8/10Constantine - DVD

/ Critique de dvd / blu-ray - écrit par Nicolas, le 30/08/2005
Notre verdict : 8/10 - Le DVD (Fiche technique)

Tags : dvd constantine film reeves keanu ray warner

Critique du double DVD

Cette critique concerne la version double DVD.

LE FILM


Keanu Reeves, habillé plus ou moins tout en noir, réalisant des trucs pas très naturels dans de sombres décors, et tout cela un an après la sortie de MatriX Revolutions, alors que tout le monde ne jure plus que par Neo (en bien ou en mal, si l'on admet qu'on l'on peut jurer en mal). Pas très habile compte tenu des circonstances, c'est certain, pourtant Constantine n'a rien de commun avec MatriX, que l'on y regarde de près ou de loin, script à l'appui. John Constantine est : un exorciseur, le genre de type aimant tout particulièrement se frotter avec d'hideuses créatures pour le plaisir de les renvoyer chez Belzébuth ; un fumeur incorrigible, le genre de type aimant particulièrement se calciner les poumons à coups de cigarettes ; et un enfoiré de première, le genre de type aimant particulièrement afficher un mépris constant pour tous ceux qui l'entourent. Môssieur a vu les enfers, môssieur sait, ce qui donne le droit à môssieur de se croire supérieur au reste de l'humanité. Bref, loin de Thomas Anderson. A l'origine inspiré par l'allure blondinette du chanteur Sting, Constantine s'octroie donc les traits de Keanu Reeves pour le meilleur et malheureusement pour le pire. Le meilleur : Keanu a la classe, Keanu sait envoyer paître. Le pire : Keanu ne sait pas allumer une cigarette tout en restant classe, Keanu ne sait faire rien d'autre qu'envoyer paître, à peu de choses près. Rien de dramatique, malgré le fait qu'il surplombe lourdement tous les autres personnages du film, Constantine restant le principal attrait du film.


Ce qui fonctionne relativement bien dans une première partie en phase avec l'esprit du comics, et relativement moins bien dans une seconde partie beaucoup moins anticonformiste. Si Constantine nous apparaît vite comme un marginal très compétent doué de pouvoirs occultes, son personnage s'adoucit au fur et à mesure pour devenir un fac-similé de héros classique prêt à tout pour la justice et le salut d'autrui. La dernière image du film, que je ne révèlerai pas ici, est des plus éloquentes : Constantine perd de son charme cynique pour devenir presque cool. La faute, peut-être, à une ré-écriture de certains pans du scénario motivée par le souhait de rendre le personnage plus attrayant, plus comique.


Cette reconversion oblige la quasi-totalité des autres acteurs à rester en retrait, royalement laissé en pâture à Constantine. A la limite s'impose Rachel Weisz dans des proportions gardées, à partir du moment où l'on ne fait pas attention aux véritables tenants de son personnage, mais pour les autres, c'est calme plat. Et que ce soit niveau « gentils » ou niveau « méchants », la balance est respectée. Dommage de n'avoir pas mieux développé certains potentiels, ce qui aurait peut-être pu donner au film un meilleur souffle.
Puis vient la fin du film. Et avec elle, un douloureux constat. Celui de s'être fourvoyé dans une histoire sans queue ni tête qui n'aura servi qu'à amener le personnage aux yeux du spectateur, et rien d'autre. Les connections entre les différentes scènes sont parfois si peu évidentes qu'il n'en reste en bout de pellicule qu'une vague idée. L''exemple le plus pertinent : la fameuse lance de la Destinée, sublimée dans l'introduction, n'est référencée que deux ou trois fois dans le métrage, malgré l'importance cruciale qu'elle revêt pour les protagonistes.


Mais peut-être tout cela n'était-il qu'un exercice de style, car n'oublions pas que Francis Lawrence est avant tout un clippeur. Si tel est le cas, l'objectif est indubitablement atteint, malgré un rythme franchement morne. Effets spéciaux et photographie rivalisent de qualité, à l'image d'une peinture des enfers proprement apocalyptique, de superbes plans tout droit tirés de l'imagination d'illustrateurs talentueux (Constantine agrippé par d'innombrables créatures alors qu'il se brise une fiole d'eau bénite sur le coeur), et d'effets visuels novateurs et réglés au poil (l'enlèvement d'Angela à travers l'immeuble).

