2/10Intervention divine

/ Critique - écrit par camite, le 07/05/2004
Notre verdict : 2/10 - Chronique d'un somnifère (Fiche technique)

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Chronique d'un somnifère

Alors que son père se meurt à l'hôpital, un Palestinien vivant à Jérusalem vient régulièrement garer sa voiture à proximité d'un check-point gardé par les Israéliens afin de retrouver la femme qu'il aime, Palestinienne de Ramallah. Pendant ce temps, chacun tue le temps comme il peut, en faisant quand même attention aux conséquences de la guerre et de l'occupation.

Trivia

Prévu à l'automne 2002, le tournage d'Intervention Divine a été perturbé par le début de la seconde Intifada quinze jours plus tôt. Certains décors (le check-point, notamment) devenus infréquentables, il a fallu en trouver d'autres dans l'urgence.

De fait, certaines scènes ont été tournées en France, comme la scène des ninjas (dont les effets spéciaux ont coûté un tiers du budget du film, c'est à dire un million d'euros sur trois) ou celle du tank. Pour des raisons évidentes, filmer l'explosion d'un tank en Israël aurait été très délicat, voire impossible.

La séquence d'ouverture a été tournée en dernier. Si l'acteur qui joue le Père Noël est Palestinien, la respiration que l'on entend, ajoutée en postsynchronisation, est celle de Michel Piccoli.

Intervention Divine est le second long métrage d'Elia Suleiman après Chronique d'une disparition, prix du premier film au Festival de Venise en 96. Intervention Divine, pour sa part, a reçu le prix du Jury au Festival de Cannes 2002.

Première apparition au cinéma pour Manal Khader. Née à Jérusalem en 1968, elle a suivi des études de sociologie en Allemagne avant de revenir à Ramallah pour y exercer la profession de... journaliste.

Point de vue

Alors voilà, l'autre jour j'étais un peu fatigué, levé tôt, pas beaucoup dormi, et avec ma grande ouverture d'esprit (quand même, je regarde des émissions de télé réalité) je me suis dit « tiens, y en a marre des gros films américains avec des voitures qui volent dans tous les sens, et si je regardais un film palestinien ». Intervention Divine, donc. J'ai failli m'endormir au beau milieu.

En vertu de quoi, donc ? Avec ses plans souvent larges mais simples, son goût pour le hors-champ et son humour à froid, Elia Suleiman n'est pas sans rappeler Takeshi Kitano, version moyenne orientale. Comme lui, il écrit, réalise et interprète ses films avec une économie de jeu qui passe pour de la distanciation, de la maîtrise. Allez savoir pourquoi, ça fonctionne moins bien en Cisjordanie qu'au Japon. Peut-être le fait que ce pays n'est pas en guerre... mais depuis Le Dictateur, chacun sait qu'il est possible de rire de tout. Alors quoi ?

Manal Khader est sublime, sa traversée du check-point est un moment d'intensité filmique surpuissante, et certains gags produisent leur petit effet (celui du serpent, arf !). Pourtant, il faut lutter ferme pour rester attentif. Fatigué ou non, un film captive s'il est captivant. Et en l'occurrence, hum...

Intervention Divine souffre peut-être du syndrome du « point de vue occidental ». Nos esprits, quoique larges (souvenez-vous, les émissions de télé réalité) se trouvent bien déroutés une fois confrontés à des rythmes différents. Dommage, mais pour qui ?