6.5/10Miami Vice - Deux flics à Miami

/ Critique - écrit par Nicolas, le 16/08/2006
Notre verdict : 6.5/10 - Mann on Fire (Fiche technique)

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Mann on Fire

Comment reconnaître une série culte ? La plupart du temps, le générique de celle-ci peut être fredonné par une large portion de votre entourage, vous pouvez vérifier avec 2 Flics à Miami. Michael Mann, réalisateur emblématique d'Hollywood et accessoirement producteur exécutif de la série originelle, a peut-être mis du temps à se rendre compte à quel point le revival pouvait ameuter les foules, mais une fois lancé, rien ne l'arrête : catastrophes à répétition (ouragan dévastateur, attaque à main armée), budget à rallonge (prévu à 165 millions de dollars, le film finira près des 200), acteur intenable (overdose de Colin Farrell), rien ne viendra entamer sa conviction. Après plus d'un an d'embûches, le vice de Miami se découvre enfin à nous...

Suite aux meurtres de deux agents fédéraux infiltrés et de la femme d'un informateur, les détectives Sonny Crockett (Colin Farrell) et Ricardo Tubbs (Jamie Foxx) sont chargés d'infiltrer un réseau de drogue connu sous le nom de "Frères Aryens". Ils ne tardent pas à rencontrer les principaux acteurs de cette organisation : Arcàngel de Jésus Montoya (Luis Tosar), le grand parrain ; José Yero (John Ortiz), le sous-fifre soupçonneux ; et Isabella (Gong Li), femme de confiance du grand patron...

Nul doute que si le scénario avait été présenté sans les éléments clés aisément reconnaissables sur la plupart des bus et des panneaux d'affichage urbains, l'histoire aurait été autre. Mais voilà, s'il existe un vice à Hollywood qui peut faire d'une honnête flic story un monstrueux blockbuster, c'est bien la notoriété : adaptation de la série culte des années 80 "2 Flics à Miami" (Miami Vice pour les adeptes de la VO), scénarisé / réalisé / produit par Michael Mann (Collateral, Heat), interprété par Colin Farrell et Jamie Foxx, et doté d'un budget colossal de 200 millions de dollars. Il n'en faut pas plus à un gérant de complexe cinématographique (et on le comprend parfaitement) pour projeter les tribulations de Sonny Crockett et son buddy Ricardo Tubbs sur plusieurs salles, même si le résultat n'est, toutes proportions gardées, pas ce que l'on pourrait appeler une révolution dans le thriller. En toute honnêteté, rien de plus qu'un bon épisode de série un peu plus travaillé qu'à l'accoutumée, mais animé par deux coquilles plus ou moins vides (Crockett et Tubbs, réglés au diapason jusqu'à atteindre la quasi-indifférence face au danger) qui réussissent tout ou presque. Même rehaussée d'une love story undercover elle aussi (Gong Li, tout charme dehors), la sauce prend moyen, faute au jeu monotone des deux têtes d'affiche. Il y a bien Colin Farrell pour froncer un sourcil ou deux dans les moments chauds, mais ce sera tout. A côté de tout cela, Mann se vante. D'abord, de s'être sérieusement documenté sur le sujet (les agents en infiltration), mais aussi de posséder une technicité et un style bien propre à lui. Si le résultat obtenu à partir du premier point peut être discutable, le second se révèle le point fort du film. Une réalisation impeccable (lorgnant évidemment sur le dernier succès du réalisateur Collateral), filmée à l'épaule en caméra Haute Définition, qui peut tout aussi bien insister en gros plan sur un détail de l'intrigue ou de la scène, ou s'envoler au dessus de magnifiques paysages floridiens. L'addition est d'un réalisme parfois palpable, qui prend réellement aux tripes quand il s'agit de se tirer dessus, une réussite soulignée par une bande sonore léchée, bruyante, et généreuse sur les basses.

Un film en demi-teinte, qui aura l'avantage de pouvoir plaire aux masses sans s'oublier dans le produit pur fan. Si le scénario se brode autour de ficelles plutôt minces, défaut que peinent à effacer deux têtes d'affiche pas franchement inspirées, Mann parvient avec son style habituel à faire quelque chose de son Miami Vice qui ne soit ni ennuyeux, ni repoussant.