6.5/10Les clefs de bagnole

/ Critique - écrit par Selena, le 06/12/2003
Notre verdict : 6.5/10 - Baffistes (Fiche technique)

Potiche dans Nulle part Ailleurs, compère provoc' d'Ardisson dans Double Jeu puis dans Tout le monde en parle et auteur à succès de la pièce de théâtre Sexe, magouilles et culture générale, Laurent Baffie s'improvise jardinier pour son premier film : Les clés de bagnole. Son challenge totalement avoué et assumé : faire un navet avec humour, inventivité et fierté.
Auparavant, zoophile dans l'âme, en 1998, il avait déjà tourné un court métrage Hot Dog que l'on peut découvrir avec étonnement et amusement juste avant la diffusion du film. La patte du maître Baffie est déjà décapante et décalée.

Baffie a galéré sept longues années pour sortir un film de merde dont personne ne voulait. Le prégénérique avec les acteurs et producteurs refusant le film (qui constitue en partie la bande-annonce du film) est la juste et drôlissime autoparodie du chemin de croix pour faire son film. Le porte à porte ayant échoué, Baffie fut donc obligé de produire lui-même son navet. Mais, en plus d'en signer le chèque, il signe dialogues, scénario, réalisation et y joue son propre rôle. Beaucoup pour un seul Baffie...

L'histoire... euh, l'histoire, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'histoire. Un type (Baffie) cherche ses clés de voiture avec son pote (Daniel Russo). C'est surtout le prétexte pour se faire plaisir à faire son cinéma. Pour obtenir la recette du film à succès, il suit scrupuleusement les règles d'or du milieu : quelques poignées de nenfants, une pincée de sexe soft, une cuillère à café d'amour express, une louche d'actions pas chers, un spray d'effets spéciaux inutiles mais vendeurs, des animaux à foison, une giclée de dialogues coupés à la scie sauteuse, 23 cuillères à soupe d'humour baffiesque, un gramme de message philosophicoexistentiel trouvé dans Bonux. A cette mixture, il faut bien entendu ajouter quelques guests stars bien commerciales (ou bankables pour les initiés). Depardieu, Jamel, Bigard, Galabru et Chabat se prêtent au jeu, dans des rôles à contre emploi que je laisse découvrir aux tits curieux (ceux de Djamel et Chabat valent à eux seuls le coup d'oeil ^^).

La recherche des clés de bagnole est un patchwork de saynètes/sketchs (assemblés avec plus ou moins de bonheur) qui sont souvent de multiples références à des films ou au monde du cinéma. Le concept même du film dans le film avec son analyse baffiesque de la réalisation, de l'inspiration, du cinéma était intéressant. Problème majeur : le film manque souvent de rythme et s'essouffle par moments, ne supportant plus sa faiblesse scénaristique de base. De même, les répétitives coupures de "l'histoire" par un microtrottoir (où Baffie demande l'avis des passants) ne sont pas toujours très drôles, ni pertinentes, bien que l'idée soit sympatoche.
Néanmoins, pour les fans de Baffie, le film est le portrait craché de son père : caustique, absurde, moqueur, zoophile jusqu'au bout des griffes, amoureux du cinéma, amusant voire divertissant. L'imagination cinglante de Baffie se retrouve particulièrement dans des scènes remarquables d'ingéniosité et de trouvailles (la scène de la boutique d'animaux, la séparation entre Baffie et son chien, la course de voiture pas cher).

Piètre acteur mais pitre cathodique pas très catholique dans le sacro-saint monde du cinéma, Baffie propose une autre idée du cinéma. L'apôtre du "nawak" assène une première claque avec un film inclassable qui risque d'avoir du mal à trouver son public.
Mais pour une fois qu'on nous propose au menu un bon navet autoproclamé, sans se prendre au sérieux...