
Looper : pas loupé.
Dès qu'un film parle de voyage dans le temps, forcément, la circonspection est de rigueur. Jugez plutôt sur le pitch : Dans les soixante ans qui viennent, la machine à remonter le temps sera une réalité. Jugée illégale, elle ne sera utilisée que par les organisations mafieuses pour faire disparaitre les gêneurs. Ici interviennent les Loopers, qui réceptionnent trente ans avant les "colis" et les exécutent séance tenante. Lorsque l'assassin doit être remercié, c'est son alter ego du futur que l'on envoie se faire occire : le Looper reçoit une coquette somme d'argent pour ses services et dispose donc de trente ans devant lui. Vous imaginez bien le nombre de paradoxes temporels qu'un tel concept peut engendrer, ce que le film essaye d'enterrer par un dialogue de Bruce Willis que l'on résumera par "on s'en fout de tout ça !".
DR.Mais pourtant, Looper ne manque pas de qualités, en dépit d'une production un peu cheap qui fait passer le futur pour le quotidien d'un actuel quartier mal famé de New York. On trouvera bien une sorte de moto volante et un téléphone portable extra-plat pour le côté "technologie du futur", mais l'on est encore assez éloigné des visions extravagantes habituelles. Là où le film gagne son intérêt, c'est sur sa problématique originale qui va confronter Joe, l'un des Loopers, à lui-même trente ans plus vieux. Le junior se fait tabasser par le senior, ce dernier s'évanouit avec un obscur dessein en tête, et le jeune Joe doit désormais le traquer pour récupérer sa vie – un Looper qui ne boucle pas sa boucle finit très mal, tout le monde le sait. On s'attend à ce que les deux versions de Joe collaborent pour un futur meilleur, mais la réalité sera toute autre, un peu plus fine et surtout beaucoup moins positive que ce que l'on imagine au début. Looper se permet même des fulgurances un peu glauques s'appuyant sur des paradoxes temporels complètement indéfendables mais qui ont leur petit effet, suspense au poing. Sans spoiler, disons qu'il s'agit d'une méthode efficace pour attraper le vieux lorsque l'on détient le jeune. Le film part ensuite dans de multiples considérations qui vont impliquer romance, chasse à l'homme et pouvoirs mystiques, avec ses hauts et c'est bas. Tout n'est pas cohérent, mais l'on reste happé par la densité de l'intrigue et le malaise ambiant qu'elle dégage. Sur la forme, Looper joue un peu sur la déstructuration en dispensant quelques éléments du futur à des moments clés, pour expliquer tel ou tel point obscur de l'histoire. C'est plutôt bien fait, assez compréhensible malgré l'austérité de la mise en scène. Le casting s'en sort convenablement même si le rapprochement physique entre Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis peut sembler un peu tiré par les cheveux, c'est le cas de le dire.
Nouveau poids lourd du film d'anticipation ? Peut-être pas, mais Looper est une bonne surprise à découvrir, peu sexy dans sa forme mais intéressante à bien des égards.
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10 commentaires
Pucy Cadole
03/11/2012 à 18h04Répondre
Je l'ai vu hier et je suis entièrement d'accord avec la critique. Ce n'est pas un graaand film d'anticipation mais c'était bon, avec quelques moments qui nous tiennent bien en haleine.http://cinema.krinein.com/-25832/looper ... 19952.html
hiddenplace
07/11/2012 à 21h35Répondre
D'accord avec Nicolas et Pucy Cadole. Ce n'est clairement pas un modèle d'originalité (voyage dans le temps, confrontation avec le soi futur, Biff Tannen tout ça), mais ça fonctionne bien. Bon y a pas de hoverboards, mais comme dit Nicolas, y a des motos qui volent.
La fin est vraiment sympa, et en effet le film arrive à éviter les sentiers qu'on pensait qu'il prendrait :
Mention spéciale à Joseph Gordon Levitt avec des lentilles bleues et un faux nez (j'ai cherché longtemps le truc qui clochait par rapport à d'habitude^^) qui se régale à imiter l'attitude et la voix nonchalante de Bruce Willis.
hiddenplace
08/11/2012 à 00h11Répondre
http://odieuxconnard.wordpress.com/2012/11/04/loupeurs/
Bon comme d'hab il cherche la ptite bête, mais il a pas tort sur plein de points, quand même, quand on y pense^^
Pucy Cadole
08/11/2012 à 00h52Répondre
Pour le truc qui cloche, ils n'ont pas seulement changé la couleur mais aussi modifié la forme des yeux (maquillage ou numérique, j'sais pas). Bien fait en tout cas
J'adore l'intro de l'article de l'Odieux C.., mais bon, après, faire une critique sur un film qu'on a vu (mal)doublé en français.... hmmm c'est risquer de faire des bourdes.
