8/10Closer - entre adultes consentants

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 18/01/2005
Notre verdict : 8/10 - Pourquoi mon amour ne suffirait-il pas ? (Fiche technique)

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Pourquoi mon amour ne suffirait-il pas ?

Closer est l'adaptation au cinéma de la pièce de théâtre à succès de Patrick Marber. On y retrouve Natalie Portman (Léon, Mars Attacks!, Star Wars Episode 1 2 3...), Jude Law (Bienvenue à Gattaca, eXistenZ, Alfie...), Julia Roberts (Pretty Woman, Erin Brockovich, Ocean's Eleven...) et Clive Owen (Gosford Park, La mémoire dans la peau, Le Roi Arthur...).

Chose exceptionnelle pour un film hollywoodien, toutes les personnes qui entourent les quatre personnages ont des rôles de figurants. Alice (Natalie Portman), Dan (Jude Law), Anna (Julia Roberts) et Larry (Clive Owen) sont pratiquement les seuls visages que l'on voit à l'écran, comme si le quadrilatère amoureux qui se déroule entre eux créait une bulle totalement hermétique aux autres individus. Cet espèce de huis-clos iréel donne une formidable intensité à des protagonistes quasiment communs.

Partant de cette situation et avec une réalisation peu banale, Mike Nichols, le réalisateur de Wolf, Primary Colors et de la série Angels in America, nous livre une sorte de "film français à l'américaine" qui a de quoi séduire à de nombreux égards. Grâce à quatre acteurs aux interprétations d'une sublime justesse (caractéristique de nombreuses productions américaines), on se retrouve passionnés par une histoire quasi anecdotique (caractéristique de beaucoup de films français) menée de façon très lente avec longs plans-séquences et un nombre assez réduit de scènes. Il est plus qu'essentiel de préciser que si les quatre acteurs n'avaient pas été aussi brillants ou même que si un seul avait été moins bon que les autres, le film aurait sombré dans le ridicule ou la nullité.

Autour de ces quatre fortes personnalités teintées de faiblesses (doutes, mensonges, ruses...) se ficellent des scènes parfois comiques, comme l'hilarante et savoureuse discution sur le net, et souvent dramatiques, comme les scènes de ruptures, qui touchent sans jamais faire dans le larmoyant. Certains moments, presque incensés, comme la scène de photo avec Alice et Anna, celle très "hot" dans le club de strip-tease entre Larry et Alice et celle de rupture entre Larry et Anna resteront longtemps dans les mémoires grâce à des dialogues particulièrement subtils et appliqués qui donnent aux situations une puissance phénoménale. Même les phrases ou mots les plus vulgaires et violents apparaissent comme de véritables oeuvres, nous procurant des sensations tour à tour de gêne, de rire, de plaisir et d'étrange familiarité.
La qualité des dialogues de Patrick Marber permet à Mike Nichols de suggérer toutes les scènes de sexe plutôt que de les montrer. Et, fait assez incroyable, on a rarement aussi crûment parlé de sexe dans un film américain que dans Closer. Ainsi, on y parle sans honte ni retenue de branlettes, d'éjaculations en tous genres, de masturbations, de jouïssances féminines, de positions sexuelles, de façons de faire l'amour, de performances sexuelles... Ce ton libre et réaliste magnifie tout ce qu'il évoque et touche.
Plus loin que cet aspect "sexe" débridé, Closer parle différemment d'amour en décrivant l'honnêteté dans le couple comme un aveux plutôt qu'une fidélité.

Natalie Portman et Clive Owen n'ont vraiment pas volé leurs récents Golden Globe, respectivement pour "meilleure actrice féminine dans un second rôle" et "meilleur acteur masculin dans un second rôle". Clive Owen est indéniablement la révélation de Closer. Cet acteur, sorte de mélange physique de Ray Liotta et Jared Leto, dégage une présence incroyable et possède un potentiel dramatique et comique qui n'a rien à envier aux plus grands. Natalie Portman est irréprochable, somptueuse, émouvante, terriblement mignonne, ultra sexy (avec ses shorty et hauts moulants) et même franchement sexuelle (avec des strings destructeurs qui se posent sur des fesses divines).
Musicalement, on retiendra le très approprié Smack My Bitch Up de Prodigy pour l'ambiance club de strip-tease, la génialissime et indémodable How Soon is Now? des Smiths et la somptueuse chanson The Blower's Daughter de Damien Rice au début et à la fin du film.

Au final, les 3/4 de Closer sont parfaits avec des performances d'acteurs impressionnantes et essentielles. Le dernier quart souffre d'une baisse de régime liée à un début de répétition du propos qui attenue la pertinence des dernières scènes. Le dernier fondu blanc pour évoquer le temps qui passe est peut-être celui de trop...
Mais cela ne retire en rien la finesse et l'impact du reste du film. Closer s'impose d'or et déjà comme un des meilleurs films de 2005.