7/10Docteur X / Le retour du Docteur X

/ Critique - écrit par riffhifi, le 23/11/2007
Notre verdict : 7/10 - Docteur X (Fiche technique)

Tags : film docteur retour cinema films series science

Les films à l'affiche, on en parle. Les classiques du cinéma, on en parle. Mais qui parle de Docteur X et de sa suite, qui parle de ces séries B des années 30 qui n'ont pas connu de remake récent ?..

Docteur X 

Un des premiers "films de savants fous", pour peu que ce genre soit répertorié. Un an après le Frankenstein de Universal, Warner Bros. contre-attaque avec ce Docteur X réalisé en couleur. Le réalisateur Michael Curtiz est d'ailleurs un des rares petits veinards à tourner régulièrement en couleurs durant les années 30 : Le réalisateur prend son pied dans la scène d'autopsie
Le réalisateur prend son pied
dans la scène d'autopsie
Masques de Cire, Les aventures de Robin des Bois... Pour finalement tourner le classique Casablanca en noir et blanc, en 1943 ! Il faut dire que le procédé couleur du début des années 30 ne brille pas par son réalisme : décors et personnages partagent une même teinte saumonnée que ne renierait pas le poissonnier de votre quartier.

Quid de l'histoire ? Un mystérieux tueur sévit dans les environs du laboratoire dirigé par le docteur Xavier (Lionel Atwill). Les occupants du laboratoire sont tous soupçonnés : le manchot qui fait des recherches sur le coeur humain, le paralysé qui étudie l'origine de l'existence, le borgne qui s'intéresse au cannibalisme... L'enquête est laissée entre les mains du docteur Xavier, qui entend bien extraire la vérité du coupable à l'aide de ses inventions scientifiques de pointe...

Ce n'est donc pas à un, mais à cinq savants fous que le spectateur est confronté ; et si l'un deux est un assassin, les quatre autres sont eux aussi bien secoués, laissant donc le rôle principal à un jeune journaliste (Lee Tracy, dont le jeu espiègle fatigue vite) et à la fille de Xavier, interprétée par la toute première scream queen de l'histoire du cinéma : Fay Wray, qui sera l'an suivant l'égérie de King Kong.
Bien que bénéficiant d'un scénario intriguant et de décors étonnamment glauques pour l'époque, Docteur X peine à démarrer, et ne devient véritablement passionnant que dans son dernier tiers. Fort heureusement, ce tiers renferme une scène d'épouvante si forte et si moderne, graphiquement et sonorement, qu'on s'étonne qu'elle ne soit pas citée plus souvent parmi les moments fondateurs du cinéma fantastique. Si on ajoute à cela une influence notable de l'expressionnisme allemand (les ombres portées sur les murs !) mélangé au Technicolor expérimental de l'époque, on comprend que le Richard O'Brien du Rocky Horror Picture Show ait porté ce film dans son coeur...

Le retour du Docteur X

Humphrey Bogart période alimentaire
Humphrey Bogart période alimentaire
En 1938, Warner Bros. annonce qu'une suite de Docteur X est en préparation : elle sera à nouveau tournée en couleur par Michael Curtiz, et elle mettra en scène le Boris Karloff de Frankenstein. Mais rapidement, le budget alloué au film diminue, et le résultat est un film en noir et blanc, réalisé par le novice Vincent Sherman (qui enregistra le commentaire audio du DVD en 2006, à l'âge de 99 ans !) et interprété par un semi-inconnu sous contrat appelé... Humphrey Bogart. Nous sommes moins de deux ans avant Le faucon maltais, mais ces deux années font toute la différence pour Bogie qui est contraint d'accepter ce rôle un peu pourri.

Pourquoi pourri ? Parce que du premier film il ne reste qu'un ersatz fatigué du docteur Xavier, devenu tueur d'enfants et condamné à mort, puis ressuscité par un énième savant fou de passage. Bogart, en simili-zombie aux cheveux partiellement blanchis, cachetonne sans conviction et le film n'est rien de plus qu'un produit de série B expédié rapidement. Mais la réalité du marché était semblable à celle d'aujourd'hui : le film rapporta bien plus d'argent qu'il n'en coûta...
Quant à Vincent Sherman et Humphrey Bogart, ils prenaient bien plus leur pied à l'époque sur les planches qu'à l'écran. Trop tard pour ce spectacle évidemment...