7/10Kalidor - La légende du talisman

/ Critique - écrit par Lestat, le 20/03/2007
Notre verdict : 7/10 - Sexe faible (?) (Fiche technique)

Tags : film kalidor conan talisman legende sonja cinema

Sexe faible (?)

Richard Fleischer nous a quittés le 26 mars 2006. Dans la carrière de cet éclectique artisan, du Jules Verne, du thriller, de la science-fiction, de l'épopée sauvage (Les Vikings. Il faut regarder Les Vikings), un vrai Conan qui ne mérite que l'oubli et ce sous-Conan d'opérette qui en revanche mérite bien une entreprise de réhabilitation : Kalidor, la Légende du Talisman. Inspiré d'un personnage de Robert Howard, Red Sonja, qui fit une belle carrière dans les comics, Kalidor est avant tout un véhicule conçu pour suivre le sillage du Conan le Barbare de John Milius, quand bien même Arnold Schwarzenegger n'y tient qu'un second rôle. En tête d'affiche, nous retrouvons en revanche l'ex madame Stallone, Brigitte Nielsen, dont la platitude de jeu se voit compensée par un décolleté à donner le vertige.

Si l'histoire tient en quelques lignes -Sonja la Rousse s'en va se crêper le chignon avec la sorcière du coin, accompagnée du guerrier Kalidor qui passait par là, d'un sidekick comique pas drôle et d'un gamin tête à claque-, si Schwarzenegger limite sa prestation à une composition light de Conan et si l'entreprise en générale souffre de quelques touches d'infantilisme proprement insupportables, Kalidor la Légende du Talisman n'en reste pas moins, à défaut d'une vraie réussite, une curiosité bien appréciable dans le genre Heroic Fantasy. Curiosité car au-delà de ses figures imposées et encore une fois d'éléments regrettables tentant de polir le tout pour le tendre vers un public familial -influence du nabab Dino de Laurentiis, jamais le dernier pour tomber dans le kitsch ?-, Kalidor surprend par son aspect sombre et son monde à l'agonie. Car si l'on laisse de côté les faiblesses du film et l'aura de nanar qui en découle, que reste-t-il : un viol en ouverture, des prêtresses balancées vivantes dans une fosse où résonnent encore leurs cris ou encore la peinture d'une contrée décadente dont la seule forme de pouvoir qui ne soit pas néfaste est représentée par un enfant braillard. L'univers de Kalidor se construit par petites touches et par non-dits et l'on devine, au fur et à mesure des tribulations de nos héros, que la terre ici dépeinte périra probablement en même temps que les hommes qui l'arpentent. L'aspect peu riche et le manque de figurants de Kalidor trouvent ici une légitimation salutaire, alors qu'Arnold Schwarzenegger combat un monstre mécanique "oublié" là par une civilisation que l'on devine supérieure, ou que sa troupe traverse des étendues désolées, parfois hantées par le squelette sans âge de quelque animal géant. Dans un mélange de genres qui aurait fait la fierté des artisans du bis italien, Kalidor donne ici, presque sans le vouloir, la main au cinéma post-apocalyptique, renouant avec ce même pouvoir de suggestion fascinant qui, en quelques dialogues, parvenait à personnaliser les pires catastrophes avec un coin de désert et des voitures rafistolées.

Ce mélange de genres, Richard Fleischer l'assume et en joue, quitte à faire perdre à son film l'unité et le pessimisme dont il avait besoin. Ressorts comiques, affrontements épiques, permettant à Arnold de démolir une poignée de sbires en mugissant, petite percée dans le cinéma d'arts martiaux, alors que Sonja apprend à se battre sous l'égide d'un vieux sage chinois, emprunts à la science-fiction, Kalidor se permet même une touche féministe dans ce monde de brutes. Les femmes au pouvoir donc -face à Brigitte, Sandahl fait la paire, mais de l'autre côté de la barrière-, et au spectateur de se délecter au passage d'une délicieuse sous-intrigue : bien que sa force soit protégée par son refus de tout amour, Sonja succombera-t-elle aux muscles autrichiens d'Arnold, bien décidé à pénétrer la forteresse de sa chasteté ? A ce titre, là où Conan aurait déjà jeté son slip en peau de bête, notre guerrier fait montre d'une patience admirable. Kalidor la Légende du Talisman, fer de lance du romantisme barbare ?