7/10Kalifornia

/ Critique - écrit par Filipe, le 10/04/2002
Notre verdict : 7/10 - Sublime Juliette Lewis. (Fiche technique)

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Tout en rejoignant la Californie, Brian et Carrie veulent retracer la route des plus grands meurtriers de l'histoire des Etats-Unis. Pour partager leurs frais de voyage, ils prennent avec eux Early, qui vient de sortir de prison, et Adèle, sa compagne.

Le jeune couple d'étudiants, qui rêverait de sortir un livre pour couronner la fin de ses études, se retrouvent sans le savoir aux côtés d'un des plus dangereux criminels que l'Amérique ait connu.

Kalifornia est un road-movie de deux heures, sorti le 8 septembre 1993, réalisé par Dominic Sena et mettant en scène
Brad Pitt, Juliette Lewis, David Duchovny et Michelle Forbes. Le scénario est signé Tim Metcalfe, les images, Bojan Bazelli et la musique, Carter Burwell. Voilà pour les références !

Que dire du film en lui-même ? Quatre personnages complètement différents lancés dans une folle aventure sans temps-mort. A l'instar de ses deux héros, le réalisateur tente de percevoir et de comprendre ce qui incite au meurtre, ce qui rend un homme mauvais envers autrui et ce qui le pousse à commettre l'irréparable. Ce qui fait de Kalifornia un film sans concession, violent et sanglant.

Et comme souvent, est traité en parallèle le thème de l'amour et de l'amitié. Jusqu'où peut mener l'attachement à quelqu'un ? Ce quelqu'un peut-il nous influencer jusqu'à changer notre personnalité ? Est-il possible de se lier d'amitié avec quelqu'un qui ne nous ressemble en aucun point ? Sont présentées deux conceptions de l'amour avec nos deux couples : Brian/Carrie -posés, sérieux- et Early/Adèle -passion violente et passionnée hors de toute réalité. Brian est celui qui souhaite écrire un livre sur les tueurs en série. Il est talentueux et motivé. Sûr de lui et très attaché à sa compagne Carrie depuis trois ans, il est celui qui propose cette escapade en direction de la Californie sur les traces des meurtriers qui ont marqué l'histoire américaine. Il est interprété avec classe par un David Duchovny étonnant qui allait entamer à l'époque le tournage d'une série à petit budget imaginée par Chris Carter : The X Files.

Carrie est donc la petite amie de Brian, qui accepte de le suivre et de l'épauler en s'occupant des photographies. Séduisante, elle est le raffinement même, le calme et la réflexion. Elle est interprétée par Michelle Forbes, qui était jusqu'alors inconnue du grand public.

Sous ses airs de vagabond, derrière une barbe de deux mois, Early cache un secret épouvantable. Sa violence, sa hargne et son intempestivité font de lui une personne peu recommandable comme on en voit dans les bars les plus mal famés des banlieues. Brad Pitt campe avec réalisme ce personnage extravagant, auxquels il n'a pas été habitué (il avait été vu jusqu'alors dans le rôle d'un innocent pêcheur dans Et au milieu coule un rivière et dans le rôle du séduisant auto-stoppeur dans Thelma et Louise). Il est impressionnant et ses cheveux gras et ses tenues vestimentaires cassent une image qui lui est fréquemment prédéfinie.

Enfin, il y a Adèle, véritable déesse de l'insouciante jeunesse et des plaisirs de la vie. Son innocence et son inconscience font d'elle le personnage le plus attendrissant. Elle est "la belle" qui suivrait Early, "la bête", jusqu'au bout du monde. Ayant énormément souffert pendant ses années d'adolescence et s'étant jetée aveuglément dans les bras d'un ancien prisonnier, elle est maintenant une jeune femme à mentalité de jeune fille, soumise et incapable d'agir seule. Interprétée par une Juliette Lewis absolument remarquable -un rôle fait pour elle, une des plus belles interprétations cinématographiques qu'il m'ait été donnée de voir, elle représente l'atout maître de ce film.

Voilà pour Kalifornia, un film indépendant à contre-courant. Intéressant pour les idées qu'il tente de développer, il vaut surtout la peine pour les confrontations entre les quatre héros et les quatre compositions d'acteurs, en particulier celle de Juliette Lewis -Les nerfs à vif, Maris et Femmes- éblouissante de grâce naïve.