8.5/10Là-haut

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/07/2009
Notre verdict : 8.5/10 - Les hurlements d’là-haut (Fiche technique)

Tags : film carl maison animation pixar disney ellie

Carl s'envoie en l'air pour accomplir le projet qu'il partageait avec sa femme. Mais il va devoir prendre en compte l'irruption d'un gamin à l'enthousiasme irritant, et celle de plusieurs autres éléments invasifs. Une nouvelle réussite de Pixar, plus mature que les autres.

Après avoir animé du jouet, du poisson, du super-héros, du rat et du robot, Pixar érige en héros 2009 un papy de quasiment quatre-vingts ans, le nez chaussé d'énorme bésicles et la main armée d'une canne aux allures de déambulateur. Le virage est de taille, mais les animateurs de talent qui animent le studio le négocient avec brio, et conservent au passage une structure assez classique qui permettra à tous les publics de trouver leurs marques.

C'est l'histoire d'un petit garçon qui rêve d'aventure. Qui rencontre une petite fille comme lui, grandit et l'épouse. Qui vieillit avec elle et laisse de côté ses rêves d'aventure. Serait-ce la fin ? Non, le film ne fait que commencer, après avoir raconté une vie presque complète en l'espace de quelques minutes. Devenu veuf,
Carl Fredrickson (vocalisé par Edward Asner en v.o. et Charles Aznavour en français) décide sur un coup de tête de s'envoler vers les Chutes du Paradis, pour y installer sa maison et accomplir ainsi la chimère que sa femme Ellie et lui caressaient. Bien entendu, son voyage lui réserve quelques surprises, d'autant qu'un gamin s'y est joint malgré lui...

Là-haut présente plus d'un point commun avec Gran Torino : il est question d'un vieux grincheux en conflit avec son quartier changeant, de sa rencontre avec un petit jeune mal fini (d'origine asiatique dans les deux cas !), de sa lente prise de conscience à propos d'un aspect de sa vie... et il s'agit d'un des meilleurs films de l'année. Présenté il y a quelques mois en ouverture du festival de Cannes, constituant à la fois le premier film d'animation et le premier film en 3D à remplir cette fonction, la dernière livraison des studios Pixar ne laissait pas d'intriguer. L'aventure humaine semblait prédominer sur les tribulations picaresques, et l'expression "haut en couleurs" paraissait devoir s'appliquer essentiellement aux ballons qui emportent la maison de Carl au-dessus des nuages. A vrai dire, les références qui peuvent sauter à l'esprit après Gran Torino (pour les grandes lignes seulement) sont au nombre de deux : la première, vite oubliée tant le visuel est différent, est le prologue du Sens de la vie des Monty Python (intitulé The Crimson Permanent Insurance Company) dans lequel une armée de vieux comptables transforment un immeuble en navire à l'aide de bric et de broc ; la
deuxième, plus persistante, est l'œuvre de Jules Verne, dont on retrouve à la fois le goût de l'exotisme et de l'épopée (cinq semaines en ballons ?), les inventions bizarroïdes, et le héros aussi naïf qu'excentrique.

Passons rapidement sur la prouesse technique qui rend les personnages aussi attachants que des vrais, ainsi que sur le procédé 3D dont on peut finir par avoir une indigestion (quelques semaines après L'âge de glace 3, quelques mois avant Tempête de boulettes géantes et Mission-G), pour évoquer les quelques points noirs du film, dont on se gardera bien de révéler trop avant l'intrigue judicieusement cachée par les spots de promotion : les bons sentiments sont étalés de façon un peu complaisante, et le papy se voit progressivement doté d'une forme physique bien trop invraisemblable pour un type qui ne pouvait pas descendre un escalier au début, accomplissant des exploits que même un jeune homme en parfait état n'envisagerait pas pour tout l'or du monde. Mais sorti de cette portion congrue que l'on devine développée à l'usage du jeune public, Là-haut est surtout un film émouvant, intelligent, bien écrit, et représente peut-être la première production réellement "tout public" de Pixar, par opposition aux précédents qui restaient, même à leur pinacle, des "films pour enfants que les adultes peuvent aimer au point d'y aller sans enfants".