4/10Dante 01

/ Critique - écrit par riffhifi, le 06/01/2008
Notre verdict : 4/10 - Brosse à Dante (Fiche technique)

Tags : film dante caro fiction science france critique

Le grand retour de Marc Caro, absent des grands écrans depuis La cité des enfants perdus. Plutôt un pétard mouillé, malheureusement.

Depuis le début de la carrière en solo de Jean-Pierre Jeunet, Marc Caro n'avait plus réalisé un seul long métrage. Douze ans d'absence donc, depuis La cité des enfants perdus. Dire qu'on attendait ce Dante 01 avec impatience serait un euphémisme : Caro seul aux commandes, lancé en roue libre dans le domaine de la science-fiction glauque à la Métal Hurlant mâtinée d'obsessions personnelles entrevues dans les films réalisés avec Jeunet, il y avait de quoi se lécher les babines. Pas de chance, le film est tristement à côté de la plaque...

Une station pénitentiaire flotte autour d'un astre appelé Dante à cause de sa chaleur littéralement infernale qui y rend la vie impossible. Six cas psychiatriques y sont détenus, gardés par trois responsables de sécurité et suivis par deux médecins aux méthodes résolument opposées. Le nouveau patient (Lambert Wilson) est surnommé Saint-Georges en raison de son tatouage à l'épaule. Mais après tout, il aurait pu être surnommé n'importe comment puisque ses uniques occupations consistent à ramper et à baver.

Dès les premiers instants, le doute s'installe : Caro assume-t-il pleinement son trip SF, ou bien a-t-il décidé de l'enrober de velléités artistico-intellectualisantes pour Lambert Wilson, à réchauffer trois minutes au micro-ondes
Lambert Wilson, à réchauffer
trois minutes au micro-ondes
justifier sa démarche ? Une voix off à l'accent indéfinissable - qui s'avèrera être celle de la médecin-chef Perséphone - introduit le récit à coup de « il était une fois » ; les personnages portent des patronymes de personnages célèbres ou mythologiques (le gardien de l'enfer s'appelle Charon, ses assistants CR et BR, le chef des détenus César, etc.) ; et le récit, au lieu de s'envoler dans l'exploration d'un univers futuriste porteur de richesse, s'intéresse uniquement au sort des douze malheureux êtres coincés sur cette station spatiale, lorgnant sans complexe du côté de THX 1138, Solaris ou encore (tarte à la crème !) 2001. Le terrain est casse-gueule.

« Oh moi, vous savez, l'Humanité... »

Les dialogues et le scénario, dans Delicatessen et La cité des enfants perdus, devaient probablement beaucoup à Jean-Pierre Jeunet, Caro ayant toujours été J'oublie toujours le code... ça commence par 0 et ça finit par 1...
J'oublie toujours le code... ça
commence par 0 et ça finit par 1...
spécialisé dans l'ambiance et le visuel. La faiblesse de Dante 01 est de vouloir trop s'appuyer sur l'écriture, si bancale par moments qu'on a la sentiment d'assister au film de fin d'études d'un aspirant cinéaste : à la fois expérimental et bizarrement déjà vu, incapable de développer un seul personnage de façon convaincante... Le jeu des acteurs, artificiel jusqu'au bout des ongles, n'aide pas vraiment à rentrer dans l'histoire déjà pauvre étalée laborieusement au fil de scènes répétitives jusqu'à l'hypnose. N'évoquons pas la fin, qui évoque si maladroitement 2001 qu'on ne peut qu'être attristé que Caro ait privilégié la recherche de la légitimité à la simple sincérité.

« Ici, on n'attache pas les morts ! »

Pourtant, le potentiel était là, dans les décors, dans l'atmosphère pesante et les quelques expérimentations visuelles, rageantes parce que trop rares et trop inutiles. Les excentricités occasionnelles de décors et de costumes ne prêtent qu'à rire dans le marasme philosophico-branlette du film : une station orbitale en forme de bonhomme en lego, une combinaison spatiale qui fait ressembler le porteur à une tablette de chocolat suisse...

Du côté des interprètes, Lambert Wilson a une carrure impressionnante et laisse deviner un réel charisme, mais l'intégralité de ses répliques tiennent sur un timbre-poste (authentique, faites le test) et son rôle se borne à 97% à baver en louchant. Dommage. On se repliera sur Dominique Pinon, le seul à tirer véritablement son épingle du jeu dans son personnage de César. Et on peut toujours rêver que Marc Caro accepte de revenir très vite derrière la caméra... avec Jeunet ?