6/10Melancholia, déprimant

/ Critique - écrit par nazonfly, le 25/09/2011
Notre verdict : 6/10 - La planète qui porte bien son nom (Fiche technique)

Tags : melancholia film melancolie von trier lars cinema

Cannes 2011. Lars Von Trier est en lice pour son film, Melancholia. Et commet
Vilain nazi, on a bien vu ta chemise rouge !
l'impair (une blague, se défendra-t-il) de parler d'Hitler, de Juifs et de nazi. Aussitôt dit, aussitôt fait, il est déclaré persona non grata à Cannes malgré ses excuses. Toutefois son film reste à l'écran et en compétition, ce qui vaudra à Kirsten Dunst, l'un des regards les plus vides du cinéma américain (il suffit de visionner Spider-man pour constater que, dans cette catégorie, elle est l'égale de Maggie Gyllenhaal ou Katie Holmes),  de recevoir le Prix d'Interprétation Féminine. Cela dit, il nous faut reconnaître que, dans ce cas particulier (comme du reste dans Marie-Antoinette), ce regard sied à merveille au rôle : Kirsten y joue une jeune mariée (Justine) qui se révèle, dans une première partie longue et ennuyeuse, totalement à la dérive avant de sombrer petit à petit puis de renaître à la vie d'un seul coup dans une seconde partie intense et eschatologique.

Gainsbourg et Dunst sont sur un bateau

À côté de ce personnage principal qui traverse Melancholia comme une
Deux sœurs donc...
évanescente absence et qui représente justement cette mélancolie plus proche de la dépression, se tient Charlotte Gainsbourg qui campe Claire, la sœur de Kirsten Dunst. Nous ne gloserons pas plus avant sur la crédibilité du lien de fratrie entre la blonde américaine et la brune française. Toujours est-il que Claire suit le cheminement inverse de Justine : de marieuse sympathique et attentionnée, elle devient la béquille de sa sœur avant de perdre petit à petit les pédales tandis que son monde s'effondre. Son monde et le monde. Car c'est bien le plus étonnant dans Melancholia : Lars Von Trier couple son histoire sur la dépression, sur sa propre dépression paraît-il, à une mise en évidence lourdingue par l'intermédiaire d'un géocroiseur, une planète du nom de Melancholia, qui viendra mettre fin à toute vie sur Terre. La mélancolie qui vient supprimer la vie, on aura franchement connu plus fin comme comparaison.

Le bateau coule

C'est finalement en dehors du trio Justine/Claire/Melancholia que les personnages sont plus intéressants : un père coureur de jupons à la mémoire volatile, une mère pour laquelle le terme acariâtre est un sympathique euphémisme, un mari profondément cartésien, un patron pour qui le harcèlement moral est une ligne de conduite, un enfant forcément innocent. Chacun de ces personnages semble avoir son propre rôle dans la maladie de Justine et son évolution, même si Von Trier apporte un tout autre éclairage par une révélation surprenante au cours de la deuxième partie. Non, nous ne vous en dirons rien de plus.

Que reste-t-il ?

En réalité, la véritable réussite de Melancholia tient tout d'abord dans son
Une bien belle image
aspect visuel. Même si Lars Von Trier a déclaré que « la pire des choses serait de dire comme Nordisk Film : il y a de belles images », il faut constater que, à l'instar de Tree of life de Terrence Malick, il y a de belles images mais que le fond semble plus douteux (d'autant plus que dans Melancholia, on retrouve aussi des plans sur de lointaines nébuleuses ou galaxies. Peut-être pour faire un hommage à 2001, après tout nous sommes en 2011). Les premières minutes du film sont d'ailleurs marquantes et magnifiques, à mi-chemin entre la peinture et le cinéma. Mais le sentiment qui l'emporte sur tous les autres, c'est un malaise, à la limite de la nausée, qui se développe au long du film, notamment par le biais de la musique, le thème de Tristan et Isolde de Wagner qui revient, encore et toujours, et provoque de réels hauts-le-cœur.

Ben rien

Vous l'aurez compris, chers lecteurs de Krinein, Melancholia est loin de nous avoir pleinement satisfait même si, comme souvent, on peut aussi parfaitement comprendre pourquoi un tel film peut séduire. Nous ne sommes pas rentrés dedans, la faute à un film trop personnel, à une histoire finalement pas si intéressante ou encore à une mélange astronomico-sociologique indigeste. Impossible de le savoir. Ce qui est sûr, c'est que même Lars Von Trier semble prêt à renier ce film « comme un organe transplanté par erreur ».