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6/10Le dernier tango à Paris

/ Critique - écrit par Kassad, le 14/09/2004
Notre verdict : 6/10 - Sacrés seventies... (Fiche technique)

Sacrés seventies...

L'âge fait des ravages. C'est bien connu, le temps est le serial killer le plus efficace et le plus impitoyable. Ce ne sont ni Marlon Brando ni Le dernier tango à paris qui lui échapperont. Le premier est mort il y a peu, et le second vient de sortir en DVD. Véritable bombe à sa sortie en 1973, il faut savoir que ce film a été interdit dans plusieurs pays et classé X dans d'autres. Qu'en reste-t-il trente ans plus tard ? Que reste-t-il de la force de percussion de ce film ? Après une banalisation toujours plus grande du sexe dans la sphère des médias, je pense par exemple à des films comme Baise moi ou bien à des romans grand public comme ceux de Houellebecq (phénomène analysé par Alain Sorral dans Misères du désir), Le dernier tango à paris a bien du mal à surnager. Une dernière remarque historique, l'US Catholic Conference a inscrit Le dernier tango à paris dans la liste de ses films (con)damnés, tout comme un certain... Tramway nommé désir.

Autant l'annoncer tout de suite histoire de s'en libérer, si on considère ce film du simple point de vue graphique sa charge érotique est, suivant les standards de 2004, très faible. Selon toute probabilité vous en verrez plus dans n'importe quel tunnel de publicité entre 20h30 et 21h00 sur une chaîne publique non cryptée... L'aspect scandaleux ayant largement disparu pour nous, spectateurs du troisième millénaire, il reste le film lui-même. Dans un appartement semi-abandonné, deux personnes se croisent. Pas de noms, pas de mots, ils se contentent d'expédier leurs pulsions sexuelles. L'homme est un Américain frappé et fragilisé par le suicide incompréhensible de sa femme. La jeune femme est la fiancée d'un jeune cinéaste qui a la tête dans les étoiles.

Deux personnes qui sont à un tournant de leur existence se retrouvent de la manière la plus proche possible, mais aussi de la façon la plus impersonnelle. L'homme ne veut rien savoir de la femme, de son passé, de son nom. Quand il lui raconte des anecdotes, il s'arrange toujours pour laisser planer un doute sur la véracité de ses dires. La femme est étonnamment passive, voire effacée. C'est principalement un film sur un fantasme (celui de Bertolucci) et finalement on se retrouve face à quelque chose d'assez pauvre (d'autres diraient dépouillé), une sorte de court-métrage démesurément allongé. Il reste la performance de Brando d'autant plus marquante que les autres acteurs déclament un peu comme au théâtre des dialogues qui sont légèrement "too much", bien dans la veine des années 70. La cultissime scène du beurre fait aussi partie des "incontournables" du film. Je dirais cependant que c'est un film à voir pour son caractère "historique", mais sans plus.