Désaccord parfait

Trop ou pas assez ? C'est la question qu'on se pose devant Désaccord parfait, le dernier film d'Antoine De Caunes. Après Les Morsures de l'aube et Monsieur N., l'ex-animateur de Nulle part ailleurs revient à la comédie avec deux grandes pointures du 7ème art : Charlotte Rampling et Jean Rochefort. Les retrouvailles de deux stars après 30 ans d'éloignement permettent au cinéaste de filmer un sympathique jeu de "je t'aime, moi non plus".

Trop théâtral, pas assez fou

Pendant les deux tiers de la pellicule, les interprétations de ces deux icônes du cinéma français et anglais oscillent perpétuellement entre le trop théâtral, le trop pédant, et le pas assez osé, pas assez fou. On a ainsi parfois l'impression que les talents comiques de Rochefort sont sous exploités et que le côté dur de Rampling est trop maniéré et surjoué. Il est évident que De Caunes a choisi de réaliser une comédie sentimentale très tendre, avec pour toile de fond de prestigieux décors anglais. Des choix qui limitent cependant l'étendue du pouvoir de séduction de l'oeuvre. La faute à un couple sûrement trop classe, limite pompeux, souvent ringard et bien trop aisé pour rameuter les jeunes.

Mais Désaccord parfait est surtout une comédie dont l'humour va crescendo. Comme si les deux acteurs principaux avaient pris de plus en plus de plaisir à jouer. La dernière demi heure atteint ainsi des sommets de drôlerie. La scène hilarante du repas permet à Jean Rochefort d'exprimer toute sa puissance comique, aussi bien avec des mimiques, des regards qu'avec son rire et son charme inimitables. De la même façon, la grâce de Charlotte Rampling rayonne lorsque ses sourires font disparaître sa façade de glace. Elle offre notamment un bel et cour instant de nu qui, à 60 ans, force au respect.