5/10Sherlock Holmes - La clé

/ Critique - écrit par Filipe, le 24/11/2005
Notre verdict : 5/10 - Elémentaire, mon cher Holmes... (Fiche technique)

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Trois petites boîtes à musique fabriquées par un détenu de la prison de Dartmoor sont vendues aux enchères à Londres. Le premier acquéreur, un collectionneur, ancien ami du Docteur Watson, est agressé par un cambrioleur qui lui dérobe une petite boite à musique sans valeur, ressemblant à celle achetée la veille. Il se rend chez Sherlock Holmes pour signaler cette curieuse agression : en effet, sa collection de boites à musique comporte des pièces inestimables, auxquelles le voleur ne semble avoir prêté attention. Le lendemain, il est retrouvé mort et l'autre petite boite à musique a cette fois disparu.

Quatorzième et dernier épisode d'une série américaine tournée entre 1939 et 1946, réunissant à l'écran Basil Rathbone et Nigel Bruce (et comprenant également les épisodes intitulés L'Arme secrète et La Femme en vert), La Clé (ou Dressed to kill pour les intimes) se veut à nouveau l'adaptation d'une aventure imaginée par Sir Arthur Conan Doyle. Les puristes s'élèveront volontiers contre ce genre de formulation, le scénariste du film s'étant davantage contenté d'accumuler des éléments sans lien apparent issus de diverses affaires dites "canoniques" (autrement dit "conandoyliennes"). Ainsi, les boîtes à musique semblent remplacer les bustes brisés de l'affaire des Six Napoléon. De nombreuses références sont également faites à l'épisode du Scandale en Bohême et à sa fameuse Irène Adler (celle qui restera à jamais "la femme" d'après Sherlock Holmes, dans la mesure où il n'accordera d'intérêt à aucune autre par la suite). Malgré ces quelques confusions, la trame générale du film n'en demeure pas moins d'une rigueur scientifique, ou "holmésienne" devrais-je dire : Etude - Propositions - Choix d'une solution - Mise en application - Validation finale des hypothèses.

Basil Rathbone excelle à nouveau sous les traits du célèbre détective, contrairement à Nigel Bruce, qui éloigne le Docteur Watson de l'original. En outre, la prestation des adversaires de Sherlock Holmes, entendez Patricia Morison (alias Mrs. Hilda Courtney) et Frederick Worlock (alias le Colonel Cavanaugh), sont tout à fait dignes d'intérêt. Malheureusement, le scénario ne leur rend pas hommage, n'étant pas des plus fouillés, si j'ose dire. L'enquête ne va de l'avant qu'à partir du moment où un certain nombre de coïncidences ou d'heureux hasards se produisent. Par deux fois, c'est le Docteur Watson qui, sans s'en rendre compte, éclaire la lanterne de Sherlock Holmes. Et c'est pratiquement lui qui lui remet la clé de l'énigme en fin de compte. Il est certes bien connu que le Docteur Watson est un élément indispensable à la sagacité de son célèbre colocataire. Néanmoins, tous ces concours de circonstances tendent à suggérer un certain manque de clairvoyance de la part du grand Sherlock Holmes, ce qui ne peut raisonnablement être admis lorsque l'on a une petite idée des écrits de Conan Doyle.

La Clé fait malheureusement partie de ces adaptations qui tendent à dénaturer l'oeuvre d'un écrivain au profit des écrans. Porté par le succès de son personnage (qui se traduisait parfois par des lettres de menaces, de supplications ou simplement d'insultes), Conan Doyle prolongeait à chaque fois son existence littéraire, quitte à sacrifier des parts de sa propre vie. Je ne suis pas certain qu'il eût été satisfait de ces prétendues adaptations conduites par les Américains Roy William Neill et Howard Benedict. Ne serait-ce qu'à cause de ces quelques anachronismes, qui parsèment l'épisode, et qui parachèvent la falsification : les deux occupants du 221b Baker Street se retrouvent au coeur d'un contexte historique qui n'est pas le leur.