4/10Mutations

/ Critique - écrit par riffhifi, le 31/10/2008
Notre verdict : 4/10 - Limaces toc (Fiche technique)

Tags : mutations mutation recherche virus genetique code mouvement

Les limaces tueuses attaquent ! L'Espagnol Juan Piquer Simon fait la joie de Mad Movies, alors pourquoi pas la vôtre ? Notons tout de même la nature racoleuse du film, puisqu'une limace n'est rien d'autre qu'un escargot à poil.

Juan Piquer Simon (qui signe J.P. Simon pour ne pas effaroucher le public ango-saxon avec ses prénoms ibériques) est un adepte sympathique de la série. Rien de comparable au maître Jess Franco qui totalise près de 190 films (Simon n'en a signé que quinze), mais on lui doit tout de même des titres aussi fous que Supersonic man en 1979 (un super-héros qui fait apparaître et disparaître sa moustache à volonté, un truc de malade), Le sadique à la tronçonneuse en 1982 ou L'éclosion des monstres en 1983, ainsi que deux adaptations de Jules Verne à la réputation douteuse. Sorti en 1988, Mutations n'a rien à voir avec les X-men puisque les seuls mutants ici sont des limaces soudainement gratifiées d'une dentition ; autant dire qu'il faut y aller à la loupe pour vérifier. Le film s'inscrit dans Impressionnant, non ?
Impressionnant, non ?
une tradition qui remonte grosso modo aux années 50, qui veut que n'importe quel animal puisse être une menace pour peu qu'il soit utilisé massivement. Le classique du genre est évidemment Les oiseaux d'Alfred Hitchcock, avec ses piafs devenus soudainement enragés, et la tradition veut qu'on puisse décliner le sujet en version géante, comme pour Arac Attack et ses araignées démesurées (qui jouait ainsi la surenchère sur Arachnophobie et ses araignées normales). Si le représentant le plus navrant de cette famille est probablement le pathétique Frogs de 1972 (les crapauds étaient supposés contrôler l'attaque des animaux d'un bayou, ce qui se traduisait à l'écran par de simples inserts sur de stupides batraciens immobiles), il faut bien admettre que le concept des limaces tueuses de Mutations vaut son pesant de cacahuètes...

Adapté du roman Slugs de Shaun Hutson (traduit en France par La mort visqueuse, ça donne envie), le scénario fait dans le classique : Mike Brady travaille Limace à seins
Limace à seins
pour le département de la santé dans une petite ville américaine ; lorsque plusieurs morts mystérieuses sont constatées à quelques jours d'intervalle, il se tourne vers son pote de l'hygiène publique et son pote spécialiste des limaces pour résoudre la situation. Ils découvriront que les gastéropodes du coin ont tendance à muter, à mordre, et à faire de grosses surprise-parties dégoûtantes au cours desquelles elles se grimpent les unes sur les autres en se bavant dessus.

Attention, spoilers !

Reconnaissons au réalisateur une qualité : il assume sans honte le statut de nanar de ses films. Héritant d'une histoire de limace tueuses et armé d'un budget ridicule, il prend le taureau par ses petites cornes et enquille les scènes "à faire" en jouant au maximum sur le non-montré. On commence donc par un couple de jeunes gens en goguette, prêts à forniquer sur une barque au milieu d'un lac jusqu'à ce que le Monsieur soit happé dans l'eau par "quelque chose" qui le dévore. Jusque là, Simon la joue Dents de la mer. Il présente ensuite ses personnages, savamment divisés entre les adultes raisonnables et les jeunes cools, et s'emploie à massacrer en priorité les jeunes cools (ambiance slasher Limace à craie
Limace sacrée
movies, on punit les pécheurs). Il déploie pour l'occasion une palette d'effets gore sympathiques en s'efforçant au maximum de ne pas montrer ses limaces en action ; on pourrait presque être convaincu par leur présence gluante et frissonner à l'idée de tomber sur un parterre de ces créatures. Mais au bout de 30 minutes, le cinéaste craque : il montre une limace en gros plan, mordant subitement le doigt du héros. Cette simple seconde de film, qui a dû faire pleurer de rire l'équipe technique chargée de la tourner, fout joyeusement en l'air le sérieux de l'ensemble, et rend aimablement divertissant tout ce qui s'ensuit : la salade qui bouge, la scène de restaurant qui évoque Alien, et le final tout nul qui consiste à faire exploser les bestioles (« Tu veux dire que tu as trouvé un produit qui explose au contact des corps humides, et tu veux l'utiliser dans les égoûts ? - Oui. - OK. »).

On rigole, on rigole, mais le pire a été évité : le roman a connu une suite appelée Breeding ground, que personne n'a heureusement osé porter à l'écran...