5/10Death Sentence

/ Critique - écrit par Lestat, le 25/01/2008
Notre verdict : 5/10 - La vengeance est un plat qui se mange froid (et avec du bacon). (Fiche technique)

Tags : death sentence film nick dvd wan james

Nick Hume a un super boulot, une famille qui l'aime et un fils en phase de devenir un espoir du hockey sur glace.  Un gang de voyous va tout briser...

Nick Hume a un super boulot, une famille qui l'aime et un fils en phase de devenir un espoir du hockey sur glace.  Un gang de voyous va tout briser...

Criminels attention ! Le film d'autodéfense revient à la mode. Après Neil Jordan et sa Jodie Bronson, voici James Wan (Saw) et son Kevin Bronson, en attendant Stallone et son lui-même Bronson dans le rôle de Bronson (portera-t-il la moustache ? ). De quoi se dire que le bon vieux Charles est mort un peu trop tôt, nul doute qu'il tomberait à la renverse de voir que les justiciers urbains ont à nouveau le vent en poupe, la polémique en moins.

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ça va bronsoniser !
(cop. 20th Century Fox)
Avec à son générique l'auteur de Death Wish, le roman dont fut tiré le film de Michael Winner du même nom, Death Sentence partait bien et en soi, n'est pas spécialement mauvais. Nonobstant quelques sautes de rythmes, le film se suit agréablement et réussi l'exploit de ne pas être ouvertement douteux, ce qui n'était pas gagné compte tenu de ses parti-pris. Seulement, si au moment de Saw, James Wan avait le bénéfice du doute, Death Sentence confirme ce que l'on pouvait craindre : le réalisateur, au demeurant loin d'être un incapable, manque de subtilité. Petit exemple pour illustration : avant que les choses ne tournent vinaigre, James Wan souhaite construire une ambiance inquiétante et pour ce faire, à recours à une idée visuelle : montrer un panneau de signalisation "négatif", en l'occurrence, un "Dead End". C'était ça ou un "Wrong Turn", mais après tout pourquoi pas ? Si la technique est éculée, elle marche toujours, comme on peut par exemple le constater chez Scorsese. Problème : plutôt que de l'inclure à sa mise en scène, le réalisateur fait tout bêtement un plan fixe dessus, et nous crie donc littéralement "Attention danger !" à la figure. A lire comme ça, ce n'est sans doute qu'un détail, mais un détail bien représentatif de l'aspect mal dégrossi de Death Sentence, qui accumule les grosses ficelles avec un aplomb déconcertant. La vie de Nick Hume avant le drame nous est décrite à coup de fêtes d'anniversaire, les voyous sont des bigarrés semblant sortir tout droit des années 80 -ne manque qu'une coupe afro et c'est Les Guerriers de la Nuit-, la BO nous gratifie d'une pléiade de chansons pop larmoyantes (on sauvera une reprise d’Hendrix) et les thématiques tartes à la crème du genre s'accumulent tranquillement : le bien, le mal, la famille, la notion de crime, la perte d'identité...et en cerise sur le gâteau, Dieu. Que l'on s'entende bien, en soi, critiquer la foi de James Wan ou de son scénariste est ridicule, mais la chose est tellement mal amenée que l'intrusion d'une autorité divine dans une affaire avant tout humaine à de quoi laisser perplexe -même si l'imagerie christique apporte à l'ensemble un gain de lyrisme assez appréciable-. Le plus gros problème de Death Sentence vient cependant de sa tonalité, se balançant sans cesse entre le drame sombre et la série B bourrine. Ce qui nous amène en à faire le deuil de tout un tas d'images fantasmées, il est vrai véhiculées par une promo axée sur un Kevin Bacon à la tronche pas possible, et à ressentir l'impression désagréable que le film n'assume ni son aspect noble, ni son aspect déviant. Sans parler que la crédibilité part avec l'eau du bain, Nick Hume passant d'une scène à l'autre de col blanc couard à Punisher vitaminé.

A l'heure des comptes, on ne retiendra de Death Sentence qu'un carnage final à la John Woo, jouissif bien comme il faut, une micro-amorce de réflexion sur la hiérarchie des morts, une certaine sécheresse dans la mise en scène et surtout, la performance d'un Kevin Bacon une nouvelle fois sidérant. Tout ceci comblant le vide avec une certaine efficacité. Reste qu'un film comme A Vif avait le mérite d'une démarche et d'une réflexion tenue de bout en bout. C'est sans doute ce qui manque le plus au film de James Wan, qui semble toujours se chercher.