8/10Dans la peau de John Malkovich

/ Critique - écrit par Filipe, le 24/02/2002
Notre verdict : 8/10 - Dans la peau d'un autre (Fiche technique)

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Dans la peau d'un autre

Craig Schwartz, marionnettiste méconnu du public, vit misérablement aux côtés de sa compagne Lotte et de ses nombreux animaux de compagnie. Alors il décide de se tourner vers autre chose : un emploi de trieur dans un étonnant complexe, où le septième et le huitième étage sont séparés par un autre étage. Il y fait la connaissance de Maxime, une séduisante jeune femme dont le charme ne le laisse pas indifférent.

Puis vient le jour où Craig découvre, dans un mur de son bureau, masqué par un meuble de rangement, un étrange couloir secret qui ne semble pas avoir de fin...

N'en disons pas davantage, car la découverte que va faire Craig est la clé d'un des films les plus troublants de l'Histoire du Septième Art.

Certes il y a des personnages simples : on découvre Craig, le marionnettiste sans avenir, un homme abattu par la routine et les ennuis financiers, visiblement mécontent de ce que lui a réservé le Destin. Auprès de sa fiancée, Lotte, il mène une existence sans surprise. Craig va cependant voir ses jours renaître grâce à la troublante Maxime, sa nouvelle collègue de travail, une femme fatale, débordante de grâce et de malice.

Mais Dans la peau de John Malkovich, c'est surtout une stupéfiante réflexion sur la condition humaine, les limites du conscient et les mystères du subconscient. Charlie Kaufman, qui a écrit le film, et Spike Jonze, celui qui l'a réalisé, ont tenté de savoir ce qui fait la personnalité d'un être humain, ce qui la caractérise et lui permet d'évoluer.

On distingue les prémices d'une réflexion sur la célébrité et la reconnaissance, l'amour, bien entendu, et aussi ce qui rend une personne attrayante ou non aux yeux des autres. C'est avec étonnement que nous voyons être mis en parallèle le travail du marionnettiste, qui créé un univers illusoire et donne des caractères à des objets, le travail de l'acteur, qui compose en s'amusant à entrer dans la peau des autres, et ce qui fait l'essence d'un homme et ce qu'il dégage de façon naturelle ou illusoire.

Dans la peau de John Malkovich, c'est un film hilarant mais réfléchi, déjanté mais maîtrisé, limpide mais obscur. "Hilarant" de par les nombreuses situations cocasses dans lesquelles se retrouvent tous les personnages. "Réfléchi" parce que ce qui est dit n'est pas dit pour être simplement dit. "Déjanté" parce que le monde dans lequel évoluent les acteurs est simplement bouleversant d'originalité, et ses concepteurs, étonnants de créativité. "Maîtrisé", parce qu'il n'y a pas de ralentissements, pas de scènes inutiles, pas de parole ni de geste sans conséquence. "Limpide" parce que la compréhension de ce film est naturellement à la portée de tous. "Obscur" parce que quelques minutes après avoir éteint sa télévision, on se demande ce qui se cache vraiment Dans la peau de John Malkovich.

A voir aussi pour les acteurs : John Cusack omniprésent sous les traits de Craig, Cameron Diaz méconnaissable en Lotte, Catherine Keener d'une inquiétante beauté en Maxime, Orson Bean dans le rôle de l'étrange Dr. Lester, Charlie Sheen et enfin -et surtout- John Malkovich dans son propre rôle. A noter les brèves apparitions de Brad Pitt, Sean Penn, Dustin Hoffman et d'autres stars hollywoodiennes.