5.5/10Le séminaire - Caméra café

/ Critique - écrit par riffhifi, le 16/02/2009
Notre verdict : 5.5/10 - Café la police ? (Fiche technique)

Caméra Café re-ressuscite, quatre ans après le premier film Espace détente. Tout le monde s'en fout un peu, y compris les acteurs venus cachetonner. Ce n'est pas méchant, mais c'est également bien loin d'être brillant.

Créée en 2001 sur M6, la série Caméra Café fait durant quelques années le bonheur des amateurs de court sans sucre : avec son format 7 minutes, doté d'un unique plan et d'une galerie de personnages bien sentis, le rendez-vous proposé par Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h croquait le monde de l'entreprise avec justesse et drôlerie, et se vit déclinée en diverses versions pour l'exportation (espagnole, créole... les dialogues et les personnages étant adaptés à chaque culture). On peut néanmoins contester l'intérêt d'en tirer un long métrage, ce dont Solo et Le Bolloc'h ne se sont pourtant pas privés en 2005, livrant un Espace détente écrit et réalisé par leurs soins. Essuyant une débâcle critique et publique, les deux larrons s'en vont donc provisoirement vers d'autres horizons. Mais la machine à café n'est jamais loin, et l'équipe de la société Geugène se voit réunie cette année pour participer à un séminaire de motivation. Le secret de ce nouveau film ? Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h n'en sont que les interprètes. Absents de la réalisation comme du scénario, les deux compères se contentent de venir animer leurs personnages dans une comédie calibrée par un trio de nouveaux venus (parmi lesquels on
"J'vous ai d'jà vue à la machine à café ?"
trouve tout de même le frère d'Yvan) et dirigée par le routard Charles Nemes, filmeur tout terrain de comiques générationnels : les membres du Splendid (Les héros n'ont pas froid aux oreilles), Eric et Ramzy (la série H, le film La tour Montparnasse infernale) ou encore Vincent Desagnat et ses potes (Le carton). Le résultat est impersonnel et vaguement brouillon, mais la production devrait rentrer dans ses frais. Le but ne semble pas être ailleurs.

Les personnages de la série sont tous au rendez-vous, avec leurs situations familiales désormais révisées : Jean-Claude Convenant (Yvan Le Bolloc'h) s'est fait plaquer par sa femme qui vit désormais à Paris, Hervé Dumont (Bruno Solo) est l'heureux (?) papa d'une petite fille avec sa charmante (?) femme Fred, Maeva Capucin (Armelle) est enceinte jusqu'aux yeux de son défunt mari, Jean-Guy Lecointre (Gérard Chaillou) est toujours un vieux grincheux, Jeanne Bignon (Jeanne Savary) une blonde sémillante un peu cruche, et Philippe Gatin (Alain Bouzigues) une grande folle qui en fait des tonnes. Il n'est pas question de faire dans la subtilité, tout le monde surjoue pour se plier à un scénario écrit au feutre marqueur XXL. Jean-Claude est devenu un alcoolique si hardcore qu'il en devient périodiquement dangereux, et les cinq autres personnages apparaissent comparativement bien fades, quand ils ne sont pas tout simplement sous-écrits. Le
"C'est le scénario final qu'on a sous les yeux ?"
double enjeu romantique du duo Solo/Le Bolloc'h ne suscite qu'un intérêt médiocre (malgré sa dynamique inhabituelle : le premier s'éloigne de sa femme, le second s'en rapproche), et culmine dans une conclusion aberrante et expédiée, au sein d'un final hystérique que rien n'annonçait précédemment. Régulièrement plombée d'effets de montage destinés à donner du style à un film qui n'en a pas (besoin) - et hop un ralenti, et boum une musique classique entendu 583 000 fois..., la comédie repose essentiellement sur la sympathie dégagée par les acteurs. Heureusement d'ailleurs que cette sympathie préalable existe, parce que les personnages eux-mêmes ont plutôt tendance à se révéler détestables.

Au final, on a moins l'impression d'avoir assisté à un film qu'à une réunion de potes chargés de remplir un cahier des charges en un week-end (quitte à se contenter du minimum syndical, comme ce misérable plan en clin d'œil à la série). On les sent contents de se retrouver, mais pas plus que ça. Nous non plus.