7/10L'homme sans âge

/ Critique - écrit par riffhifi, le 16/11/2007
Notre verdict : 7/10 - Jeune, est-ce doré ? (Fiche technique)

Francis Ford Coppola revient à la réalisation après 10 ans d'absence, pour un film élégant mais abscons.

Francis Ford Coppola n'est pas mort. Bien qu'on n'ait plus entendu parler du cinéaste de Apocalypse now et de la trilogie du Parrain depuis dix ans (hormis au poste de producteur), bien que son fils Roman et surtout sa fille Sofia aient repris le flambeau de la réalisation, Coppola père a encore des envies de cinéma. Qu'il assouvit comme ça lui chante, ainsi que vient le démontrer ce film étrangement difficile à appréhender.

Dominic Matei (Tim Roth), citoyen roumain de 70 ans, est frappé par la foudre en 1938 (ce n'était pas un Quickening). Il se voit alors rajeunir au point de paraître environ 35 ans, et ne semble pas destiné à vieillir à nouveau. Va-t-il se mettre en quête de ses semblables pour leur couper la tête ? Non, on vous a dit que ce n'était pas un Quickening, faites un effort... Lui, il va chercher à terminer son œuvre, un livre sur l'origine de la parole. Mais il n'est pas au bout de ses rencontres avec le surnaturel...


"Un doigt, deux doigts... Non, je recommence..."
L'histoire du rajeunissement subit est-elle un fantasme de quasi-septuagénaire ? Sans doute. On peut même trouver cet artifice un peu primaire face aux œuvres plus pragmatiques d'un Clint Eastwood (Space cowboys) ou d'un Stallone (Rocky Balboa). Mais il n'est pas question ici de chercher à savoir si la vieillesse est dans la tête ou dans le corps. D'ailleurs, il est délicat d'essayer de synthétiser le sujet du film en quelques mots. Il y est question d'amour, du temps et de la condition humaine... un cocktail ambitieux qui donne malheureusement parfois l'impression d'être un gloubiboulga sans direction précise. Le drame intimiste se mêle au fantastique façon X-men, le classicisme raffiné (le générique, nostalgique en diable) est entaché d'un ou deux effets trop "modernes" (là c'est du chipotage, qui vaut surtout pour la fin).

On ne peut pas nier pourtant que Coppola fasse preuve d'une maîtrise absolue dans la réalisation, jusque dans la répétition de gimmicks qu'on aurait pu facilement trouver lourdauds dans d'autres mains : l'image tête en bas, le dédoublement du personnage... A tout instant, le réalisateur sait maintenir l'intérêt du spectateur qui serait pourtant en droit de rester perplexe devant un scénario qui offre tant de degrés de lecture simultanés. Arrivé au bout des deux heures et quelques, on peut sortir de la salle en moulinant dans sa tête les différents sens probablement cachés dans le film, comme on peut simplement se satisfaire d'avoir goûté un film mystérieux qui offre à Tim Roth un espace d'expression bien plus intéressant que ses rôles de méchants unidimensionnels pour productions nazes (La planète des singes, D'Artagnan...).
En tous cas, FF semble reparti pour un tour puisqu'il prépare actuellement la réalisation de Retro, un drame avec Matt Dillon qui devrait sortir en 2009.