6.5/10Shoot 'em up

/ Critique - écrit par Lestat, le 21/09/2007
Notre verdict : 6.5/10 - 'C'est ce qu'on appelle tirer un coup' (Fiche technique)

Tags : shoot jeux nintendo video arcade meilleurs them

Embarqué dans une histoire trop grosse pour lui, M. Smith de fraye un chemin à coups de pétoire.

M. Smith a deux passions : les carottes (c'est bon pour la vue) et les flingues (c'est mauvais pour la vie). A part ça, il n'aime pas grand chose et le destin le lui rend bien : alors qu'il pensait faire une bonne action en sauvant un bébé d'une troupe de mécréants, il se retrouve au coeur d'un complot inextricable. Pour s'en sortir, il va faire parler la poudre et ça ne sera pas de la colombienne !

Réalisateur de 100 Girls (!), Michael Davis restera avant tout l'immortel coupable de Monster Man, petit film d'horreur purement jouissif où un tueur à la tronche pas possible poursuit un duo de clampins à bord d'un Monster Truck. A la fois inquiétant et très drôle, il se dégageait alors de Monster Man une alchimie faisant que les deux genres se complétaient avec une belle harmonie plutôt que de s'autodétruire, grâce à une absence de cynisme, un scénario soigné et un premier degré total. Shoot'Em Up est l'exact contraire de Monster Man et aborde le film d'action avec une bonne dose de distanciation. Le scénario, confus et taillé à la serpe, n'est ici qu'un prétexte pour un immense jeu-vidéo live où M. Smith -Clive Owen, en mode mauvaise tête- transforme des sbires en passoire sur fond de metal...pétaradant. Vous l'aurez compris, Shoot'Em Up joue à fond les ballons sur le capital-plaisir et tant pis pour le bon goût : les fusillades les plus improbables se succèdent sans logique apparente, les vannes pourries tombent comme des douilles sur le sol, Motörhead braille son Ace of Spades et la signora Bellucci fait ce qu'elle sait faire de mieux, soit être belle (Madonna !) et parler italien. A noter que le film ne lui demande pas mieux, Smith ne pouvant s'empêcher de dégainer, même en plein coït.

"Tu sais pourquoi un flingue c'est mieux qu'une femme ? Un flingue, tu peux lui mettre un silencieux"

Au rayon du divertissement pur et dur (et plus dur que pur), Shoot'Em Up en donne pour son argent et le simple fait de voir que ce gros barnum tient ses promesses fait un bien fou. Reste deux problèmes majeurs. Le premier viens de la note d'intention : Shoot'Em Up se voulait un hommage au travail de John Woo. A l'arrivée, malgré les poses sans équivoques de son anti-héros (et la présence du chef op' de The Killer), il en est pourtant l'opposé, tant sur la forme que sur le fond. Curieusement, Shoot'Em Up évoque davantage le cinéma de Robert Rodriguez, Desperado en tête, dont il reprend la fougue, la nervosité et le cachet quelque peu irréaliste hérité du western (Le Bon la Brute et le Truand et Django ont d'ailleurs droit au jeu des citations). Deuxième soucis et hélas pas des moindres : Michael Davis ne réitère pas l'exploit de Monster Man et Shoot'Em Up écope d'un gros problème de ton. A la fois décalé et assez violent, le film oscille entre l'humour noir réussi -virant parfois à la farce gore- et le rire jaune gênant, hésite constamment entre le sérieux et la légèreté, à l'image du bad-guy bien écrit (Paul Giamatti, savoureux) dont les hommes de main s'effondrent comme des dominos. En esquissant une micro-réflexion sur le commerce des armes tout en faisant l'apologie de ses produits, Michael Davis lui-même prouve qu'il ne sait pas trop sur quel pied danser avec sa bourinnade.

Décomplexé mais glauque, cartoonesque mais saignant, ludique mais sans concessions, fun mais imparfait, Shoot'Em Up est tout simplement généreux, pour le meilleur et pour le pire. A déconseiller aux enfants, mais à conseiller aux grands gamins. Ceux là même se prendront sûrement à espérer une adaptation de Max Payne avec Clive Owen, définitivement classe lorsqu'il brandit deux .45 en manteau de cuir.