8/10OSS 117 - Rio ne répond plus...

/ Critique - écrit par riffhifi, le 16/04/2009
Notre verdict : 8/10 - L’oss à moelle (Fiche technique)

Tags : oss film rio jean hazanavicius michel cinema

Surenchère de gags et d'exotisme dans ce deuxième opus, qui ne prétend pas servir un nouveau plat mais simplement affiner la recette. Plus d'assaisonnement, meilleure cuisson... Hubert est toujours aussi bath.

Grâce au succès de leur approche parodique du personnage, Michel Hazanavicius et Jean-François Halin sont en mesure d'orchestrer le retour de l'irrésistible Hubert Bonisseur de la Bath, trois ans après Le Caire nid d'espions. Trois ans ? Non, en réalité, l'action de Rio ne répond plus est située en 1967, soit douze ans après les tribulations égyptiennes d'OSS 117. L'agent français (petite entorse aux romans, dans lesquels il travaille pour la NSC américaine) est envoyé cette fois à Rio, où il doit récupérer des microfilms vendus par un ancien criminel de guerre nazi. Chemin faisant, il rencontrera des agents israéliens qui lui proposeront de les aider à arrêter Von Zimmel pour qu'il soit jugé... Fidèle à sa nature, Hubert pense essentiellement à collectionner les conquêtes et à s'amuser, ce qui ne l'empêche OSS 117 tire un coup
OSS 117 tire un coup
pas de mener son enquête presque malgré lui.

Inutile d'espérer le moindre changement de cap dans cette suite : il n'est pas question de changer la formule mais simplement de varier les gags et de jouer la surenchère d'exotisme et de rebondissements "à la manière de". Car si la parodie fonctionne aussi bien, c'est aussi grâce à la gourmandise cinéphilique des auteurs, qui se font un plaisir de citer aussi bien Dr. No (la scène du taxi) que Furia à Bahia pour OSS 117 (également situé au Brésil), d'abuser du split-screen sans vergogne pour évoquer les productions des années 60, sans pour autant se priver de payer un double hommage à Hitchcock en l'espace de quelques minutes (pour ceux qui n'auraient pas reconnu, il vous reste à regarder spoiler et spoiler). Les règles traditionnelles du James Bond de base émaillent le film avec bonheur : le colosse que le héros doit affronter au corps-à-corps, l'homologue américain de la CIA (appelé William Trumendous !)... A l'instar du Batman ouvertement kitsch des années 60, l'OSS 117 des années 2000 fonctionne aussi bien au premier qu'au second degré : beaux paysages, fusillades échevelées (et à peine plus exagérées que dans les "vrais" films d'espionnage des années 60), pépées en bikini procurent un divertissement enthousiasmé, tandis que le décalage des dialogues et l'interprétation toute en sourcils de Jean Dujardin assurent un niveau de comédie OSS 117 : le pressing ne répond plus
OSS 117 : le pressing ne répond plus
soignée. Les jeux de mots fusent sans honte, les gags sur la bêtise du personnage jouent sur la même veine que le premier film, mais on pourra regretter les redites sur son caractère raciste et son homosexualité refoulée. Cette fois encore, OSS 117 apparaît surtout comme un grand enfant, nigaud et joueur, jouisseur décérébré et sûr de lui, qui n'arrive en bout de mission que par la grâce d'un coup de pouce divin. Le personnage, version Dujardin, est d'ores et déjà une icône comparable à l'inspecteur Clouseau ou à Max la Menace, l'aspect "français" en plus.

Fourmillant d'idées désopilantes (la scène de l'hôpital !), de clins d'œil malins (Pierre Bellemare !) et d'effluves nostalgiques (la recréation des années 60, le costume de Dujardin au bal masqué), doté d'un timing comique irréprochable et d'un casting aux petits oignons (bien que le rôle de Bath-girl confié à Louise Monot soit un peu maussade), Rio ne répond plus devrait combler sans peine les amateurs du premier film, auxquels les auteurs ont eu la courtoisie de ciseler une version améliorée de la recette à succès. On parle désormais d'un troisième volet, qui serait situé au début des années 80 et mettrait en scène un Hubert aux portes de la soixantaine... Si la même équipe est aux manettes, pourquoi pas ? On assistera peut-être à un pastiche des polars livrés à l'époque par Delon et Belmondo.