7/10Le Corsaire Rouge : le bon Burt en truand

/ Critique - écrit par riffhifi, le 14/03/2011
Notre verdict : 7/10 - Mais que fait Hadopi ? (Fiche technique)

Burt Lancaster en pirate, toutes dents dehors, c’est un parfait compagnon de goûter pour un dimanche après-midi.

Oui les enfants, il y avait déjà des pirates de cinéma avant Jack Sparrow et son look de rocker décadent. Il y en a même depuis tellement longtemps que lorsque Burt Lancaster tourne Le Corsaire rouge en 1952, il a conscience de rendre hommage à un Corsaire Rouge : le bon Burt en truand (Le)
DR.
genre déjà vieillot. La plupart des flibustiers représentés jusque là portaient fièrement la couleur noire en drapeau (Le Pirate noir, Le Corsaire noir, Le Cygne noir) ; le capitaine Vallo qu’incarne Lancaster (un pirate, et non un corsaire comme la version française voudrait nous le faire croire) opte pour le rouge, davantage symbole de passion et de vigueur que de mort et de sévérité.

Warner Bros. voulait pourtant un film sérieux, engageant pour la peine le réalisateur de polar Robert Siodmak. Mais celui-ci, proche de Burt Lancaster, se met d’accord avec la vedette pour changer le ton, et injecter un maximum de bonne humeur et d’humour à la limite du second degré. Ainsi, dans la séquence d’ouverture, le héros s’adresse directement au spectateur pour lui rappeler de ne pas croire tout ce qu’il voit : singeant Douglas Fairbanks et ses cabrioles, Lancaster rappelle qu’on peut gonfler le potentiel spectaculaire de ses cascades par la magie du cinéma et de la mise en scène. Tout sourire dehors, il donne alors le meilleur de lui-même en déployant un répertoire d’acrobaties qui lui viennent de ses années de cirque. Son partenaire de l’époque, Nick Cravat, joue ici le sidekick Ojo, lieutenant du navire de pirates ; de la même manière que dans La Flèche et le flambeau deux ans plus tôt, le personnage de Cravat est muet, pour éviter que l’accent gouailleur de l’acteur ne jure dans un film situé au XVIIIe siècle… Il en résulte une performance de clown lunaire, une sorte d’Harpo Marx athlétique qui apporte au film une bonne partie de ses gags.

Le scénario raconte une filouterie de pirates qui dégénère : d’abord résolu à allier Corsaire Rouge : le bon Burt en truand (Le)
DR.
le pillage à la vente d’armes, tout en ajoutant à l’addition une prise d’otages et une évasion, le capitaine Vallo projette de trahir tout le monde, selon la recette que pratiquent encore aujourd'hui les protagonistes de Pirates des Caraïbes. Mais il finit par perdre de vue ses valeurs de brigand… pour en développer de plus nobles, et se laisser attendrir par la jolie Consuelo, fille du révolutionnaire El Libre ! Entre deux scènes farfelues et burlesques, versant souvent dans l’humour slapstick, le spectateur reconnaîtra un jeune Christopher Lee en officier imperturbable, plusieurs années avant la notoriété que lui apporteront les films d’épouvante de la Hammer.

Malgré sa nature partiellement parodique, The Crimson Pirate restera un jalon du genre, au point que Terry Gilliam donnera sa couleur à l’un de ses plus célèbres courts métrages : The Crimson Permanent Insurance Company, une savoureuse histoire de "piraterie moderne"…