Constantine

Quand y en a plus y en a encore. L'expression semble parfaitement adaptée en ce moment pour caractériser toutes les productions hollywoodiennes ayant pour héros des personnages issus de comics. Après les célèbres, on prend désormais les seconds couteaux, à savoir John Constantine dans ce film. Personnage créé par Alan Moore dans Hellblazer, on était en droit d'attendre un résultat acceptable malgré son anonymat. Raté pour celui-là alors imaginons le résultat pour Elektra tiré du terrible Daredevil...

Revenons-en au film. Au fait, qui est ce John Constantine ? Un exorciste du genre désabusé mais efficace, occupé à renvoyer la racaille démoniaque d'où elle vient entre deux cigarettes. Il faut savoir qu'on ne peut pas fumer et chasser le démon en même temps. Alors on prend Keanu Reeves pour ce rôle parce qu'il faut avouer que le noir lui va bien. Pour son travail, collons lui dans les pattes une jolie femme flic (Rachel Weisz) qui vient de perdre sa soeur et le tour est joué. Sauf que cette fois-ci, ce n'est pas du menu fretin qui va se pointer sur Terre mais le fils du diable en personne.

Si, l'histoire possède un certain potentiel même si l'on peut avoir du mal à le croire. On dirait d'ailleurs que le scénariste lui-même n'y a pas cru. On a le doit à une histoire bâclée, pas mauvaise, juste désordonnée et ponctuée de certains clichés. La plupart des éléments s'enchaînent sans rapport ou sont disposés un peu n'importe comment. Il manque en fait à Constantine un véritable fil conducteur pour intéresser davantage, le rythme un peu mou et les quelques séances de bavardage ne remontant pas le niveau de cette histoire. Le traitement de la religion, on sent les personnes très croyantes, laisse également perplexe.

C'est à se demander ce qu'a voulu faire le réalisateur, Francis Lawrence. Venant de l'univers des clips, on sent qu'il préfère d'avantage l'esthétisme à la narration. C'est là tout le problème. Le film est peut-être très beau, vraiment stylisé, il n'en reste pas moins dénué de vie. C'est l'exemple type de mettre des effets spéciaux, très réussis d'ailleurs, juste pour en mettre. Quand ceux-ci ne sont pas au service de l'histoire, c'est tout le film qui en pâtit. De plus, la musique n'est pas terrible et manque au spectacle ce qui est assez bizarre pour un spécialiste des clips. Ajoutez à cela un jeu d'acteur limité pour des personnages sous-utilisés et vous aurez une image réaliste de ce film. Le rôle de Balthazar joué par Gavin Rossdale (chanteur de Bush) en est le meilleur exemple. Il possède beaucoup de charisme, une grande classe mais on le voit bien trop peu et son jeu n'est pas toujours formidable. Au lieu de faire plusieurs personnages de ce type, mieux vaut se concentrer sur un ou deux.

Constantine comporte beaucoup plus de ratés que de réussites. L'histoire n'est pas terrible, mal montée et n'accroche jamais. On pourra apprécier la beauté visuelle de certains passages mais ceux-ci ne sont que clinquants et desservent l'unité de la narration. On ressort de la séance avec un sentiment de vide bien que le divertissement ait été plus ou moins assuré. Bien plus une déception qu'un mauvais film.