7/10Neverland

/ Critique - écrit par Nicolas, le 22/02/2005
Notre verdict : 7/10 - Everland (Fiche technique)

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Pas de jugements hâtifs, si Dustin Hoffman a bel et bien joué le capitaine Crochet dans (l'inoubliable) Hook, il ne porte ici que le costume d'un second rôle. Neverland est adapté de The Man Who Was Peter Pan, une pièce d'Allan Knee, retranscrit les aventures imaginaires de James M. Barrie avec un petit groupe d'enfants, aventures dont découlera le Peter Pan que tout le monde connaît. Une histoire un brin romancée, certes, qui nous conte comment un homme a-t-il fini par devenir adulte au contact d'enfants. Et c'est joué par Johnny Depp...

Alors qu'il écrivait sur un banc, cherchant à faire oublier le désastre de sa dernière pièce de théâtre, James M. Barrie fait la rencontre de Sylvia Llewelyn Davies et de ses quatre enfants, tous des garçons de bonne famille. A leur contact, James va trouver l'inspiration qui lui manquait pour écrire l'une des oeuvres majeures du théâtre britannique : Peter Pan...

Indubitablement, voici la preuve de l'existence bien réelle d'un phénomène de mode qui s'empare du cinéma hollywoodien, celui qui fit de Troie un honnête péplum un brin complaisant et de Arthur un film d'époque dénué de fantaisie. L'histoire derrière la fiction, voilà ce qui importe maintenant. Il fallait bien cela pour aller surprendre J. M. Barrie en pleine écriture de Peter Pan, à la manière d'un Shakespeare In Love. Malheureusement, pas dans le registre comédie, plutôt dans le mélodramatique, ce qui ne sera finalement pas en soi un mauvais choix. Car il faut l'avouer, s'assurer les services de Johnny Depp c'est s'assurer du même coup une interprétation de qualité. Et pour jouer un écrivain un peu fantaisiste emprisonné dans ses rêves enfants, il fallait bien quelqu'un d'apprécié et de reconnu pour son talent d'acteur. Sélection judicieuse, si l'on peut parler de sélection. Il faut le voir se rouler par terre en indien, brailler comme un pirate (déjà vu, remarquez), et danser avec un ours plus peluche que féroce, images générées à travers quelques jolies petites scènes mélangeant réalité et imaginaire. Pour ne rien gâcher de son travail, Johnny a le privilège d'échanger ses balles avec Freddie Highmore, Peter Davis dans le film, surprenant de maturité et de justesse, un poil au-dessus de ses frères qui n‘en déméritent pas pour autant. L'amitié qu'ils vouent à ce grand adulte pourtant si espiègle en devient touchante, très touchante. Par malheur, tout ceci s'atténue rapidement. Car le retour à la dure vie d'adulte doit s'imposer, et c'est à travers le mélodrame qu'il s'exprime, à tel point que c'est le sentiment de tristesse émanant du film qui demeurera le plus longtemps en nous. Ainsi, la connectivité entre les enfants et Barrie s'estompe au profit de la compassion pour la mère (Kate Winslet, à la fois indispensable et très en retrait), la colère pour la grand-mère, et l'indifférence pour l'épouse. Si bien qu'une fois sorti de la salle, la relation entre le Peter Pan de Barrie et les enfants Davis parait presque floue sur certains points.

Une jolie petite histoire balancée entre le conte et le mélodrame, magnifiquement servie par un adulte interprétant un enfant, et par un enfant interprétant un adulte. Le film réserve son lot de petits moments humoristiques, de scènes légères, bref, de voyages vers le monde de l'enfant, mais repart très souvent vers l'adulte et ses contrariétés au point de privilégier l'émotion à la féerie.