2/10Power Rangers : Le film

/ Critique - écrit par Nicolas, le 18/01/2006
Notre verdict : 2/10 - Aïyaïyaïyaïyaïe (Fiche technique)

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Aïyaïyaïyaïyaïe

Il me paraissait inconcevable à mon sens de vous parler de Power Rangers le Film, sans analyser la moindre parcelle du scénario et son lot de rebondissements. Aussi, cette critique est susceptible de contenir un certain nombre de spoilers, et j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, compte tenu que l'intérêt du film n'est pas dans son histoire. D'avance, merci.

« On est les Power rangers ! »
« Oooohhh, donnez-moi un autographe ! »

Les Power Rangers, ce sont grosso modo des adolescents de 25 ans en plein dans la cool attitude, pratiquant à la perfection tous les sports funs qui peuvent exister, comme nous le montrent les premières images du film (saut en parachute, et roller). Ils sont adeptes d'arts martiaux et de gymnastique, ce qui leur permet de défendre la Terre au moyen de sauts périlleux, coups de pieds retournés et flips arrières. Remarquons que leurs prouesses physiques peuvent s'apparenter également à une énigmatique forme de communication, puisque qu'une fois « transformés » (dans leurs combinaisons de Power Rangers), ils ne peuvent pas faire trois pas sans faire un tour dans un sens ou dans l'autre. Exemple : Billy est debout, à deux mètres de Kimberly, qui elle à un genou à terre (elle vient de se prendre une méchante patate, la pauvre). Pour exprimer son désarroi tout en la rejoignant, Billy utilise deux moyens : sa voix (« Kimberly ! Ca va ? »), et son corps (il effectue la distance qui les sépare en un 360° selon l'axe Y).
Lorsqu'ils sont transformés, les Power rangers acquièrent des pouvoirs bien supérieurs à leurs possibilités humaines, et un équipement de pointe à faire pâlir n'importe qui dans tout l'univers. Les deux exemples du film : le « Rayon Photo-électrique » de Aisha (deux ampoules qui éclairent rien sur le haut du casque), et le scanner de Rocky (plus utile, mais ne marche pas sur les ennemis a priori). Sinon, quand ils sont aux prises avec je ne sais quels adversaires vingt fois plus grand qu'eux, ils ont la possibilité d'appeler les Zords, des véhicules ultra-perfectionnés et ultra-stylés qui peuvent s'assembler en un gros robot nommé MegaZord. Notons que pour des raisons probablement contractuelles, les Power Rangers sont tenus de se taper d'abord les fantassins au corps à corps, et que le MegaZord ne peut pas être utilisé pour faciliter la tâche.

« Quand je pense à tout ces choses merveilleuses que j'ai manqué ! La peste bubonique, l'inquisition Espagnole, et deux belles guerres mondiales, tu te rends compte ! »

Pendant que les Power Rangers démontre à toute la ville qu'ils maîtrisent le Backflip en roller, des ouvriers déterrent la prison ovale de l'horrible, l'immonde, le surpuissant Ivan Ooze. Aussitôt, les autorités prennent les mesures qui s'imposent : un ruban jaune et deux flics pour surveiller l'étrange objet. Pas un scientifique, pas un militaire, juste deux pauvres gars et leur matraques. L'inévitable arrive alors : le seigneur Z libère le gros vilain, qui sera bien sûr légèrement exaspéré par les siècles d'emprisonnement qu'il vient de subir. Arrivent les Power Rangers, juste à temps pour se bourrer les fantassins, alors qu'Ivan profite du contretemps pour aller dévaster la base des Power Rangers. Quel génie du mal ! Quelle intelligence maléfique supérieure ! Les Power Rangers perdent leurs pouvoirs, et se retrouvent comme de gros débiles devant la plus grande menace qu'ils n'aient jamais entendu parler, et pour cause, personne n'en a jamais parlé. Heureusement, Zordon n'a jamais révélé non plus l'existence du Grand Pouvoir, un truc paumé sur une planète insignifiante, qu'il ne fallait surtout pas déranger avant que la Terre soit dans les pires embrouilles stellaires.
Car le plan d'Ivan Ooze ressemble effectivement à une embrouille stellaire de type 5 : raser Angel Grove (la ville des Power Rangers), puis raser la Terre. Le génie du mal trouve alors un moyen simple et rapide de déterrer ses deux prototype de robots géants ultra destructeurs, ou Ectomorphicus : il remet aux enfants de Angel Grove des boites remplies d'un truc mauve et baveux, qui transformeront les parents en esclaves dévoués et soumis !

