8.5/10Pina, en 3D !

/ Critique - écrit par nazonfly, le 31/05/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Love Pina (Fiche technique)

Tags : pina wenders film wim bausch ray blu

Estampillé « premier film d'auteur en 3D », servi par l'œuvre magistrale de Pina Bausch, Pina est un magnifique film ressemblant largement plus à un spectacle qu'à un réel objet cinématographique.

Depuis le nouvel avènement du cinéma en relief, une certaine partie du public attendait avec impatience les premiers films exploitant cette nouvelle technologie, qui ne soient pas des films à gros budgets destinés aux enfants ou aux fans de cinéma d'action. C'est désormais chose fait avec Pina, parfois affublé de l'horrible épithète 3D.

Pina Bausch

Avant toute chose, il est sans doute nécessaire de revenir sur Pina Bausch qui
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donne son nom au film. Pina Bausch était une danseuse et chorégraphe allemande. En 1976, elle crée et dirige le Tanztheater Wuppertal, compagnie de danse contemporaine située à Wuppertal, Allemagne. Alors que Wim Wenders prépare le tournage d'un documentaire depuis plusieurs mois, la chorégraphe meurt subitement. Le réalisateur décide alors de délaisser l'aspect documentaire et de reprendre entièrement le film en l'honneur de Pina Bausch. Un film qui sera rapidement estampillé « premier film d'auteur en 3D ».

Souvenirs

Dans cet étonnant film, l'héroïne éponyme se fait discrète : Wim Wenders choisit, à moins que le décès de la danseuse ne l'y ait forcé, de mettre Pina au second plan. On la croise ici ou là, au détour d'un plan, donnant un conseil,
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montrant un pas, mais pas plus. Car elle s'efface complètement devant de nombreux extraits de son œuvre, tous plus impressionnants les uns que les autres. Pour faire le lien entre les différents extraits sont intercalés les souvenirs de quelques danseurs ayant travaillé avec Pina Bausch, tandis que la caméra filme des visages hautement expressifs.

Ravissement des sens

Mais ce qui, bien évidemment, impressionne le plus le spectateur, ce sont les spectacles filmés, magnifiés peut-être par Wim Wenders. Rassurez-vous, il n'est nul besoin de connaître l'oeuvre de la chorégraphe pour apprécier les nombreuses danses qui font le corps de Pina : il s'agit, avant tout, de sentiments et de sensibilités. À ce titre, les spectacles mis en scène ici sont tout simplement magnifiques. La rencontre de la musique souvent superbe, des éléments (de l'eau qui jaillit de partout, de la terre qui vole au soleil), des décors spartiates et de ces corps qui sautent, tressaillent, se tordent et dansent,
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dansent, dansent encore et toujours est un ravissement pour les sens et un délice qu'on savoure longtemps après la fin du film.

Mise en relief

Et la 3D dans tout ça, me direz-vous ? Qu'apporte-t-elle ? Elle permet, et c'est un truisme, de développer une profondeur attendue, cette fameuse troisième dimension qui manque à ces films d'ordinaire si plats. Et c'est particulièrement utile dans cette volonté de reconstruire, le plus fidèlement possible, les chorégraphies de Pina Bausch. Mais Wim Wenders a, semble-t-il, délibérément choisi de laisser le spectateur à sa place de spectateur et de ne pas faire dans la surenchère d'une 3D qui en mettrait plein la vue. Pour un peu, on serait même à deux doigts de dire que la 3D n'apporte pas franchement beaucoup devant la magie de la danse.

Il nous faut cependant noter que, dans Pina, les mouvements se sont révélés plutôt flous, ce que bizarrement reprochait Wenders à Avatar. Est-ce dû au film en lui-même ? Au dispositif de projection ? Ou encore aux toutes nouvelles lentilles de votre serviteur ? Difficile à dire.

Toujours est-il que Pina, bien servi par un matériau, musique et danse, d'une qualité indéniable, est un très beau film qui emporte le spectateur comme peut le faire un spectacle chorégraphique. Dans ce contexte, l'apport de la 3D est important, sans être pour autant essentiel.