7.5/10Mad Max: Fury Road

/ Critique - écrit par nazonfly, le 10/07/2015
Notre verdict : 7.5/10 - Max le fou sur la route de la fureur (Fiche technique)

Tags : mad film fury road miller george furiosa

Mad Max est de retour. Et il n'est pas content.

L'avantage de traîner pour critiquer un film, c'est de voir ce qu'il en reste quelques semaines après le visionnage. Deux mois après Mad Max Fury Road, qu'en penser ?

De sang et de fureur

Courses-poursuites, explosions, éclats de guitare échevelés… Pas de doute il faut reconnaître à Georges Miller la maîtrise du rythme et du tempo : avant toute chose, Mad Max Fury Road est une énorme claque visuelle et émotionnelle qui vous fait enfoncer les ongles dans les accoudoirs sans même que vous vous en rendiez compte, si ce n'est à la faveur des respirations judicieusement placées par le réalisateur pour permettre au spectateur de sortir de son apnée avant de nouveau de le plonger dans ces scènes intenses qui ne laissent pas de répit. Les 99 % du film sont tellement prenants et entraînants que le spectateur n'a même pas le temps de prendre conscience des nombreuses incohérences scénaristiques (pointées sans mauvaise foi aucune par l'excellent Odieux Connard, allez le lire on n'y reviendra pas ici !).


I see deserts are yelow and I said to myself "what a wonderful world" DR.

 

Ailleurs étrange et superbe

Il faut dire que l'ensemble de ce Fury Road est tourné vers l'expérience sensorielle : les superbes décors sont là pour faire perdre toute référence au spectateur, lâché au milieu des sables avec pour seul horizon de lointaines montagnes. Mais cela n'est rien par rapport aux gigantesques tempêtes de poussière qui surgissent nous laissant comme Max le nez dans le sable. Et les rares endroits qui ne font pas partie de ce désert vicieux sont mémorables : des incroyables mesas de pierre de la citadelle, truffées de mécanismes et d'engrenages, aux marais d'une étrangeté saisissante en passant par un lac de sel sans fin. Autant de détails qui, sans en avoir l'air, sont des éléments d'un monde qui semble cohérent et qui possède cette ouverture qui dépasse son sujet.

Absurdité humaine

Mais ce monde reste profondément absurde. Absurde car bien que le pétrole manque, les grosses cylindrées ont la part belle. Vous me direz qu'il est sans doute beaucoup moins rigolo de faire des châteaux de sable que de se bastonner à coups de lance-flammes. Absurde avec ces courses-poursuite inlassables dans le désert. Absurde avec ces méchants tout juste bons à passer à l'as devant la caméra, si possible avec le plus de cascades possibles. Absurde enfin avec ce Mad Max qui rappelle bizarrement la blague éculée du fou (Mad) qui se balade avec une portière dans le désert.


- Salut moi c'est Max. - OK t'es bien gentil mais tu te casses de mon film. DR.

 

Furiosa en tête de proue

En réalité, ce Max (Tom Hardy), bien qu'il donne son nom au film, est loin d'en être le personnage principal. Mutique la plupart du temps, il passe un sacré bout de temps enchaîné à une voiture comme un vulgaire bouchon de radiateur et passe le reste du film à se faire sauver les miches par les personnages féminins, Furiosa (Charlize Theron) en tête, ce qui a pu donner à certains l'envie de voir dans Fury Road un film féministe. Nous n'irons pas aussi loin parce que si Furiosa a effectivement un grand et beau rôle, elle est bien seule au milieu de plantes vertes (en réalité, blonde, brune ou rousse) plus ou moins décoratives qui, certes, parfois, n'hésitent pas à flanquer une bonne torgnole aux méchants. Des méchants qui ont d'ailleurs de vraies gueules de méchants avec en tête de proue Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne), tout droit sorti d'un comic book, archétype du méchant égoïste, malade (physiquement et mentalement), effrayant.

Malgré ses défauts, Mad Max Fury Road reste un film à voir au cinéma, le genre de film qui perdra sans doute une grande partie de son intérêt sur petit écran tant l'immersion est profonde, le genre qui sait donner le petit plaisir coupable de s'enfoncer dans un scénario simple (voire simpliste) et sans détour en laissant libre court à nos sens. Une réussite dans son genre. Et tant pis si c'est trop tard pour vous.