Peter Pan - Dossier

/ Dossier - écrit par camite, le 02/06/2004

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Dossier sur les adaptations cinéma de Peter Pan

1904, l'Ecossais James Matthew Barrie donne à Londres la première représentation de sa pièce Peter Pan ou l'histoire du garçon qui ne voulait pas grandir. Lors d'une scène, le héros explique au public que les fées meurent lorsque les gens cessent de croire en elles, et lui demande d'applaudir afin de ressusciter la fée Clochette. Barrie craint que les spectateurs ne marchent pas et que sa pièce soit un échec. Mais tous vont taper dans leurs mains à l'appel de Peter, témoignant de l'émerveillement opérant dans leurs têtes. Sept ans plus tard, Barrie transforme sa pièce en roman. Celui-ci reste aujourd'hui le chef-d'oeuvre le plus universel et le plus indémodable de la littérature pour enfants, s'adressant à une multitude vertigineuse de niveaux aux lecteurs de tous âges.

En 1924, Barrie supervise l'adaptation cinématographique de Peter Pan par Herbert Brenon avec... Betty Bronson dans le rôle-titre. Un parti-pris en apparence surprenant mais le personnage a toujours été, jusque-là, interprété par une jeune fille. Cette tradition, volonté initiale de l'auteur, est respectée en 1976 pour un téléfilm avec Mia Farrow et jusque dans l'ouverture de l'injustement méconnu Mystère des Fées (Charles Sturridge, 1997) qui montre une fausse représentation de la pièce en 1917. Le film de Brenon, muet sublime de poésie et de grâce, se retrouve aujourd'hui en bonus (!) du DVD de Peter Pan par les studios Disney. Le dessin animé réalisé en 1953 ne souffre aucun reproche sur le plan technique mais ne rate jamais une occasion de bafouer l'oeuvre originale. Ainsi, l'androgyne souvent odieux et en mal d'affection maternelle prend les traits d'un grand dadais à la recherche d'une bonne copine pour ses soirées pyjama. Avec, à la clé, quelques « jolies » chansons dégoulinantes et des erreurs de traduction proprement ahurissantes (Neverland = Pays imaginaire, pas mal pour une histoire dont l'enjeu central réside dans le refus de vieillir).

En 91, Spielberg offre le rôle à Robin Williams (il fallait oser) dans Hook, tour de manège un brin longuet avec décors de parc d'attraction, casting improbable (Julia Roberts en fée Clochette, ahem) et caprice de gosse d'un réalisateur au demeurant surdoué. Un beau gâchis, en langage technique. En ce début d'année, Peter Pan revenait devant la caméra de P.J. Hogan, responsable du dérisoire Mariage de mon meilleur ami. Jason Isaacs joue le Capitaine Crochet ET le père de Wendy (ambiguïté de la pièce respectée) et Ludivine Sagnier nous épargne une Clochette numérique (ouf). En revanche, le masculin Jeremy Sumpter campe le facétieux héros, laissant penser qu'à Hollywood de nos jours, la présence d'une jeune fille dans un rôle aussi trouble en dérangerait plus d'un. Le politiquement correct a décidément tout bouffé, même nos rêves. Ce qui n'aura pas empêché cette dernière version de toucher juste, à défaut de toucher le haut du box office.