6.5/10Prédictions

/ Critique - écrit par Lestat, le 12/04/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Déjà (pré)vu (Fiche technique)

Tags : prediction predictions film critiques john predire citations

Un petit Proyas plutôt frais et efficace, même si au fil du temps, Dark City s'imposera peut-être comme un incident de parcours dans la filmographie de ce sympathique artisan...

Au cas où vous ne l'auriez pas prédit vous-même, cette critique contient des spoilers.

Mis en pleine lumière par le plutôt sombre (!) The Crow, adaptation rock n' roll et déglinguée de la bd éponyme rendue tristement culte par l'accident de flingue qui coûta la vie à Brandon Lee, Alex Proyas semblait bien parti pour tutoyer les cimes, son crépusculaire Dark City, fascinant pré-Matrix à la sauce rétrofuturiste, ne faisant que conforter les espoirs que ses fans avaient mis en lui. Espoirs que n'engendrèrent finalement qu'une certaine perplexité à l'égard de cet artisan trop vite considéré comme l'auteur cyberpunk dont le cinéma manquait, le (trop?) grand public Aïe Robot en ayant déconcerté plus d'un. Sans que ce soit spécialement un défaut en soi, Prédictions poursuit cette veine un peu mainstream de la carrière d'Alex Proyas, qui cette fois opte pour une science-fiction sauce Michael Bay (badaboum !), tout en conservant cette étrange noirceur sous-jacente qui n'appartient qu'à lui.


Sur une base assez rincée rappelant un bon vieil X-Files des familles (un statisticien brisé par la vie tombe sur une série de chiffres correspondant aux grandes catastrophes du monde et celles à venir), Prédictions obéit sans surprise au schéma que l'on attend de lui -découverte, doute, cas de conscience, badaboum, "je vous l'avais bien dit", badaboum, "je vous l'avais bien dit", badaboum, twist-, au point de ressembler bigrement à du sous-Shyamalan, le personnage de Nicolas Cage (chauve, donc bon) se posant en outre comme une décalque de celui de Mel Gibson dans Signes, jusque dans sa manière de courir dans les champs. A défaut d'avoir toute l'élégance du susnommé, Alex Proyas a cependant suffisamment de métier pour rendre le tout efficace. La première catastrophe, badaboum l'avion, nous est ainsi balancée en pleine face, via un plan-séquence implacable où Nicolas Cage déboule au milieu d'un chaos innommable empli de corps embrasés surgissant de toute part. A registre égal, il n'y a guère que La Guerre des Mondes de Spielberg à avoir récemment livré de telles visions d'apocalypse. Autre morceau de bravoure, badaboum le métro, scène certes déjà vu quasi plan par plan dans Une journée en enfer (et ce n'était pas de la CGI...), mais agrémentée de vues subjectives du plus bel effet. Deux premiers tiers plutôt plaisants donc, où Nicolas Cage contemple la chienlit avec son habituel air de chien battu tout en tentant de raccrocher les wagonnets avec son fils Caleb lui-même à moitié sourd (il doit y avoir un axiome voulant que les enfants des films qui ne sont pas insupportables soient handicapés). Au même titre que l'essentiel du métrage, si la relation dépeinte entre le veuf et l'enfant sans mère n'évite quelques clichés que pour en laisser passer d'autres, l'essentiel est là : elle fonctionne.


L'air de rien, tout ceci prépare le terrain à un dernier acte qui prend en traître : sur la base d'un retournement vaguement devinable, Prédictions quitte les terres du film catastrophe un peu convenu pour basculer en pleine Science-Fiction. C'est alors que le Proyas de Dark City ressuscite sous nos yeux, lors d'une conclusion à la misanthropie jouissive, évoquant une troublante relecture miroir du mythe de Superman -on notera d'ailleurs l'analogie sonore entre Caleb et Kal'El, le fils de Krypton- tout en proposant une jolie théorie quant à l'origine des anges gardiens. Ne reste qu'à sortir de la salle avec le sentiment amusant d'avoir pris plaisir en un film exposant que les 9/10èmes de l'humanité ne mérite que de périr...

Petit blockbuster printanier assez inattendu, Prédictions se révèle donc être une agréable surprise pour qui cherche de la destruction massive et de la théologie light un poil païenne. Un vide-cerveau honnête et pas trop bêta, pour un Proyas mineur... de plus ?