6/10Sans arme ni haine ni violence

/ Critique - écrit par Nicolas, le 21/04/2008
Notre verdict : 6/10 - Un casse, un casse, oui mais de Spaggiari ! (la honte me gagne) (Fiche technique)

Tags : jean film rouve paul sans haine arme

Un robin des bois prend aux riches.

Le robin des bois est-il voué à la réalisation ? Telle est la question que l'on pourrait se poser au regard du parcours cinématographique des gais lurons de la petite troupe découverte par Farrugia, aujourd'hui éclatée en mille morceaux et dispersée dans des registres très proches mais pas similaires pour autant. Rouve est donc le troisième de la bande à s'essayer à la réalisation, après les essais plutôt réussis de Maurice Barthélémy (Casablanca Driver, Papa) et de Pierre-François Martin Laval (Essaye-moi), mais ne versera pas dans la comédie pure et dure comme ont pu le faire ses prédécesseurs (on occultera volontairement Papa de Barthélémy, qui se positionne sur un créneau un peu plus sensible).

En 1977, Albert Spaggiari (Jean-Paul Rouve) devient une vedette en réalisant le fabuleux casse de la Société générale, à Nice, et ce sans arme, ni haine, ni violence. Cinq ans plus tard, traqué par la police française, l'homme se cache en Amérique du sud, et reçoit la visite de Vincent (Gilles Lellouche), un journaliste lui promettant la couverture du magazine Gala...


"Ce coffre est sûr ? Vous comprenez, cette valise
contient les pires sketchs des Robin des Bois,
personne ne doit mettre la main dessus !"
Jean-Paul Rouve souhaite nous parler, pendant plus d'une heure et demie, d'Albert Spaggiari, célèbre cambrioleur à l'origine du « casse du siècle » à Nice, qui s'envola avec près de 50 millions de francs sans utiliser ni arme ni violence. La classe du siècle, en somme. Et effectivement, c'est bien de Spiaggiari dont il sera question ici, et non de son casse, ou pas vraiment. Grâce à une technique scénaristique bien connue, l'interview de l'intéressé par un journaliste freelance, Spaggiari revient sur son enfance et sur les prémisses de son coup d'éclat, par le biais de flashbacks plutôt bien orchestrés (Rouve s'amuse d'ailleurs à concevoir des fondus enchaînés très bien réglés). C'est l'homme que l'on découvre, la bête de scène en mal de reconnaissance, le petit gamin qui s'est fait un nom et qui souhaite le faire perdurer. Avec douceur, et un brin d'humour, Jean-Paul Rouve suit le bonhomme dans tous ses excès, que ce soit dans ses délires paranoïaques ou dans ses excentricités vestimentaires. Une certaine sympathie s'en dégage, un comble lorsque l'on découvre la biographie de Spaggiari, souvent décrit comme un extrémiste fasciste. Si l'initiative reste plaisante, et plutôt bien construite, il est difficile pourtant de sortir de la salle en distribuant les qualificatifs mélioratifs. Le film reste plat tout du long, dans le drame comme dans la comédie, aucun moment fort ne s'isole. La conséquence ne se fait pas attendre : l'électrocardiogramme est tellement régulier que le film parait durer une demi-heure de plus. Le dénouement n'est pas non plus de première fraîcheur, non seulement dynamité par la notoriété de Spaggiari (les initiés auront déjà le fin mot de l'histoire), mais aussi trop conventionnel pour que l'on s'en étonne.

Jean-Paul Rouve signe un premier film assez étonnant, par son sujet et son traitement, malheureusement doté d'une structure moyennement maîtrisée. Le métrage se révèle lent, avare en rebondissements, en rires, et en larmes, une singulière surprise quand on connaît le talent de l'acteur. Un essai néanmoins loin d'être médiocre, qui demandera une seconde réalisation pour se concrétiser.