7/10Le code a changé

/ Critique - écrit par riffhifi, le 21/02/2009
Notre verdict : 7/10 - Le dîner de codes (Fiche technique)

Après La bûche et Fauteuils d'orchestre, Danièle et Christopher Thompson prouvent une nouvelle fois leur goût pour les films choraux. Moins d'humour que prévu, car le code a changé : on vend de la comédie, mais en y injectant du drame.

On commence à le savoir, mais on ne le sait pas toujours : Danièle Thompson est la fille de feu Gérard Oury. Née en 1942, elle a coécrit certains des films les plus connus de son père (La grande vadrouille, Rabbi Jacob...), puis a commencé une carrière de réalisatrice en 1999 avec La bûche. Le code a changé est le quatrième film qu'elle dirige, et tous ont été écrits en collaboration avec son fils Christopher Thompson (le petit-fils de Gérard Oury, donc), qui joue également dans la plupart.


21 juin, jour de la fête de la musique. ML (Karin Viard) organise un dîner au cours duquel elle compte parmi ses invités Maître Lucas Mattei (Christopher Thompson), qui lui a proposé de rejoindre dans son cabinet d'avocats. Pure formalité, car la dame a déjà pris cette décision. En revanche, les autres invités sont appelés à poser problème, séparément ou en combinaisons : le mari chômeur de ML, Piotr (Dany Boon), son pote Jean-Louis (Laurent Stocker) qui a couché avec ML, le couple Alain (Patrick Bruel) et Mélanie (Marina Foïs), un cancérologue et une gynécologue, la petite sœur Juliette et son bonhomme plus âgé Erwann (Patrick Chesnais), le papa (Pierre Arditi), la prof de flamenco Manuela (Blanca Li), et enfin la femme de Lucas, Sarah (Emmanuelle Seigner), qui vient de s'engueuler copieusement avec son mari. Vous trouvez que ça sent la comédie de boulevard ? A l'arrivée, pas tout à fait...

En s'appuyant sur un casting hétéroclite et solide, mais pas trop tape-à-l'œil (même Dany Boon, fraîchement sacré vedette king size, tient son rôle avec sobriété), Danièle Thompson installe un climat humoristique et léger dans une première partie prévisible et jalonnée par la bande-annonce : la galerie de personnages se retrouve réunie dans une même salle à manger, sorte d'arène dans laquelle (paradoxalement) personne n'a l'intention de s'affronter. Cette convention sociale, qui veut que l'on s'abstienne de laver son linge sale en public, et que tous les
soucis et antagonismes restent à la porte d'un dîner mondain, permet au scénario de faire jaillir quelques répliques bien senties, sur le mode de l'insinuation et de l'hypocrisie. Mais si l'on se laisse surprendre, c'est plutôt par la construction de la suite, qui met en parallèle le déroulé du dîner avec l'exposé de la situation un an plus tard. Se dessinent alors quelques drames personnels, larvés dès l'année précédente ou survenus après coup, et l'évolution des personnages et de leurs couples réserve quelques surprises.

Intelligemment écrit, Le code a changé prouve une nouvelle fois que le film choral réussit particulièrement bien à Danièle et Christopher Thompson : après Fauteuils d'orchestre et son panorama enjoué des électrons qui gravitent dans le monde de la grande musique, ils redescendent sur terre pour observer un échantillon de bobos. Sans méchanceté, mais avec lucidité et une envie affichée de ne pas éviter les sujets qui font mal. Quitte à ce que tous ne sortent pas indemnes du badinage apparemment anodin promis par la promotion. Les spectateurs assidus des salles de cinéma auront tout de même noté qu'en sus de la bande-annonce comique généralement diffusée, il en existait une deuxième axée uniquement sur l'aspect dramatique du film. C'est ce qu'on appelle .. ? Oui, bravo, une comédie dramatique. Et c'est bon.