8/10Drive, la vengeance du scorpion

/ Critique - écrit par nazonfly, le 18/10/2011
Notre verdict : 8/10 - Sur place ou à emporter ? (Fiche technique)

Tags : film scorpion kombat mortal ryan drive gosling

Si vous êtes passés à côté des critiques dithyrambiques de Drive, c'est sans doute que vous habitez sur une autre planète. Car le film dont la mise en scène a été primée à Cannes est sans doute la sensation du mois d'octobre, en tout cas du point de vue de la presse. Étrange pour un film qui ressemble de loin à un Fast and Furious like : des courses de bagnoles, un paquet de pognon, de jolies filles, parfois à moitié nues... Bref le genre de film que l'on fuit généralement d'emblée. Pourtant cette unanimité de la presse et ce prix à Cannes ne peuvent qu'engendrer une certaine curiosité.

Onirisme...

La scène d'introduction est une scène d'anthologie tenant en haleine le
Un mec à la cool
spectateur pendant 5 minutes : c'est le temps qu'il faut au conducteur (qui n'a pas de nom dans le film) pour aider deux truands à disparaître dans la nature après un casse. Cinq minutes d'un suspense qui cloue le spectateur au siège, cinq minutes qui ne peuvent que s'imprimer dans les mémoires. Pourtant, dès la scène suivante,
Nicolas Winding Refn (remarqué pour Valhalla rising et Bronson) nous emmène dans une toute autre voie : son héros mutique, cascadeur et mécano le jour, passe plus de temps à découvrir sa jolie voisine et à profiter de la vie avec celle-ci et son jeune fils. C'est bien simple, à certains moments, on croirait presque avoir affaire à du Terrence Malick dans la capacité à filmer l'esthétique lenteur de la vie qui se passe. Mais Nicolas Winding Refn sait s'arrêter à temps : cette plénitude parvient à donner à Drive un côté brumeux, onirique qui berce le spectateur sans l'endormir. D'autant plus que par petites touches, la réalité revient et le conducteur se voir forcé de quitter ce petit monde douillet pour affronter d'abominables truands, juste après un nouveau décompte de cinq minutes qui fonctionne comme un miroir de la scène d'introduction : à ceci près que c'est la violence qui surgit brusquement.

... et réveil brutal

C'est dans l'apparition d'une violence, qu'on imagine larvée dans la première
Un mec toujours à la cool, mais un peu moins
partie, que se situe la principale qualité de Drive : le conducteur gentil, voire gentillet se mue en une machine impitoyable, un véritable Terminator que seule la mort peut stopper. La transformation est saisissante, tellement saisissante qu'on ne peut s'empêcher de penser à ce gars sans nom, sans attaches. Qui est-il vraiment ? Que signifie ce scorpion qui orne son blouson du début à la fin ? Pourquoi n'y a-t-il pas d'appartement 406 entre le 405 du conducteur et le 407 de sa voisine ? Autant de questions qui resteront sans doute sans réponses. Comme restera sans réponse la fin qui appelle à de multiples interprétations.

À l'arrivée, Drive est donc une demi-surprise : il se prélasse pendant la moitié du temps dans une atmosphère quasiment onirique et sombre brusquement dans le polar le plus sordide. Et si par hasard, vous êtes arrivés devant Drive portés par la bande-annonce, comme cette fameuse Américaine nommée Sarah Deming, laissez-vous aller à regarder ce film différent et singulier doté d'une superbe bande originale.