7/10Kelin

/ Critique - écrit par Nicolas, le 02/08/2010
Notre verdict : 7/10 - Paroles mesurées (Fiche technique)

Tags : kelin drame film societe paris entreprise services

Un direct-to-DVD de bonne qualité, sans paroles et sans fioritures, qui se positionne comme une bonne occasion de découvrir le cinéma kazakh.

Dans les steppes du IIème siècle, au Kazakhstan, deux prétendants négocient la main d'une jeune fille. Au grand malheur de celle-ci et des sentiments qu'elle porte à l'un des aspirants, le plus riche l'emporte, et elle part en sa compagnie. Au fil des jours, elle apprend à aimer la vie qu'on lui a imposé, jusqu'au moment où son concubin est retrouvé assassiné, mortellement blessé par le premier prétendant...


Il y a d'entrée deux choses à savoir sur Kelin. La première, c'est que le film n'a pas été nominé aux Oscars 2010 comme cela est présenté sur la jaquette, mais seulement présélectionné - information précisée sur le dos du boîtier ; la seconde, c'est qu'il s'agit d'un film kazakh sans paroles. Vous avez bien lu, aucun mot ne sera prononcé pendant le film, juste des gémissements, des grognements, des petits bruits laissés à notre interprétation. Il s'agit donc d'une œuvre particulière, non taillée pour le grand public, qui ne pourra certainement pas devenir l'étendard du cinéma kazakhstan. Cependant, en dehors de tout ça, Kelin n'est pas un mauvais film. L'absence de dialogues ne nuit en rien à la compréhension générale de l'œuvre, juste qu'elle sème le doute sur certains détails difficile à exposer pleinement en images. Mais les actes se suffisent à eux-mêmes, renforcés par une simplicité désarmante, et universalisent une intrigue très sommaire. Tout y est brut de forme, à commencer par la romance soulignée de l'histoire de la jeune fille, devenue au fil de l'eau un drame familial à part entière où chacun est entraîné. Il y a de la jalousie, de la haine, de l'amour, de l'envie, un tas de sentiments qui ne sont pas exprimés autrement que par des attitudes et des expressions, et que chacun pourra évaluer à sa façon. Le réalisateur Ermek Tursunov plonge ses personnages dans les grandes étendues montagneuses du Kazakhstan, offrant à l'intrigue un panorama de très grande qualité. Son porté de caméra a de l'allure, et parvient à capter convenablement les émotions de ses acteurs, même si le jeu de ceux-ci se montre parfois un peu léger. Dépaysant, le film s'attarde aussi à présenter quelques rites traditionnels, parfois en longueur, où la nature retrouve sa première place.

Loin d'une grosse production contemporaine, le Kazakhstan nous livre un film d'une beauté plastique exemplaire, plongé dans les steppes enneigées d'une époque lointaine où des sentiments comme la jalousie ou l'amour existaient déjà. Etant sans paroles, il ne représente pas une œuvre accessible à tous, mais se positionne davantage comme une curiosité intellectuelle à découvrir.