8/10Les Indestructibles

/ Critique - écrit par Nicolas, le 24/11/2004
Notre verdict : 8/10 - A toute épreuve (Fiche technique)

A toute épreuve

Quoi de neuf chez Pixar depuis Le Monde de Nemo ? Bin, vous êtes censé le savoir depuis presque un an : Les Indestructibles, le premier film en images de synthèse doté de protagonistes humains crées par la firme. Teaser et bandes-annonces avaient de quoi laisser dubitatif : moins d'humour, de bons mots, et peut-être un aspect graphique un peu moins poussé. Première erreur de parcours, l'accident des habitués aux louanges, le pourcentage d'échec que personne ne peut ignorer ? Laissez tomber, ce ne sera toujours pas pour cette fois...

Tout semble sourire pour Bob Paar, plus connu sous le surnom de Mr Indestructible. Adulé par les fans (parfois même un peu trop), sur le point de mettre la bague au doigt à sa séduisante collègue Elastigirl, et encensé par les médias, le choc est d'autant plus rude lorsque la vapeur s'inverse et que l'opinion publique se met à incriminer les super-héros. Maintenant en retraite forcée, les deux époux font maintenant de leur mieux pour paraître ordinaire et contenir les pouvoirs de leurs rejetons. Bob, las de la vie quotidienne et nostalgique de la bonne époque, saute sur une occasion en or offerte par l'aguichante Mirage pour reprendre un peu du service, à la discrétion de tous et surtout de sa famille...

Bob l'ex-colosse en proie aux tours de tailles difficiles, Hélène la femme caoutchouc cellulitée, Flèche le véloce petit môme un brin agité, Violette l'adolescente invisible au propre comme au figuré, et Jack Jack le petit dernier a priori tout ce qu'il y a de plus normal. Une famille presque ordinaire, à la différence qu'eux font en sorte de l'être, déchus de leur statut de super-héros par un système égoïste et revanchard qu'ils ont pourtant défendu pendant des tas d'années. Attendez, c'est du Pixar ça ? Des êtres humains ? Après tout, peut-être y a-t-il une logique : les jouets, les insectes, les monstres, les poissons... et les êtres humains. Evidemment, on perd un peu de matière dans le brusque changement de cap, sous forme de réflexions sociologiques et de surprenants petits assimilés à la société contemporaine. Pas de façade colorée, c'est bien notre monde qui sera numérisé et mis en lumière par les artistes de Pixar, pour une histoire que certains jugeront à raison un peu moins débridée que les précédentes. Le postulat de départ se montrait déjà moyennement avenant : le quotidien d'une famille d'ex super héros. Quelques gags parviennent bien à ressortir de ces quelques premières dizaines de minutes qui y sont dédiées, pourtant un peu en sous régime vis-à-vis des habitudes de Pixar, mais rien de très très excitant. Pixar aurait-il perdu la recette des chefs-d'oeuvres incontestables, obligé de se fourvoyer dans le juste « bon » ? Ne vendons pas le costume trop vite, car ce n'est pas vraiment l'humour qui fait la force des Indestructibles, mais bien le spectacle visuel porté à son grand paroxysme. Une fois la famille remise sur les rails, Pixar fait oublier toutes les petites longueurs de sa première partie et livre un incroyable produit d'action esthétique et superbement bien fichu, royalement servi par une palette de super pouvoirs qui font tout sauf de la décoration. Si Pixar a construit une si grande île, c'est bien pour que leur petit Flèche puisse la parcourir en long large et travers dans d'ahurissantes courses poursuites en pleine jungle, et certainement pas pour y lancer des blagues toutes les deux minutes (bien que madame caoutchouc se démène comme elle peut pour garder un niveau constant d'humour). Le film véhicule dans les grandes habitudes les récurrents messages sur le paraître, l'acceptation de soi, et l'importance de la famille, pas véritablement original mais suffisamment bien posés pour conserver la fraîcheur et le rythme de ce film d'action ébouriffant.

Pixar, moins compétent pour numériser des êtres humains que des poissons, s'en sort avec les honneurs (les expressions faciales sont très réussies) et parvient bien heureusement à garder un petit côté dessin animé qu'il ne fallait vraiment pas oublier. Plutôt mollasson sur le départ, le film explose littéralement dans sa deuxième moitié très tournée action, incrémentant à chaque minute qui passe le degré d'intérêt et le plaisir apporté par cette famille véritablement exceptionnelle. En résumé, peut-être un peu deçà de ce qui se fait généralement dans les studios Pixar, mais mettons ça sur le compte des vingt minutes supplémentaires.


P.S. : Stop au doublage audio virulent, donnez des cours à Lorie !