6/10Les noces rebelles

/ Critique - écrit par riffhifi, le 08/08/2009
Notre verdict : 6/10 - Rebels without a cause (Fiche technique)

La réunion du couple mythique formé par Leonardo diCaprio et Kate Winslet ne constitue pas un argument suffisant en faveur de ce film peu enthousiasmant.

Tandis que Kate Winslet exhibe au cinéma son minois oscarisé dans The Reader, Paramount sort en vidéo le semi-bide de l'an dernier qui valut tout de même à l'actrice un Golden Globe : Les noces rebelles. Adaptation d'un classique de la littérature des années 60, le film réunit un couple immortalisé en 1997 par James Cameron dans Titanic : Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. Les deux jeunes gens sont devenus respectivement un homme et une femme (le contraire eut été étonnant), et incarnent un couple bien sérieux dont le mariage bat de l'aile, sous la caméra d'un Sam Mendes que l'on connaît pour ses films American Beauty et Les sentiers de la perdition, mais aussi pour sa mise en scène de la comédie musicale Cabaret et pour son statut de mari d'une actrice appelée... Kate Winslet.


"Chérie, on devrait acheter un coussin chez Ikea."
Frank Wheeler (diCaprio) et April (Winslet) se marient au début des années 50, peu de temps après leur première rencontre. Devenus parents de deux enfants, ils s'installent dans un pavillon de banlieue sur Revolutionary Road (qui donne son titre original au roman, sorti en France sous le titre Fenêtre panoramique), et s'enferment dans une morne routine qui les engourdit. Jusqu'au jour où Madame propose à Monsieur de quitter cette vie pour en commencer une nouvelle à Paris...

Que le bouquin constitue un classique anglo-saxon, offrant à la fois une peinture des années 50 et une étude de sentiments inspirée, on n'en doute pas. Mais la pertinence de l'adaptation filmique, en revanche, laisse un peu perplexe. Car après tout, il est question ici de non-évènements, d'immobilisme, de tensions inexprimées. Difficile de rentrer, sans support écrit, dans la tête de personnages dont les dialogues restent le plus souvent en surface de leurs émotions. Leonardo diCaprio joue les ronchons étriqués et Kate Winslet arbore des airs de Madame Bovary moderne, mais le film ne choisit jamais clairement de raconter l'histoire de l'un ou de l'autre, malgré la préférence et la tendresse évidentes que Mendes porte à April.

Le héros du film, ce n'est ni le mari ni la femme mais le couple lui-même, au point que les personnages périphériques se voient confinés à une utilisation minimum -
"Chéri, tu es sûr que tu te souviens
comment on va chez Ikea ?"
le plus incroyable étant l'absence quasi-complète des enfants, pourtant supposés vivre avec leurs parents. La seule exception à cet écrémage est le fils zinzin de la voisine incarnée par Kathy Bates (qui jouait elle aussi dans Titanic !) : si la vérité sort de la bouche des enfants, il lui arrive aussi de passer par celle des fous, ce qui ouvre la porte à deux scènes franchement réussies, où les mentalités sont enfin partiellement décortiquées. Mais deux courtes scènes en deux heures, c'est bien maigre pour un film qui ne s'autorise jamais à déborder d'une réalisation et d'une interprétation guindées et vaguement théâtrales. Le travail de professionnels consciencieux qui n'ont jamais réalisés qu'ils passaient tranquillement à côté de la force de leur sujet. Il y avait pourtant du potentiel dans le principe d'une histoire de couple dysfonctionnels filmée par le mari de l'actrice principale.

Le DVD, sans défaut technique majeur, propose un making-of bateau (tout le monde est beau, le film est parfait), les commentaires du réalisateur et un panel de scènes coupées.