L'exercice est sympa mais il a pinaillé sur deux/trois trucs qui sont expliqués dans le film. Un exemple au hasard,
Dans le même genre je préférais http://lesfilmsdemerde.blogspot.be/, qui est malheureusement en stand-by.
Loïc Massaïa
08/11/2012 à 08h35Répondre
Pour le truc qui cloche, ils n'ont pas seulement changé la couleur mais aussi modifié la forme des yeux (maquillage ou numérique, j'sais pas). Bien fait en tout cas
J'adore l'intro de l'article de l'Odieux C.., mais bon, après, faire une critique sur un film qu'on a vu (mal)doublé en français.... hmmm c'est risquer de faire des bourdes.
L'exercice est sympa mais il a pinaillé sur deux/trois trucs qui sont expliqués dans le film. Un exemple au hasard,
Dans le même genre je préférais http://lesfilmsdemerde.blogspot.be/, qui est malheureusement en stand-by.
Oui mais odieux connard se doit de bien porter son titre. S'il n'était jamais de mauvaise fois, ce ne serait plus qu'un internaute commun
Et puis je ne sais pas comment il 's'y prend pour rédiger ses spoilers, mais s'il ne télécharge pas de film chez lui, pour revoir ses scènes, des enchaînements tout ça, quand même c'est normal de se tromper parfois.
gyzmo
08/11/2012 à 09h56Répondre
La tronche de Joseph Gordon Levitt m'a pas mal dérangé tout au long du film. Le maquillage artificiel m'a paru grossier, même si au niveau du jeu, l'acteur a fait un travail mimétique intéressant - mais qui parfois m'a plus fait penser à De Niro pastiché par José Garcia.
Concernant l'intrigue et le thème du voyage temporel (et ses choix/conséquences), ça n'est effectivement pas du tout original. Cela a été exploité dans tous les sens de manière plus ou moins réussie (Terminator, Un jour sans Fin ou *roulement de tambour* TimeCop). Tous les ans, ou presque, on a d'ailleurs droit à un film / une série du genre. Ce Looper me semble plutôt dans le haut du panier. Pas inoubliable, mais doté de quelques scènes marquantes (LA scène avec Seth, l'objectif du perso joué par Willis). Après, le film n'a clairement pas la puissance de L'Armée des Douze Singes, c'est sûr. Mais ça reste un bon divertissement.
Loïc Massaïa
08/11/2012 à 13h30Répondre
Après, le film n'a clairement pas la puissance de L'Armée des Douze Singes, c'est sûr.
Je souscris
Difficile de faire mieux que l'armée des 12 singe en même temps. Je crois d'ailleurs l'armée des 12 singe est aussi le film qui s'en sort le mieux niveau cohérence des voyages dans le temps (sujet fascinant mais immensément casse-gueule).
sven
08/11/2012 à 13h39Répondre
Oh que oui!
Sinon, intrigué par ce Looper. Peut-être irai-je le voir samedi...
hiddenplace
08/11/2012 à 14h01Répondre
J'adore l'intro de l'article de l'Odieux C.., mais bon, après, faire une critique sur un film qu'on a vu (mal)doublé en français.... hmmm c'est risquer de faire des bourdes.
Pour la mauvaise foi, Odieux Connard revendique clairement ça comme une marque de fabrique. Même s'il faut bien avouer qu'à part les détails que tu cites (
Pour la VF, je suis aussi vraiment une pro VO, mais bon au ciné, tout le monde n'a pas la chance de les voir en VO, donc difficile de l'attaquer là-dessus. C'est dommage, mais il ne va pas s'abstenir de faire son article à cause de ça. Même s'il est grillé dès le début quand il dit que Joe cherche à apprendre l'italien pour aller à Rome au lieu d'apprendre le français. (grand moment de ridicule, à ce propos, quand Bruce Willis dit en français "je sais que tu as une arme entre tes jambes" c'était tellement incompréhensible qu'ils ont été obligés de sous-titrer quand même^^) En tout cas, pour avoir aussi lu les commentaires de l'article, qu'est-ce que ça peut se friter à ce sujet de la VF (les gens qui commentent sont d'ailleurs encore plus odieux connards que le blogueur lui-même )
Enfin concernant le maquillage, c'est même pas tant qu'il était mal fait, c'est juste qu'il était... bizarre. Et je ne sais pas si c'est du numérique ou un faux nez pour de vrai, mais dans tous les cas, j'avais un peu l'impression que ça lui anesthésiait le visage. Bon, on va dire que niveau imitation de Bruce Willis, ça colle, vu que celui-ci n'est pas le roi de l'expressivité, mais c'est un peu dommage pour Gordon Levitt (que j'aime bien, en plus ). Toute façon, penser à la base que Gordon Levitt puisse devenir Bruce Willis dans 30 ans, c'est déjà complètement , alors on est plus à ça près.
hiddenplace
12/11/2012 à 18h56Répondre
Il veut partir en Italie.