6/10Miraï, une petite sœur bouleversante

/ Critique - écrit par nazonfly, le 06/12/2018
Notre verdict : 6/10 - Mirail to lose (Fiche technique)

Tags : mirai kun film petite soeur cinema hosoda

Les enfants sont capricieux. Les enfants sont méchants. Les enfants sont affreux. Surtout entre frère et sœur.

Né en 1967, Mamoru Hosada est l’une des étoiles montantes du cinéma d’animation japonais avec La traversée du temps, Le garçon et la bête, Summer wars ou le magnifique Ame et Yuki, les enfants-loups. Miraï, ma petite sœur qui va sortir sur les écrans nationaux le 26 décembre prochain s’intéresse à l’histoire de Kun, un petit bout de chou japonais qui voit sa vie bouleversée par l’arrivée d’une petite sœur répondant au nom de Miraï. N’étant plus l’objet unique de l’attention de ses parents, Kun va s’évader dans un monde merveilleux où ses proches lui permettront, petit à petit, de franchir les étapes nécessaires à l’acceptation de cette petite sœur.


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L’arrivée d’un enfant dans un couple est toujours un moment particulier parce qu’il change complètement la vie mais tous les parents vous le diront : la survenue d’un deuxième bambin n’est plus un simple changement mais un bouleversement encore plus profond, notamment pour l’aîné qui peut vite ressentir une certaine jalousie vis-à-vis de cet autre être qui lui vole ses parents. C’est cet instant délicat que Mamoru Hosada a choisi d’explorer en choisissant, en plus, de placer un papa architecte freelance en maître de maison remplaçant, forcément maladroitement, sa femme partie retourner travailler. Évidemment, la nullité évidente de ce papa fera bondir tous les papas présents dans la salle mais, après tout, on a l’habitude : l’homme est, dans la plupart des cas au cinéma, un sujet drôle quand il doit rester à la maison pour s’occuper des tâches ménagères, enfants y compris.


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Une fois évacuée cette petite déception initiale, on peut se pencher sur le véritable sujet du film, le lien entre Kun et Miraï. Bien sûr, la petite Miraï reste un bébé, ces êtres assez étranges passant leur temps à manger, dormir, parfois pleurer et, plus rarement, rire. À l’opposé, Kun est une boule d’énergie passant d’un sentiment à l’autre en un quart de seconde, pleurant, riant, hurlant, courant d’un côté à l’autre de la maison, parfois hyper gentil avec sa sœur, parfois d’une méchanceté incroyable. Le tableau de ce côté est bien brossé et l’on parvient, sans peine, à reconnaître n’importe quel enfant de moins de 5 ans. Le portrait de cette famille, somme tout assez normale, est finalement sans surprise et, bizarrement pour l’auteur d’Ame et Yuki, les enfants-loups, sans beaucoup de poésie ou d’instants magiques.


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On se dit alors que ces instants magiques, ces moments poétiques pourraient se trouver dans le monde merveilleux dans lequel s’évade Kun, un monde où il peut parler à son grand-père quand il était jeune, où il peut s’entretenir avec son chien devenu un humain plutôt classieux, où il peut découvrir sa sœur quand elle sera adolescente. S’il y a certes des moments plutôt chouettes, voire très drôles, il manque souvent un petit quelque chose pour emmener totalement le spectateur comme peut le faire un Mon voisin Totoro pour prendre un exemple éculé qui joue un peu dans la même cour (un monde fantastique pour passer des étapes importantes du monde réel). Au fur et à mesure du film, le monde merveilleux et le monde réel se mêlent et s’entremêlent provoquant des scènes terriblement drôles (ah ce tordant 1-2-3 soleil!) jusqu’à ce qu’enfin Kun parvienne à trouver la paix intérieure et surtout la paix avec sa petite sœur.

Malgré des dessins sublimes (les plans « vus d’avion » de la ville sont tout juste magnifiques) et un scénario pourtant emballant, Miraï ma petite sœur semble pourtant manquer d’un supplément d’âme qui permettrait d’en faire un film aussi touchant que Totoro, Ame et Yuki ou Your name pour ne citer que quelques unes des références. Il n’en reste pas moins un film sympathique à regarder qui décrit parfaitement, avec un peu de poésie et de fantastique, les relations difficiles qui peuvent exister entre deux enfants quand ils sont jeunes.