
troublante. Il aura fallu, hélas, passer par une narration
consternante de linéarité, articulée autour
dindices gros comme des maisons. Certains diront que ça
fait Jeu vidéo et que cest bien normal. Et ridicule.
Seulement voilà, Silent
Hill, le
jeu, nétait justement pas comme ça. Il était
parvenu à saffranchir dune telle linéarité.
Il est donc terriblement cruel de voir Gans trébucher et faire
pire que le jeu sur ce point. Mais cest patent : le jeu est
infiniment mieux. Si Gans a su avec brio retranscrire lunivers
visuel du jeu, les plusieurs niveaux de lecture proposés par
lhistoire sont ici réduits à leur strict minimum
dans un récit qui, sil tient plus que la route, se retrouve
grandement épuré et, pire, défloré dans
un pré-final ridicule, quasi making-of
pour abrutis exposant toutes les clés de la compréhension.
De ce point de vue, le manque dambition est flagrant. Le scénario
du film narrive donc jamais, hélas, à la cheville
des méandres psychologiques et incroyablement tragiques du
jeu. Côté frissons, soyons clairs : la peur
quinstaure Gans est loin du malaise du jeu ou des films dhorreur
étalons. Mais si Silent
Hill ne
fait jamais véritablement peur,
il fout la
pression comme jamais. Ce nest plus vraiment un film dhorreur,
mais plutôt un film dambiance. Nuance. Enfin, Gans échoue
lamentablement à retransmettre le sentiment de solitude du
jeu, ce désespoir total qui pousserait presque au suicide.
Tout dabord parce quavec le film, on ne joue pas. Cest
stupide, mais Gans, lui, fait comme si. Il joue. Pas nous. Et ça
ne colle pas. Ensuite, tout simplement parce quil y a trop de
monde dans ce film alors que le jeu était dune vacuité
humaine désarmante. Alors, certes, cela permet de conclure par
un bain dhectolitres de sang bouillonnant. Mais on nen
demandait pas tant. Surtout que, comme à son habitude
lorsquil se lâche, Gans tombe dans labsurde et le
grand-guignolesque (Remember Le
Pacte des loups)
et fait de ce final un sommet du gore, certes, mais où les
fautes de goût se multiplient plus vite encore que les morts.
En
résumé, une adaptation visuelle formidable dun
univers, une histoire intrigante mais bafouée et une direction
artistique puissante font de ce Silent
Hill un
film, certes bancal et imparfait, mais dune très grande
qualité. Mais, surtout, le Jeu Vidéo tient enfin là
sa revanche sur le Cinéma grâce à cette
adaptation sérieuse, honnête et appliquée.
Oubliez les Resident
Evil et
autres nanards sur pellicule, Christophe Gans envoie ad
patres
les Milla Jovovich qui se la jouent et ne trouvent de consistance
quen brandissant des flingues ou à grands coup de high-kick
tournoyants. Non, Silent
Hill vaut
mieux que cela. Et pour une fois, on attend la suite.