8/10Juno

/ Critique - écrit par riffhifi, le 04/01/2008
Notre verdict : 8/10 - Juno sait pas quoi faire avec ce bébé… (Fiche technique)

Tags : juno film page elliot jason reitman jupiter

Tendre et intelligemment croqué, ce portrait d'une ado enceinte confirme ce que Thank you for smoking laissait penser : Jason Reitman ne ressemble pas à son père Ivan.

Jason Reitman semble opter pour une carrière bien différente de celle de son père : réalisateur de SOS fantômes 1 et 2, Jumeaux ou encore Evolution, Ivan Reitman s'est fait une spécialité de divertissements grand public garnis d'effets spéciaux et d'humour parfois bien grassouillet. Le fiston en revanche a livré l'an dernier un Thank you for smoking tout en demi-teinte, et prouve cette fois avec Juno que les histoires intimistes ne lui font pas peur. Un réalisateur à suivre, dont le nom sera peut-être bientôt plus apprécié que celui que son père.

Juno (Ellen Page) a 16 ans, un père chauffagiste (J.K. Simmons), une belle-mère compréhensive (Allison Janney) et une petite sœur. Et elle est enceinte. Totalement incapable d'imaginer élever cet enfant, elle décide néanmoins de mener sa grossesse à terme et de donner le bébé à un couple qui le désire. En l'occurrence Mark (Jason Bateman) et Vanessa (Jennifer Garner).

A force de manger des cochonneries, on grossit
A force de manger des cochonneries, on grossit
L'histoire de grossesse non désirée, ce n'est pas nouveau. Qu'elle soit vécue par une jeune fille de 16 ans qui met un point d'honneur à bravader, à étaler son caractère de cochon à longueur de journée pour cacher son malaise d'adolescent, c'est déjà plus rare. Le bout de chou est interprété ici par la mimi Ellen Page, vue récemment dans Hard Candy et X-men 3, qui confère à son personnage un caractère en acier trempé, à des kilomètres de l'ado neuneu croisée traditionnellement dans les productions ricaines. C'est d'ailleurs une des principales forces du film : éviter l'écueil du teen movie simpliste tout en s'attachant à restituer le réalisme et la drôlerie inévitablement liés à cet âge de la vie. Le reste des personnages n'est pas pour autant traité à la légère : chacun a droit à son développement propre, du père bougon mais protecteur (J.K. Simmons, qui confirme qu'il est un des meilleurs seconds rôles actuels, et pas seulement en JJ Jameson de Spider-man) au couple de parents adoptifs interprété par une surprenante Jennifer Garner et un Jason Bateman émouvant, en passant par le jeune Michael Cera en amant juvénile et godiche. Ironie du casting : Jason Bateman et Michael Cera, père et fils dans la série Arrested development, se retrouvent ici concurrents potentiels dans leur rôle de papa.

Si la mise en scène de Reitman, comme dans Thank you for smoking, peut paraître Si c'est un alien, je veux avorter
Si c'est un alien, je veux avorter
globalement un peu terne, on doit lui reconnaître la capacité de donner un rythme idéal à son scénario ; ici, ce dernier est signé Diablo Cody, une ancienne strip-teaseuse devenue romancière découverte par le producteur Mason Novick qui consultait régulièrement... son blog ! Fine observatrice des mœurs adolescentes, la scénariste prend soin de ne pas verser dans la caricature, spécialement pour le rôle principal, une Juno particulièrement sympathique malgré sa marginalité.

En définitive, le pire reproche que l'on peut faire à ce film aussi juste qu'émouvant est une incorrection proférée par le personnage de Juno, qui affirme qu'elle a été nommée ainsi en référence à la femme du dieu Zeus. Or la femme de Zeus est Héra, et Junon est celle de Jupiter. Faudrait voir à ne pas mélanger les Grecs et les Romains. C'est dire s'il y a peu de choses à jeter dans Juno.