La graine et le mulet - Non-critique

/ Preview - écrit par riffhifi, le 25/02/2008

Tags : film kechiche cinema graine mulet couscous slimane

La graine et le mulet, le mystère des Césars : que peut-on bien trouver dans ce film qui vaille un tel déluge de récompenses ?..

César du Meilleur Espoir Féminin. César du Meilleur (rire nerveux) Scénario. César de la Meilleure (rire dément) Réalisation. César du Meilleur (rire hystérique) Film. La graine et le mulet, comme L'esquive il y a trois ans, rapporte tous les honneurs à son réalisateur Abdellatif Kechiche. Pourtant, croyez-le ou pas, je suis dans l'impossibilité de lui attribuer une note ou une critique digne de ce nom. Parce que le film échappe à toute classification ? Non, parce que je suis parti au bout de 45 minutes, quittant une projection de mon plein gré pour la première fois de ma vie. Et qu'on ne me sorte pas le couplet sur la désacralisation du cinéma par les cartes illimitées, parce que j'avais payé cette séance au prix fort dans une salle non couverte par ma carte.

Au bout de ces 45 minutes, je suis tombé d'accord avec mon voisin et ami pour ne pas subir l'intégralité des deux heures et demie annoncées : quand un film est incapable dans ses trois premiers quarts d'heure de déployer le moindre embryon d'intrigue, la plus petite parcelle de démarche formelle (pas forcément esthétisante, mais au moins réfléchie et assumée), la plus petite ligne de dialogue écrite (on ne me fera pas croire qu'il s'agit d'autre chose que d'improvisation) et qu'il se contente d'être moche (la caméra bouge), bruyant (tout le monde parle en même temps, le film ne se paye pas le luxe de la musique) et plein de vide (impossible de définir une intrigue en se basant sur les QUARANTE-CINQ premières minutes), on n'a pas trop de scrupules à lui tourner le dos et à quitter la salle. Loin de moi l'idée de casser la Graine ou de charger la mule, mais en toute sincérité, je n'ai jamais contemplé un tel néant sur un écran de cinéma.

Maintenant, comment un film pareil rafle-t-il tant de récompenses ? Existe-t-il un chromosome qui permette d'accéder à sa compréhension, et dont certains soient inexplicablement privés ? La deuxième heure est-elle si brillante qu'elle puisse compenser la vacuité totale de la première ? Ou bien, tout simplement, les jurys mettent-ils un point d'honneur à récompenser les films qu'ils ne comprennent pas en supposant qu'il faille y trouver du génie ? Le débat est sans doute éculé, comme l'est celui d'une certaine peinture "moderne" qui consiste à présenter un tableau entièrement rouge (ou bleu, ou vert) comme une œuvre d'art. Mais si La graine et le mulet a réussi à toucher quelqu'un qui lit ces lignes (en le faisant rire, pleurer, frissonner ou quoi que ce soit d'autre que s'emmerder - ce que j'ai fait dans les grandes largeurs), je suis ouvert à l'écoute de son expérience...