1/10Piège en grande surface (poisson d'avril)

/ Critique - écrit par Nicolas, le 01/04/2005
Notre verdict : 1/10 - IN - NE - NAR - RABLE ! (Fiche technique)

IN - NE - NAR - RABLE !

Malheureusement, Piège en Grande Surface n'existe pas, il ne s'agit que d'un petit poisson d'avril concocté par la rubrique ciné...

Les brocantes, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber. Et parfois, la surprise et le désir bavant sont de mise, à l'image d'un type lambda devant un George Clooney en proie à de redoutables "tomates tueuses".
Fin des années 80, encore inconnu au grand public, Steven Seagal enchaîne les rôles en espérant percer avec sa tronche d'amour et ses solides bases en karaté. Entre Above The Law (Niko, 1988) et Under siege (Piège en Haute mer, 1992), il fera pas moins de cinq films dont trois seulement connaîtront les honneurs du grand public, reléguant le reste dans le « Direct to Video ». Parmi les trois, « Deadly Lines » (plus ou moins « Rangées Mortelles ») édité par TCR (la boîte de distribution américaine). Le film met en scène Steven Seagal, employé dans une grande surface (imaginaire) américaine, aux prises avec un gang de terroristes surarmés le jour de l'inauguration du bâtiment. Le film, à moitié action et à moitié comédie pour les téléspectateurs de plus de 50 de QI, ne sera tiré qu'à très faible nombre d'exemplaires.
Après le succès de Piège en Haute Mer, une entreprise française (nom inconnu, désolé) projette d'exploiter le filon en puisant dans la filmographie passée de Steven, et tombe sur « Deadly Lines ». Un ingénieux commercial lui trouve un nom débile, « Piège en Grande Surface », avec la vive intention de se servir du succès du film de Andrew Davis. La cassette ne verra malheureusement jamais le jour, faute d'argent, et seules quelques rares sources d'archives sont encore en mesure de révéler le délicieux nom français.

Résumons un peu : Joaquim Cheerok (Steven Seagal), ancien paramilitaire rompu à toutes les techniques de combat en milieu hostile (mis de côté à la suite d'une blessure - fait important pour la suite du scénario), vient d'être engagé pour de banales mises en rayon dans le tout nouveau hypermarché State Mall. Le jour de l'inauguration, en présence du gouverneur, un groupe de terroristes très organisés s'empare du bâtiment avec tous ses habitants, et réclame la libération de plusieurs de leurs confrères enfermés dans le pénitencier local. Par un coup de chance, Joaquim parvient à échapper au filet et sauve in extremis Nikki (Sarah Robbins, inconnue, désolé), une jeune hôtesse de caisse. D'abord réticent à s'opposer aux agresseurs, Nikki arrivera bientôt à convaincre le militaire à la retraite d'aider les pauvres gens retenus contre leur gré...

Je vous laisse imaginer à quel point mon bonheur fut total pendant ces 86 minutes qui resteront dans ma mémoire malgré une qualité d'image exécrable. Piège en Grande Surface est un peu le summum inavoué du film d'action bien gras des années 80, sorte de bâtard déshérité entre la violence suffisamment bourrue et la parodie avant-gardiste. Essayez simplement de visualiser un Steven Seagal rajeuni et un peu boiteux en train de se coltiner une trentaine de terroristes à travers tous les étages d'un centre commercial encore plus vaste qu'un Auchan des familles, avec un cynisme, une imagination, et un sens de la vanne/blague peu commun à mes yeux. A la traduction, on obtient des perles du calibre de « Vous êtes du FBI, de la police ? » « Non, moi je mets en rayon » (suivi d'une propulsion de terroriste au ralenti), ou de la grandeur d'un « Il se cache dans le rayon des détergents ! Attrapez-le ! ». La liste est longue, vous vous en doutez, au point que je tâte l'idée d'ouvrir un sujet de discussion forumique pour toutes les retranscrire. Mais les mots ne pourront jamais soutenir la comparaison face aux images, qui elles aussi ont fait l'objet d'une étude très très poussée. Me reviennent facilement à l'esprit des flashs de cette lutte à mort perchée sur une sorte de Fenwick fonçant à toute allure entre les rangées de la réserve, ou encore de ces pauvres terroristes dézingués dans tous les sens entre les rayons de l'hypermarché. Inutile de vous dire que tout cela se finira dans un chantier des plus colossaux, juste de quoi nous offrir DEUX, j'ai bien dit DEUX répliques mythiques coup sur coup, comme pour nous dire « ne m'oubliez jamais ». Je ne gâcherai pas la surprise, mais ça implique des sacs plastiques et une pointeuse. Je ne vous ferai pas l'affront de vous parler du jeu de Steven, carrément égal à lui-même, ni de la réalisation anecdotique de Peter Sonderns, mais je m'en voudrais de ne pas citer un peu la musique, plus que potable malgré les grands élans patriotiques qu'elle inspire, mis à part le morceau chanté final qui ne va pas beaucoup plus loin qu'un « la liberté, c'est bien ».

Un Lost Treasure qui a bien fini par se perdre dans l'histoire tel un Dragon Ball : The Magic Begins ou un Invasion USA (Chuck Norris), véritable petit chef-d'oeuvre de blagues et de situations probablement déjà obsolètes dans les années 80. Plus qu'une chose à espérer, une édition française avec piste VF et bonus, mais quelque chose me dit que je peux rêver....