8/10Intouchables porte bien son titre

/ Critique - écrit par Nicolas, le 15/11/2011
Notre verdict : 8/10 - Touchant (Fiche technique)

Tags : film intouchables driss philippe francais cinema france

Je vais vous l’avouer sans honte : il fut un temps où aller voir un film français me filait des boutons. Cela arrive encore parfois. J’ai souvent trouvé que le cinéma français se regardait le nombril, se spécialisait dans le film intimiste étroit d’esprit où il devenait difficile de s’imprégner de l’histoire ou des personnages. Il y a eu de très bons films, même des chefs-d’œuvre, certes, une généralité n’empêche pas l’exception. L’arrivée du duo Toledano / Nakache sur la scène hexagonale a bouleversé cet état d’esprit, m’a démontré que le film français pouvait à la fois être chargé d’émotions, d’humour, de talent, de quelque chose qui fait vrai.

Intouchables porte bien son titre
DR.Très vite, les réalisateurs ont compris quelque chose : il faut miser sur Omar Sy. En trois rôles sous la houlette de Toledano et Nakache, le binôme de Fred Testot sur le petit écran a démontré un réel talent d’acteur dont on pouvait douter en visionnant les pires épisodes du SAV des émissions ou certains sketchs de leur spectacle. Omar est un comédien à part entière, capable de délicatesse, d’exubérance, de violence, de rivaliser à armes égales avec un vétéran de la trempe de François Cluzet. Leur composition est au diapason, regorge de petits clins d’œil complices, parvient à porter le film de bout en bout. Car à l’inverse de Nos jours heureux ou de Tellement proches, ce n’est pas le nombre d’ingrédients qui fait la tambouille. Intouchables ne repose que sur la relation entre le jeune de banlieue et le tétraplégique, sur la confrontation de deux univers quasiment opposés qui vont s’accorder pour en tirer une leçon de vie. Chacun d’eux avait besoin d’un regard sur lui-même, de sortir un peu de leur condition sociale pour grandir et s’accepter. Le fait d’avoir resserré l’attention sur cette paire hétéroclite entraîne immanquablement quelques difficultés à atteindre le niveau d’humour de leur précédent film. Toledano et Nakache optent alors pour une approche sensible, à mi-chemin entre l’humour rentre-dedans et l’émotion dosée, en se perdant parfois dans des lieux communs du concept (le frère qui tourne mal, l’adolescente un peu délurée, notamment) qui auraient pu être mis de côté. On rigole moins, on s’émeut moins, mais l’on sort content d’avoir fait le déplacement, rassuré sur la condition humaine, et convaincu que l’on tient le film français de 2011.

Moins de punch humoristique, moins de portée que Tellement proches, mais plus honnête et plus sensible. Toledano et Nakache ne brilleront jamais d’une effarante technicité de réalisation, mais ils sont assurément d’excellents scénaristes, dialoguistes, et savent mettre en images leurs créations. Un film positif et très appréciable.

Intouchables porte bien son titre
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