« Bienvenue à Jurassic Park ! »
« Très drôle, Adam... »

La base à moitié détruite, Zordon qui agonise, plus de pouvoirs, les Power Rangers n'ont pas le droit à l'erreur. Par un procédé que je ne m'explique pas encore, l'esclave robotisé Alpha envoie le groupe sur une planète qui ressemble vachement à la terre, lieu où est caché le Grand Pouvoir. Là-bas, ils font la rencontre de Dulcea, une top model reconvertie dans la glande millénaire qui veille sur le truc en question. Pour pas traîner, elle leur file des pouvoirs de rechange, les Ninja Zord, et révèlent à chacun son animal totem. « Toi t'es l'ours, t'es fort. Toi t'es le singe, t'es malin. Toi t'es le loup, t'es dangereux. Toi t'es une grenouille, t'es... hum, bref. Toi, Tommy, t'es le faucon, t'es le plus cool de tous, comme d'hab ». En gros, cela revient à ça. Pauvre Adam (= grenouille). Au p'tit matin, ils vont tous dans la forêt pour trouver le temple, tataner les quatre gardiens qui ont repoussé toutes les tentatives pendant des millénaires (mais la gymnastique rythmique et sportive n'existait pas, à l'époque, faut dire), et hop ! Ils retrouvent leur combinaisons mises à jour (l'écusson du totem), ils peuvent se re-téléporter (alors que la téléportation dépend de la base), et retournent donc sur terre sans trop savoir ce qu'ils ont gagné (en fait des nouveaux Zords, qui se retrouvent eux aussi sur terre par l'opération du Grand Pouvoir). Probable que Dulcéa glande encore quelques millénaires, et sans raison valable cette fois.
De retour sur Terre, c'est la débandade. Les Ectomorphicus déterrés, Ooze décide de se débarrasser des parents, ce qui est très très problématique, surtout pour un gosse en pleine croissance et fan des Power Rangers. Heureusement, du haut de son mètre, il parviendra à convaincre toute l'école que les parents sont menacés par des extraterrestres belliqueux et qu'il faut les sauver. Brave gosse plein d'initiatives.

Morceau choisi :
Dulcéa : Adam ? Qu'y a-t-il ?
Adam : Je suis une grenouille.
Dulcéa : Oui, tu es une grenouille. Mais de celles qu'on embrasse, et qui se transforme en princes charmants.

« Méga - génial ! »

Ainsi s'exprime joyeusement Adam (ranger noir) lorsque qu'arrive les nouveaux Zords associés à leurs animaux - totem, ou la manifestation physique de leur Grand Pouvoir si durement obtenu. Concrètement, on obtient : un singe moche, un loup moche, une grenouille moche, une grue moche, un ours moche, et un faucon moche. Pour se prévaloir d'être dans l'air du temps, ils abandonnent l'aspect « jouet » pour se vautrer littéralement dans l'aspect « image de synthèse d'amateur ». Au passage, personne ne se demande ce que sont devenus les anciens Zords, probablement mis dans une sous-cave pour obsolescence sans une once d'explication. Bref, grâce à leurs nouveaux appareils haute technologie qu'ils manient déjà à la perfection, les Power Rangers sont en mesure d'envoyer paître les deux affreuses bestioles d'Ivan Ooze qui, haut exploit, étaient d'une mocheté synthétique encore plus hallucinante. Sur ce, Ivan Oose devient gigantesque, se rappelant enfin qu'il est plus fort que tout et que donc il lui suffirait de quelques minutes pour venir à bout de ces microbes de Power Rangers. Manque de bol, ils ont le Grand Pouvoir, et donc un tout nouveau MegaZord encore plus mieux, qui le tabassera jusqu'à le coller en plein dans la trajectoire de la comète de Ryan à l'aide d'un coup de genou dans les parties sensibles de Ivan (Aisha : « A utiliser en cas d'extrême urgence ! »).
Le pire reste à venir. « A qui possède le Grand Pouvoir, rien n'est impossible ». Le truc méga-génial par excellence. Zordon est mort, la base est dévastée ? Fi ! Le Grand Pouvoir arrange les choses en 30 secondes, montre en main, satisfait ou remboursé. Imaginez les ramifications ! Si on part du principe que rien n'est impossible, les Power Rangers peuvent maintenant guérir le cancer, devenir plus fort que n'importe qui, et se lécher le coude !
Toute cette belle histoire se finira sous les lumières multicolores d'un feu d'artifice, alors que les sbires du seigneur Z ne peuvent que se lamenter des nouvelles capacités des Power Rangers, que Tommy et Kimberly n'osent toujours pas sauter le pas (je vous dis, je sens le couple bateau qui durera pas six mois), et que le groupe rira aux éclats pour je ne sais plus quelle raison futile.

Vous l'aurez certainement compris, Power Rangers le Film est une perle de la catégorie nanar, qui sublime toutes les absurdités de la série dans une version longue remplie à craquer de blagues, d'arts martiaux, et d'effets spéciaux foireux. Aïyaïyaïyaïyaïe, mais j'adore quand même.