7.5/10Les Châtiments

/ Critique - écrit par riffhifi, le 20/04/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Y a-t-il un exorciste dans la salle ? (Fiche technique)

Y a-t-il un exorciste dans la salle ?

Vous aussi, vous avez vu les affiches de ce film dans le métro ou sur les bords d'un bus, et peut-être que comme moi, vous avez cru à une variante du nanar d'aventures horrifique, façon Van Helsing ou Underworld. Vous avez cru que vous verriez Hilary Swank balancer des tartes à quelque créature démoniaque pendant que son sidekick afro-américain obligatoire débiterait des vannes. Si c'est le cas, vous vous êtes gourés autant que moi, car les Châtiments ressemble bien plutôt aux films de possession démoniaque des années 70, dont le chef de file est l'Exorciste.

Katherine Winter (Swank) a perdu la foi au Soudan, en même temps que son mari et sa petite fille sauvagement assassinés au nom d'un cérémonial religieux. Désormais, elle parcourt le monde dans le but de trouver une explication scientifiques aux miracles et autres phénomènes soi-disant divins. C'est pourquoi ce petit village américain de bouseux ultra-pratiquants lui demande d'expliquer la raison pour laquelle leur marais s'est changé en rivière de sang... Y aurait-il un rapport avec cette fille de 13 ans que l'on dit possédée par le diable ?

Il y a des réalisateurs dont le nom n'évoque rien, car leur carrière est trop hétéroclite et irrégulière pour qu'on puisse songer sérieusement à l'analyser. C'est le cas de Stephen Hopkins, qui fait ses premiers pas avec Freddy 5 en 1989, puis réalise entre autres Predator 2 (bof), Blown Away (un très bon « film d'explosions »), Lost in Space (un classique du nanar) et « Moi, Peter Sellers » (une biographie vraiment intéressante de l'acteur). Il participe également à la création de la série 24 heures chrono, dont il réalise la majeure partie de la première saison.
Aujourd'hui, il livre un film d'épouvante totalement à rebours des codes actuels (réalisme DV ou distanciation parodique à la Scream) : les Châtiments évoque directement les classiques d'il y a trente ans : l'Exorciste donc, mais aussi La Malédiction (l'original, pas le honteux remake de l'an dernier) ou encore, dans une moindre mesure, Rosemary's Baby. De ces films, on ne retrouve pas seulement l'intrigue, mais également le ton angoissé, le goût de fin du monde, et jusqu'à la teinte jaunie de l'image, esthétisante mais maladive. Il n'est pas question ici de tourner en dérision le sujet, même si on navigue délibérément en pleine série B : le spectateur a droit à ses artifices obligatoires de film d'horreur (le gros coup de musique qui fout la flippe) et le côté fantastique du film l'emporte heureusement sur un quelconque discours religieux. Dès le début, nul doute n'est laissé sur le caractère surnaturel des évènements, que le personnage d'Hilary Swank s'efforcera en vain de réfuter à coups d'arguments scientifiques. Ses efforts seront progressivement balayés par la montée en intensité des évènements : les dix plaies d'Egypte, traitées de façon un peu irrégulière mais parfois vraiment épique - mention spéciale à l'attaque des sauterelles, véritablement fabuleuse.

Bon, soyons honnête, le rythme connaît quelques baisses de régimes, et le mystère qui anime l'intrigue débouche sur quelques révélations qui risquent de faire ricaner - un problème inhérent à tous ces films qui traitent du divin sur le mode de la fiction à suspense. Mais pour peu qu'on apprécie ce type de cinéma, les Châtiments est un hommage salutaire aux classiques, traversé de vrais moments de souffle épique.