LE DVD


Une édition double DVD de très bonne facture, bien que classique dans sa forme : une jaquette cartonnée protégeant la boîte plastique du film, elle-même protégeant les deux DVD-9 du produit. Un pour le film, un pour les bonus. Les menus s'affichent sous la forme de petites vidéos oniriques, esthétiques et fonctionnelles.
A l'image, rien à signaler de significatif. Le contraste se montre très justement réglé, et la compression suffisamment bien maîtrisée pour faire honneur aux effets visuels très réussis du film. Nette et sans bavure d'aucune sorte.
A l'écoute, on est en droit d'être un poil déçu par le manque de patate du 5.1, pas franchement considéré à sa juste valeur malgré le potentiel d'un tel film. Sans parler du caisson de basse, qui ne rugira qu'à de très rares reprises.

LES BONUS

- Constantine : de la bande dessinée à l'écran (15 minutes environ)
Un petit reportage de facture traditionnelle, qui commence agréablement par une présentation du personnage BD de John Constantine, et les différences qui l'opposent au personnage ciné, pour s'achever dans jetage de fleurs général entre le réalisateur et les personnages principaux. Ce qui nous permet d'apprendre que Francis Lawrence est un excellent réalisateur, que Keanu Reeves est très professionnel, et que Rachel Weisz est très crédible grâce à sa condition physique.

- La production de l'enfer (19 minutes environ)
Un mini making-of découpé en trois parties distinctes généreusement dédiées au réalisateur Francis Lawrence. Tour à tour, il compare le métier de réalisateur de clip avec celui de réalisateur de films, confie avoir été surpris par l'investissement que demande un long métrage et les différences techniques implicites, puis commente les images backstage de la scène de la voiture (ou comment dérouiller une voiture grâce à la technologie). La dernière partie s'attarde sur les accessoires, présentés par l'accessoiriste du film.

- Le visage de l'enfer (31 minutes environ)
Un complément à la série précédente, en plus intéressant, concernant les effets visuels du film. Successivement, le réalisateur et différents intervenants des effets spéciaux commentent la démarche artistique et la création de l'enfer, la prise de tête de l'homme vermine, décortiquent la scène de l'enlèvement (un des must see du film et des bonus), et dissertent sur l‘apparence des ailes des anges.

- Scènes coupées et Fin alternative (18 minutes environ)
Rien de bien croustillant, si ce n'est le retour à la réalité d'un personnage proprement supprimé du montage final, et la version super light de l'affrontement avec l'homme vermine. Coupées et on comprend presque pourquoi (visibles avec les commentaires du réalisateur, à réserver aux bilingues étant donné qu'il ne bénéficie d'aucun sous-titre, ni en anglais, ni en français).

- Constantine - Un Héros Mythologique (6 minutes environ)
Une petite étude du personnage de Constantine, à travers des mythes populaires, moyennement intéressant.

- La rôle de la prévisualisation (14 minutes environ)
Un comparatif sur plusieurs scènes de la prévisualisation (le film monté en image de synthèse ultra simplifiée) avec le rendu final, commentée par Francis Lawrence. Sujet plutôt pertinent, mais à la portée restreinte puisque, à l'image des scènes coupées, le réalisateur n'est pas sous-titré.

- Commentaires audio de Francis Lawrence, Akiva Goldsman, Frank Capello, et Kevin Brodbin
Rien de vraiment significatif (les thèmes le splus intéressants sont abordés sur le disque bonus), et non sous-titrés en français...

- Clip vidéo de A Perfect Circle

- Bandes-annonce et Teaser

CONCLUSION

Un film un peu mou du genou, pas franchement passionnant, mais possédant d'évidentes qualités esthétiques.
Un DVD dans les stéréotypes du genre, consciencieusement réalisé et donc très agréable à utiliser (et à posséder), malgré un 5.1 peut-être un peu sous-exploité.
Des bonus pertinents pour la plupart, en nombre très acceptable, parfois malheureusement non sous-titré et donc difficile à suivre pour quelqu'un de non anglophone.